Test Covid Coronavirus PCR Antigénique santé 3:27
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Anne Le Gall et Anaïs Cordoba, édité par , modifié à
Le ministre de la Santé a détaillé jeudi soir les moyens que les autorités sanitaires comptaient mettre en œuvre pour traquer le variant britannique du coronavirus, contre lequel l'OMS ne cesse d'alerter. Outre-Manche, ce variant fait des ravages dans les hôpitaux, au point de faire craindre une troisième vague plus meurtrière que la première.
DÉCRYPTAGE

En Europe, l'inquiétude monte sur ce que l'on a appelé le mutant du Covid-19, à savoir le variant britannique qui se répand bien plus rapidement que la souche connue jusqu'alors. "Sans un contrôle accru pour ralentir sa propagation, il y aura un impact plus fort sur les établissements de santé déjà sous pression", a prévenu Hans Kluge, directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé. "Ce moment représente un point de bascule dans le cours de la pandémie où la science, la politique, la technologie et les valeurs doivent former un front uni afin de repousser ce virus persistant et insaisissable." 

En France, le gouvernement prend la menace des virus mutants britannique (mais aussi sud-africain) du coronavirus très au sérieux : toute personne venant de ces pays devra continuer à présenter un test négatif datant de moins de 72 heures avant de venir en France. Pour l'heure, 19 cas de variant britannique et 3 cas de variant sud-africain ont été repérés sur notre territoire. Deux "clusters à risque" du variant britannique du coronavirus ont été détectés en France, en Bretagne et en Île-de-France, a annoncé Olivier Véran, jeudi soir. Et ce virus britannique est 40% à 70% plus contagieux que celui que nous connaissons.

Deux amplifications sur certains tests

Le ministre de la Santé a précisé la façon dont les autorités sanitaires comptent améliorer la traque de ce virus plus contagieux. Comme ces souches plus contagieuses circulent beaucoup chez les jeunes, le gouvernement veut d'abord surveiller de près les cas de contamination dans les écoles. Il veut organiser des dépistages massifs, mais aussi compléter les tests PCR "douteux" réalisés entre jeudi et vendredi par un séquençage génétique, ce qui permet de confirmer ou non la présence d'un virus mutant.

Quand Olivier Véran parle de tests "douteux", il fait référence à un type de test PCR qui existe sur le marché et qui ne réagit pas tout à fait comme les autres en présence du variant britannique. "Normalement, vous devez avoir trois amplifications, en gros trois lumières qui s'allument pour vous dire 'le virus est bien présent'. Quand il s'agit du variant anglais, il n'y a que deux lumières qui s'allument", explique le professeur Bruno Lina, virologue et membre du Conseil scientifique. Environ 30% des laboratoires français sont équipés de ce test du fabricant Thermo Fisher. Ils ne repèrent pour l'instant que les mutants britanniques, mais pourraient très bien être adaptés pour repérer les mutants sud-africains. 

"Bien pire que la première vague"

Car l'enjeu est extrêmement important : il s'agit d'éviter l'engorgement que connaissent les hôpitaux britanniques, submergés par les patients Covid. Là-bas, il y a actuellement 50% d'hospitalisations en plus qu'au moment du pic de la première vague. Dans l'unité de soins intensifs d'un hôpital londonien, les soignants sont "sur le pied de guerre", décrit le Daily Telegraph. Ils racontent l'épuisement, les larmes et la peur à la fin de chaque garde.

D'autres soignants s'expriment dans le Guardian : "Les patients sont plus jeunes. Ce que nous vivons est bien pire que la première vague." La presse relaie également les propos alarmants du directeur du Service de santé publique, qui indique qu'il faudra bientôt trouver des lits ailleurs, comme dans les hôpitaux de campagne montés de toutes pièces pendant la pandémie, ou en maison de retraite.