Agnès Pannier-Runacher était l'invitée d'Europe 1. 3:03
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La politique européenne en matière de vaccination a été vivement critiquée ces dernières semaines, notamment sur les lenteurs de production et d’acheminement. "Ce que nous payons, en particulier en France, c’est 30 ans de désindustrialisation", a reconnu la ministre Agnès Pannier-Runacher mardi, dans l’émission "La France Bouge" sur Europe 1. 
INTERVIEW

Pendant que les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou encore Israël vaccinent à tour de bras, l’Europe accélère la cadence pour rattraper son retard. Depuis plusieurs semaines, des voix s’élèvent pour critiquer la politique européenne en matière de vaccination, notamment pour pointer du doigt des lenteurs de fabrication et de production. Un constat qu’a également fait Agnès Pannier-Runacher, mardi dans l’émission La France Bouge sur Europe 1. "Ce que nous payons, en particulier en France, c’est 30 ans de désindustrialisation. On a divisé par deux notre part de production pharmaceutique entre 2005 et 2015", a déploré la ministre déléguée auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l'Industrie. 

"L’Europe a besoin d’une politique de santé beaucoup plus ambitieuse"

La ministre a notamment fait la comparaison avec les Etats-Unis, qui ont investi très tôt dans le développement d’un vaccin. "Les Etats-Unis se sont engagés à financer très tôt la recherche et développement. L’Europe n’a pas l'équivalent de la Barda (l’autorité de recherche et développement en biomédical aux Etats-Unis, ndlr), un organisme public qui finance l’innovation et l’industrialisation et qui a investi plus de 10 milliards d’euros", cite-t-elle comme exemple.  

"Emmanuel Macron souhaitait créer cet instrument en 2019 pour la nouvelle mandature de la Commission européenne. On avait la prescience qu’il nous manquait cet instrument au niveau européen", a-t-elle poursuivi. Agnès Pannier-Runacher a également poussé pour une politique plus ambitieuse au niveau européen en matière de santé. "La Commission européenne n’a pas la main sur la politique de la santé. Les 27 pays européens ont besoin d’une politique de santé beaucoup plus ambitieuse qu’avant."

"Nous sommes en mesure de respecter le calendrier de vaccination" 

La ministre a expliqué les différents retards de livraisons de vaccins, que ce soit Pfizer ou AstraZeneca, par la "complexité" du "processus d’industrialisation". "On ne peut pas passer simplement d’une production de laboratoire à une production en millions d’unités. C’est vrai qu’AstraZeneca peine à atteindre les rendements attendus. À chaque lot de production, ils reviennent en nous disant pour chaque lot s’ils peuvent tout nous livrer ou non", avoue-t-elle. 

La ministre se veut tout de même rassurante sur les prochaines livraisons. "2,5 millions de doses seront reçues en février, donc je suis confiante sur le fait qu’on aura 4,6 millions de doses livrées en France en février et en mars", estime la ministre. "Nous sommes en mesure de respecter le calendrier de vaccination. Nous avons fait 50% de vaccinations de plus que prévu en janvier (1,5 million). Nous aurons des aléas, des bonnes et des moins bonnes nouvelles au fur et à mesure du processus de production", a-t-elle conclu.