"La première vague nous fatigue énormément et on ne sait pas comment on va gérer la deuxième", témoigne une infirmière sur Europe 1 (photo d'illustration). 1:34
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Sophie Eychenne, édité par Ariel Guez , modifié à
Un mois après le début du confinement et alors que le nombre d’hospitalisations continue de baisser en France, le personnel hospitalier et soignant est toujours en première ligne et commence à regarder dans le rétro. "Il n’y avait rien de rationnel dans ce qu’on faisait, et on n’était pas prêts à ça", raconte au micro d'Europe 1 le chef du service des urgences de Mulhouse.

"On a peur d’affronter cette deuxième vague. La première nous fatigue énormément et on ne sait pas comment on va gérer la deuxième". Depuis cinq semaines, Alice, infirmière en unité Covid-19 à Paris, est sur le front. Comme tous les soignants depuis le début de la crise, elle ne compte pas son temps passé à l'hôpital et ses courtes nuits de quatre heures ne changent rien à ses journée de douze heures Après plus d'un mois de lutte contre le coronavirus, alors que l’épidémie semble avoir atteint son plateau, les soignants, héros de la nation applaudis tous les soirs, sont fatigués, mentalement et physiquement.

La fatigue et le stress, mais ne pas craquer

Le stress d'Alice, comme celui de ses collègues, est intense, mais aussi celui des patients et des familles. "Psychologiquement on est épuisés", raconte Alice, expliquant que des signes de fatigue et de faiblesse se font sentir. "On commence des fois à perdre patience, on a comme des palpitations dans les yeux, on a la paupière qui bat. C’est des signes comme ça.

Mais surtout, il ne faut pas craquer, martèle Alice… Car si le nombre d’hospitalisations continue de baisser, l’épidémie est toujours là. Invité jeudi d'Europe 1, le Professeur Philippe Gabriel Steg, ​chef du service de cardiologie à l'hôpital Bichat à Paris et coprésident du Comité de pilotage recherche Covid-19 de l'AP-HP, alertait sur la situation : "On est loin d'être sortis de l’auberge. S'il devait y avoir un rebond, on serait mort."

"Il n’y avait rien de rationnel dans ce qu’on faisait, et on n’était pas prêts à ça"

L’accalmie a tout de même permis aux soignants de souffler un peu, mais ils restent très marqués par tout ce qu'ils ont pu voir depuis début mars. "Ce qu’on vit aujourd'hui n’a plus rien à voir avec ce qu’on a vécu pendant cinq semaines", explique Marc Noizet, chef du service des urgences de Mulhouse. "Cette submersion était véritablement incroyable, notamment sur les patients graves qu’on a intubé", affirme-t-il, racontant que parfois, jusqu'à 20 patients pouvaient être intubés pour la même pathologie dans la même journée.

"C’était quelque chose d’inimaginable", témoigne-t-il au micro d'Europe 1. "Il n’y avait rien de rationnel dans ce qu’on faisait, et on n’était pas prêts à ça". Marc Noizet l’assure, il y aura forcément un contre-coup avec des doutes. Et sans doute une question, explique-t-il : "est-ce qu’on a fait tout ce qu’il fallait pour ces patients ?"