Plusieurs Ehpad ont été très durement touchés par l'épidémie de coronavirus. 4:50
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Pauline Jacot, avec
Vingt décès dans un Ehpad des Vosges, seize dans celui de la fondation Rothschild à Paris… Les établissements pour personnes âgées dépendantes payent les conséquences de leur confinement face au coronavirus, estime le médecin urgentiste Patrick Pelloux sur Europe 1.

Soignants débordés et parfois contaminés, protections insuffisantes, dépistage incomplet… et morts par dizaines. En pleine épidémie meurtrière de coronavirus, la situation se dégrade rapidement dans les établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Comme l'explique sur Europe 1 le président de l'Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, ces morts sont "la conséquence" du confinement choisi pour ces établissements.

 

Mardi après-midi, Le Parisien a révélé le décès de seize résidents de l'Ehpad de la fondation Rothschild dans le 12e arrondissement de Paris. La plupart des victimes étaient âgées de plus de 90 ans et étaient atteints de pathologies extrêmement lourdes, explique le journal, alors que la direction évoque "une situation extrêmement dure". À Saint-Dizier, en Haute-Marne, treize résidents sont morts, la plupart du coronavirus.

"En plein dans la vague"

"Le virus est dangereux et nous sommes en plein dans la vague", constate Patrick Pelloux. Lundi, c'est la nouvelle de 20 morts dans un Ehpad de Cornimont, dans les Vosges, qui a alerté l'opinion publique sur la situation dramatique vécue par les aînés. "Il faut saluer le travail des directions de ces Ehpad et les personnels qui y travaillent parce que ce n'est pas facile", insiste l'urgentiste.

 

 

Mais quelle est la cause de ces nombreux décès, alors que les personnes âgées en Ehpad sont souvent protégées du reste de la population, et donc en théorie de la propagation du virus ? Selon Patrick Pelloux, cela s'explique "parce qu'on a choisi une politique de confinement des personnes âgées dans les Ehpad, pour les soigner et ne pas qu'elles soient contaminées et contaminantes à l'hôpital. Le problème, c'est que ça a des conséquences."

Les questions demeurent néanmoins : "On ne sait pas pourquoi c'est arrivé là, j'espère que ça ne vient pas de Mulhouse", se demande le frère d'une victime de l'Ehpad de Cornimont, dans les Vosges, alors que l'un des premiers clusters français était situés dans le Haut-Rhin voisin. "Ça se peut, ça fait sûrement assez longtemps que le virus est là."

Deux problèmes dans les Ehpad

Face à l'épidémie, deux problèmes se posent pour les Ehpad : d'abord, le fait que les tests ne sont pas systématiques dans ces établissements. Dans l'Ehpad vosgien, sur les 20 personnes décédées, seules quatre avaient été testées positives. Mais le problème vient aussi des risques importés par les soignants : à l'Ehpad de la fondation Rothschild, quatre personnels ont été diagnostiqués positifs au Covid-19. "Le personnel est le premier touché", déplore Patrick Pelloux. "Les médecins sont en première ligne, le virus passe et contamine les soignants."

 

Pour l'heure, et afin d'éviter une hécatombe nationale dans les Ehpad, les agences régionales de santé sont en train d'essayer d'avoir une idée précise de la situation, en récoltant les données parmi les différents établissements présents sur leur territoire.