Pandémie : l'OMS met en garde contre une levée trop large des restrictions sanitaires

L'OMS appelle à la prudence.
L'OMS appelle à la prudence. © Fabrice COFFRINI / AFP
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avec AFP
"J'appelle à la plus extrême prudence en ce qui concerne la levée totale des restrictions sanitaires et sociales en ce moment, parce que cela aura des conséquences", a déclaré mercredi le docteur Mike Ryan, en charge des urgences sanitaires à l'OMS. Il appelle à "ne pas effacer les progrès". 

L'OMS a mis en garde mercredi contre une levée trop large des restrictions sanitaires mises en place pour tenter de juguler la pandémie de Covid-19, y compris dans des pays avec un taux de vaccination élevé.

"J'appelle à la plus extrême prudence en ce qui concerne la levée totale des restrictions sanitaires et sociales en ce moment, parce que cela aura des conséquences", a déclaré le docteur Mike Ryan, en charge des urgences sanitaires à l'OMS, au cours d'une conférence de presse, où on l'interrogeait sur le projet des autorités britanniques de lever les dernières restrictions liées au virus le 19 juillet. "Cette idée que tout le monde est protégé et qu'on chante 'Kumbaya' et que tout va redevenir normal est une hypothèse très dangereuse où que ce soit dans le monde", a-t-il martelé.

"Ne pas effacer les progrès"

Le Dr Ryan a bien souligné qu'il refusait de désigner des pays individuels mais estime que "cette hypothèse est dangereuse même en Europe". "Je demande aux gouvernements d'être vraiment prudents pour ne pas effacer les progrès que nous avons faits et d'ouvrir avec prudence", a-t-il dit agitant le spectre des heures les plus noires, où les hôpitaux débordaient et les soignants étaient épuisés.

"Assumer que le taux d'infection ne va pas augmenter à cause des vaccins est une erreur", a encore souligné, le docteur irlandais, évoquant le taux de vaccination insuffisant ou le fait que l'on ne sait pas encore si une personne vaccinée peut transmettre la maladie.

La frustration des dirigeants de l'OMS, qui croît avec chaque nouvelle vague qui s'annonce et l'impression de répéter toujours les mêmes choses en termes de précautions sanitaires et de responsabilité individuelle, se fait de plus en plus palpable publiquement. Maria van Kerkhove, en charge de coordonner la lutte contre le Covid-19 à l'OMS, avait récemment reconnu qu'elle sonnait comme "un disque rayé" à force de répéter que le virus peut-être battu en tirant les leçons du passé et en utilisant l'ensemble de la boîte à outil épidémiologique à disposition.

Mercredi, elle a souligné qu'il y a "plus de deux douzaines de pays qui ont des courbes épidémiques qui sont presque verticales".

"Trop de pays connaissent une forte augmentation des cas"

Le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a annoncé que le nombre de morts officiellement répertorié avait dépassé la barre des 4 millions ce mercredi, s'est indigné de ce que "certains pays ayant une couverture vaccinale élevée prévoient maintenant de procéder à des rappels dans les mois à venir et abandonnent les mesures sociales de santé publique et se détendent comme si la pandémie était déjà terminée". 

 

"Cependant, en raison de l'évolution rapide des variants et de l'inégalité choquante en matière de vaccination, beaucoup trop de pays dans toutes les régions du monde connaissent une forte augmentation des cas et des hospitalisations", a-t-il ajouté.

Ce nationalisme vaccinal, qui a vu les pays riches s'accaparer l'essentiel des doses de vaccins anti-Covid, est "moralement indéfendable et inefficace du point de vue de la santé publique contre un virus respiratoire qui mute rapidement et qui parvient à passer d'humain en humain de plus en plus efficacement".

"A ce stade de la pandémie, le fait que des millions de personnels soignants n'aient toujours pas été vaccinés est odieux", a-t-il aussi dénoncé lors du même point de presse.