44.000 personnes ont contracté le Covid-19 à l'hôpital (photo d'illustration). 2:23
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Victor Dhollande, édité par Margaux Lannuzel
Alors que les remontées de terrain font état d'une faible proportion de vaccination contre le Covid-19 chez les soignants des hôpitaux, le virus circule beaucoup dans les établissements de santé, où il est devenu la première maladie nosocomiale. Des professionnels réclament désormais une vaccination obligatoire pour tout le personnel médical. 
DÉCRYPTAGE

C'est une nouvelle qui laisse augurer une accélération de la campagne de vaccination contre le Covid-19 : la Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé, mardi, d'élargir l'autorisation du vaccin AstraZeneca aux plus de 65 ans. Alors que seuls trois millions de Français ont reçu au moins une dose du vaccin contre la maladie à ce stade, le gouvernement table sur un objectif de six millions à la fin du mois de mars. Pour cela, les autorités doivent gérer un problème : celui de l'hôpital, où les remontées de terrain font état d'une faible vaccination.

Les hospitaliers ont "les mêmes craintes" que le reste des Français

Les résultats précis d’une étude de Santé publique France au niveau national sont attendus. Mais on sait d'ores et déjà que la tendance n’est pas très encourageante. Seuls 34% des soignants des hôpitaux de Paris se sont par exemple fait vacciner à ce jour. "Nos frigos sont remplis de vaccins, c’est une catastrophe", confie aussi un chef de service d’un hôpital à Marseille.

"Le principal argument, c'est le manque de recul par rapport au vaccin.", témoigne Antoine, aide-soignant dans un hôpital de la capitale, et dont aucun collègue n'a voulu se faire vacciner. "Il faut comprendre que les hospitaliers sont à l'image de l'ensemble de la population. Ils ont les mêmes craintes." Un argument irrecevable pour de très nombreux spécialistes de santé publique, qui rappellent que 100 millions de personnes dans le monde ont déjà été vaccinées sans qu’on ait pu observer d’effets secondaires graves.

44.000 personnes ont contracté le Covid-19 à l'hôpital

Or, ce faible engouement des soignants pour la vaccination a une conséquence grave : on attrape de plus en plus le Covid-19 à l’hôpital - il est même devenu la première maladie nosocomiale. Depuis le début de l’épidémie, 44.000 personnes ont contracté le virus en milieu hospitalier. Et dans un tiers des cas, c’est un personnel de santé qui est à l’origine de la contamination. 

Vers une vaccination obligatoire pour les soignants ? 

"On vient à l'hôpital pour se faire enlever la vésicule biliaire et on va en réanimation avec le Covid, ce n'est pas tout à fait normal", s'insurge François Chast, président honoraire de l’Académie de pharmacie. "Cette situation ne peut plus durer, ce vaccin est efficace. Il est bien toléré. Donc, nous avons un devoir aujourd'hui, c'est non pas d'inciter, mais d'obliger tous les hospitaliers, tous les soignants, mais aussi les médecins en ville aussi, bien sûr, à se faire vacciner", exhorte-t-il. "Parce que c'est le seul moyen de réduire, voire d'éradiquer la maladie en quelques mois." 

Le professionnel est loin d’être seul à demander au gouvernement de rendre obligatoire la vaccination pour les soignants. Avec un argument qu’ils répètent tous : "Quand ils sont recrutés, les personnels de santé ne se posent jamais la question de l’obligation de vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la polio, le BCG et l’hépatite B. Il ne faut donc plus se poser la question pour les vaccins contre le Covid."