14-juillet : pourquoi les chars ne sont-ils pas de la même couleur que d’habitude ?

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Didier François, édité par Manon Bernard , modifié à
Nouvelles puissances agressives, complexification des conflits armées et stratégie de communication, la guerre change. Et le défilé du 14-juillet aussi. À l’image des véhicules blindés : ils ont abandonné la couleur camouflage pour du marron foncé. Le spécialiste de l’armée d'Europe 1 Didier François analyse les nouveaux défis de la défense française.  
DÉCRYPTAGE

Les militaires défilaient en grande pompe mercredi matin, jour de la fête nationale, sur les Champs-Elysées. Au second plan, une image inhabituelle frappe : les chars ne sont pas ornés de la traditionnelle couleur camouflage. Cette ancienne génération de blindée a laissé place à des véhicules militaires revêtus de marron foncé. Pourquoi ce changement ? Le spécialiste des questions de défense d’Europe 1 Didier François vous répond.

Un marron "terre de France" pour éviter d’être repéré

Il n’y a jamais de hasard dans l’armée. Si les chars changent de couleur, c’est pour une bonne raison. Depuis 1991, les véhicules blindés de l’armée française étaient peints dans une couleur nommée camouflage. Un peu de vert, de noir et de marron : un combo aux allures très guerrières.

Récemment, des études sur la visibilité des engins ont été menées par l’armée de terre. Ce marron terne baptisé "terre de France", nouvelle teinte des blindés, est une astuce pour être moins identifiable. Il faut 16% de temps en plus pour le détecter à l'œil nu. Et c’est encore plus difficile de le repérer pour les appareils à infrarouge, les jumelles vision nocturne ou bien les caméras thermiques. Un avantage non négligeable dans les champs de bataille moderne où les combats se font souvent à distance.

Et le coup de jeune des véhicules de l’armée ne s’arrête pas là. Les équipes techniques travaillent sur des nouvelles petites taches, de couleurs différentes, à ajouter sur les chars en fonction de l’endroit où ils se trouvent. Typiquement, du blanc si l’endroit est enneigé.

De nouvelles puissances belliqueuses

À l’image de ces véhicules blindés nouvelle génération, le maître mot de ce défilé était clairement la modernité. Pour deux raisons simples : la complexification des conflits et la montée en puissance de pays plus agressifs. L’Iran, la Turquie, la Chine ou encore la Russie n’hésitent pas à recourir à la force. Le général Burkhard va prendre la succession du général Lecointre le 21 juillet prochain dans un moment où la lutte antiterroriste n’est plus le seul défi.

Comment dissuader ces nouvelles puissances d'employer la force ? C’est justement l’objet de ce défilé du 14 juillet. D’habitude, les troupes combattantes sont celles qui sont le plus mises à l’honneur. Cette année, on a pu voir l’artillerie sol-air, par exemple. Elle est utile face à ennemis qui ont des avions, à la différence des terroristes au Mali. Le service des munitions ou encore de l’essence étaient également présents. 

La guerre des étoiles

L’avenir de l’armée, c’est également le commandement de l’espace intégré désormais au commandement de l’armée de l’air. Il a défilé pour la première fois mercredi matin sur les Champs-Elysées. Créé en septembre 2019 pour une mise en service en 2025, ce service va prendre de l’ampleur. Pourquoi ? Tout simplement car sans communication, il n’y a pas de guerre. Et ces dernières passent par des satellites. Le guidage des bombes, obus ou missiles se doit d’être extrêmement précis.

De plus en plus de pays montent en puissance sur ce point. En 2017, la Russie avait fait approcher un satellite espion à côté d'un des satellites français pour essayer de le pirater ou de le détruire. Une opération qui compromettrait nos capacités opérationnelles sur le terrain.