Coronavirus : toujours en première ligne, comment les soignants vivent-ils la 3e vague ?

Les soignants sont en première ligne depuis un an.
Les soignants sont en première ligne depuis un an. © Christophe ARCHAMBAULT / AFP
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, édité par Antoine Terrel , modifié à
Au front depuis un an, les soignants sont épuisés par l'épidémie de coronavirus qui n'en finit pas. Et s'ils se disent touchés par le soutien populaire de la première vague, ils déplorent le relâchement d'une partie de la population, et sont plutôt soulagés par la mise en place d'un nouveau confinement. 
REPORTAGE

En première ligne depuis un an et le début de l'épidémie de coronavirus, les soignants continuent chaque jour de prendre en charge des patients gravement atteints par le Covid-19. Mais alors que la pression hospitalière ne fait qu'augmenter depuis plusieurs semaines, ces personnels sont épuisés par les journées à rallonge et le manque d'effectifs. Et s'ils restent marqués par le soutien populaire lors de la première vague, ils regrettent aujourd'hui de voir leurs concitoyens moins vigilants face à la maladie.

Pour beaucoup de soignants, la lassitude s'explique par le sentiment de ne jamais voir le bout de cette crise sanitaire, comme l'explique Samia Kacer, cadre de santé dans le service réanimation de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. "On n'arrive plus à quitter le travail et à faire en sorte de s'aérer et de voir autre chose. On a l'impression qu'on est enfermé dans une espèce de boucle Covid. Boulot, dodo, boulot, dodo, boulot, dodo. Dans les médias, on entend 'Covid', quand on vient au travail, on a le Covid. On vit Covid tous les jours." 

Et alors que le gouvernement a annoncé le reconfinement de 16 départements, les soignants s'inquiètent car ils voient bien que les Français supportent de moins en moins les restrictions. Mais tout relâchement collectif a des conséquences sur la pression hospitalière. C'est pourquoi Samia Kacer lance un message aux Français, et leur demande de ne pas perdre espoir et de continuer à penser aux gestes barrières. "Des situations graves, on en a traversé et on en traversera d'autres. Mais il faut rester solidaire, et ces personnes qui nous ont applaudis à leurs balcons, qu'elles nous aident en se protégeant", déclare-t-elle. "Quand on se protège, on protège les autres. Cela nous évite d'avoir trop de patients et de ne pas pouvoir faire notre travail correctement. Rien que ça, ça nous aiderait énormément."

"On a été très touché par la mobilisation lors de la première vague"

Marqués par la grande vague de soutien des Français lors du premier confinement, les soignants savaient pourtant que ça ne durerait qu'un temps, à l'image de Thomas Debocq, infirmier en réanimation. "Lors de la première vague, on a été très touchés par la mobilisation. On avait des repas, on rentrait le soir, on était des héros. Mais après, on a bien compris qu'il fallait que la vie reprenne parce qu'il y a tout un pays qui s'est arrêté pendant un mois et demi. Aujourd'hui, ça ne nous manque pas. Ça a pu mettre un petit peu de lumière sur notre profession", explique-t-il. Et d'ajouter : "Ce qui nous a fait plaisir, c'est qu'au moins, le Français ne peut plus nier ce que c'est le métier d'infirmier, de médecin, d'aide-soignant, d'ASH, d'interne". 

Et même dans la vie quotidienne des soignants, cette crise a changé beaucoup de choses. "Les gens nous questionnent. Je suis parti à la banque pour faire un prêt immobilier et on en est venu à parler de notre vie. La directrice d'agence m'a demandé comment ça se passait à l'hôpital", raconte encore Thomas Debocq. "On a cette lumière qui nous fait vraiment du bien et qui nous fait tenir."

Des soignants plutôt favorables au confinement 

Pour Jean-Michel Constantin, chef du service réanimation de la Pitié-Salpêtrière, cette épidémie aura aussi permis de mettre en lumière le métier très spécifique des soignants en réanimation. "Avant la crise, 70% des Français ne savaient pas ce que c'était qu'un service de réanimation. Ils pensaient que c'était là qu'on se réveillait après l'anesthésie, et c'était assez difficile pour les gens qui travaillent en réa", se souvient-il. "Donc je comprends très bien que là, pour toutes les équipes qui ont enfin un métier qui est reconnu, ce sentiment de fierté les aide à tenir, même dans les moments les plus difficiles". 

Concernant les annonces gouvernementales, les personnels soignants sont plutôt satisfaits de la mise en place du reconfinement. Beaucoup la réclamaient depuis plusieurs semaines, car ils savent que c'est le seul moyen de mettre un gros coup de frein aux contaminations, et par conséquent aux entrées aussi en réanimation.