Axel Kahn était l'invité d'Europe 1, jeudi matin (photo d'archives). 4:51
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Margaux Lannuzel , modifié à
Invité de la matinale d'Europe 1, jeudi, le généticien Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, a pointé les "conséquences considérables" que la crise du coronavirus aura selon lui sur la prise en charge des malades du cancer, dont beaucoup n'ont pas été dépistés en 2020. 
INTERVIEW

C'est la première cause de mortalité chez l'homme et la deuxième chez la femme : 400.000 nouveaux cas de cancers sont détectés en France chaque année. Pour mieux lutter contre cette maladie, qui fait 157.000 morts par an, Emmanuel Macron présente jeudi sa stratégie pour les dix prochaines années. Invité de la matinale d'Europe 1, le généticien Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, liste les chantiers prioritaires à ses yeux en la matière. Et tire la sonnette d'alarme quant à la crise sanitaire du Covid-19, qui a entraîné une chute de la détection des cancers. 

Des pathologies non traitées à temps pendant la crise sanitaire

"Il y a eu un recul de 23% des diagnostics de cancers en 2020, ce qui veut dire que pratiquement 100.000 cancers n'ont pas été diagnostiqués", selon Axel Kahn, qui dénonce un fardeau "insupportable" pour les personnes concernées, dont les pathologies "n'ont pas pu être traitées à temps". "Les conséquences en termes de vies perdues sont considérables", prévient-il. 

Selon le généticien, "il y a des milliers de malades atteints de cancer qui mourront dans les cinq ans de leur cancer parce que, en effet, leur maladie n'a pas été détectée et traitée de manière optimale durant cette période". 

"Plus un cancer est détecté tôt, plus il est guéri efficacement"

Améliorer le dépistage, quel que soit le contexte, c'est donc l'un des axes à développer d'après Axel Kahn, qui rappelle que "plus un cancer est détecté tôt, plus il guéri efficacement". Et de citer les campagnes de dépistage du cancer du sein, suivies par environ 55% des Françaises - "c'est en général nettement mieux dans d'autres pays" -, mais aussi du cancer colorectal, "guéri dans l'immense majorité des cas quand il est pris très tôt". 

Le spécialiste fixe deux autres objectifs prioritaires. D'abord la prévention, notamment des 160.000 cancers qui "dépendent de pratiques de la vie quotidienne", comme le tabac, l'alcool, la malbouffe ou l'obésité. Mais aussi la recherche, "pour les cancers les plus difficiles aujourd'hui à juguler, et aussi pour l'accompagnement des personnes malades afin qu'elles guérissent non seulement de leur cancer, mais également de cette maladie sociale, exclusion sociale qui accompagne souvent le cancer."