Les gestes barrières, utiles aussi pour réduire la consommation d'antibiotiques

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Jimmy Mohamed
Grâce aux gestes barrières, largement utilisés en raison de l’épidémie de coronavirus, de nombreuses maladies ne circulent plus, ou très peu, en France. Une excellente nouvelle, car moins d’antibiotiques sont prescrits, analyse le Dr Jimmy Mohamed, le consultant santé d’Europe 1.

C’est l’un des paradoxes de l’épidémie de coronavirus. Grâce à elle, les Français tombent moins malades car ils utilisent massivement les gestes barrières, qui sont autant de frein à la propagation d’autre maladie que le Covid-19. Et ça, selon le Dr Jimmy Mohamed, consultant santé d’Europe 1, c’est une excellente nouvelle dans la lutte contre l’antibiorésistance, ce phénomène qui entraine une moindre efficience des antibiotiques, trop souvent prescrits par les médecins et consommés par les patients.

"Tout d'abord, il faut rappeler que les antibiotiques ont sauvé des millions de vies au travers d’infections qu'on peut désormais traiter, qui était incurables à l'époque, comme une pneumonie, la tuberculose ou une septicémie. Ces antibiotiques ont été découverts en 1928 par Alexander Fleming, mais il a fallu attendre les années 1940 avant d'avoir une industrialisation des antibiotiques. Tout cela pour faire comprendre que c'est assez récent, alors qu'à l'échelle de l'humanité, les bactéries sont là depuis des millions d'années.

Moins d'infections virales, moins de prescriptions d'antibiotiques

À mesure qu'on traite les infections avec des antibiotiques, les bactéries qu'on cherche à détruire vont devenir de plus en plus résistantes. Car quand vous mettez de la pénicilline, par exemple, vous allez tuer 99,9% des bactéries. Il va donc toujours rester un petit fragment et ce petit fragment va devenir résistant. Il va créer des mécanismes pour s'adapter et résister à ces antibiotiques.

Or, ce qui se passe dans la vraie vie, c'est que ces antibiotiques sont prescrits en médecine de ville, quand vous allez voir votre médecin généraliste pour une rhinopharyngite, une bronchite, une gastro ou même la grippe. Or, avec les gestes barrières, toutes ces infections virales, on ne les voit plus. Il n'y a plus de grippe, il n'y a plus de bronchite, il n'y a plus d'infection classique en dehors du Covid. Et donc, avec ces gestes barrières, le fait de se laver les mains, d'être à distance, de mettre un masque, ça va faire qu'on aura moins d'infections virales et donc moins de prescriptions d'antibiotiques.

Les antibiotiques ne servent à rien contre le coronavirus

Il faut se souvenir que le Covid est une infection virale et que sur un virus, un antibiotique ne marche pas. Alors ce qu'on a observé, c'est que les patients qui arrivaient aux urgences pour des Covid un peu sévères étaient tous mis par leur médecin sous antibiotiques, notamment l’Azithromycine. Cet antibiotique avait été proposé par le professeur Raoult dans son protocole et par conséquent beaucoup ont prescrit de l’Azithromycine à tort. Donc, on va peut-être créer des résistances en faisant ça.

Je peux comprendre les patients. Quand vous avez cette infection, de vouloir avoir un traitement, on ne peut pas vous en vouloir. Et on peut aussi comprendre les médecins de vouloir proposer un traitement, car nous n'avons pas de traitement de référence pour le Covid. Mais ça ne sert strictement à rien. Même chose quand vous avez une bronchite. Ce n'est pas parce que ça tombe sur les bronches qu'il faut prescrire des antibiotiques. D'une façon générale, ce que vous devez retenir c'est qu'une infection virale respiratoire évitée, c'est un antibiotique qui est préservé."