Vaccin de Pfizer et BioNtech contre le coronavirus : pourquoi il ne faut pas se réjouir trop vite
Si l'annonce par Pfizer et BioNtech que leur projet de vaccin apporte une preuve d'efficacité à "90%" est une nouvelle encourageante, de nombreuses questions restent encore en suspens. Parmi elles : la production du vaccin, qui devrait faire l'objet d'une féroce compétition, ainsi que celle de sa conservation.
La nouvelle a provoqué un regain d'espoir, alors que la pandémie de coronavirus continue de semer la mort tout autour du monde. Lundi, les groupes pharmaceutiques Pfizer et BioNtech ont annoncé que leur projet de vaccin apportait une preuve d'efficacité à "90%" . Des résultats provenant de la première analyse intermédiaire de leur essai de phase 3 à grande échelle, la dernière avant une demande d'homologation. Mais si cette annonce représente une avancée incontestable dans la recherche, il est encore bien trop tôt pour crier victoire. De nombreuses questions restent encore en suspens, aussi bien concernant la production que le défi logistique que devrait représenter sa conservation.
"La route jusqu'à l'homologation et la production n'est pas un long fleuve tranquille", souligne ainsi sur Europe 1 Frédéric Bizard, économiste et expert des questions de protection sociale et de santé, rappelant notamment qu'il y aura "des facteurs limitants très importants", concernant par exemple la matière première du vaccin, "dans les enzymes qui vont être utilisées". Aussi, "des ruptures de stock sont assez largement prévisibles", prévient-il.
"Il n'y en aura peut-être pas assez pour tout le monde"
Frédéric Bizard met en garde contre "ce goulot d'étranglement de la production", et ajoute que "les annonces de Pfizer d'1,3 milliards de doses sont très optimistes". Et l'économiste de poursuivre : "Quand la France aura-t-elle les premières doses ? Malheureusement, quand vous n'êtes ni inventeur ni producteur, vous avez beaucoup de chances de passer après les autres, d'autant plus que les Américains ont fait des pré-commandes extrêmement importantes".
"Il n'y en aura peut-être pas assez pour tout le monde", abonde Eve Roger, chef du service société d'Europe 1, qui pointe aussi la question de la préservation du vaccin, et des défis logistiques qu'elle pose.
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Le problème de la conservation du vaccin
Car un autre paramètre à prendre en compte est celui de la conservation du vaccin, pour lequel "il faut des super congélateurs", rappelle Frédéric Bizard. Le vaccin développé par Pfizer et BioNTech est en effet basé sur une technologie innovante consistant à injecter dans l'organisme des brins d'instructions génétiques appelées "ARN messager", qui dictent à nos cellules ce qu'il faut fabriquer pour lutter contre le coronavirus. Or, ces vaccins à ARN messager doivent être conservés à très basse température (-70 degrés Celsius pour celui de Pfizer/BioNTech). A noter toutefois que BioNTech a assuré mardi qu'une fois sorti des congélateurs spéciaux à très basse température où il devait être entreposé, le vaccin pouvait être conservé pendant cinq jours dans un réfrigérateur classique, entre 2 et 8°C.
Toutes ces questions, auxquelles il faut ajouter celles de la durée de la protection et de l'efficacité du vaccin chez les sujets à risque, font qu'il va falloir sûrement attendre de longs mois avant de pouvoir être vacciné. "A mon avis, il sera généralisé début 2022", indique Frédéric Bizard.