Faut-il laisser les jeunes faire la fête et se contaminer ? Les médecins ne sont pas tous d'accord. 1:44
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Pierre Herbulot, édité Guilhem Dedoyard , modifié à
Dans les colonnes du journal "Le Parisien", le professeur Eric Caumes a proposé de laisser les jeunes se contaminer entre eux pour renforcer l'immunité collective. Une solution qui fait largement débat : Bruno Lina, la juge irréalisable en pratique tandis que pour Catherine Hill, elle est simplement "erronée".

Faut-il laisser les jeunes se contaminer entre eux pour renforcer l'immunité collective ? C'est l'idée "pas politiquement correcte" avancée par le professeur Eric Caumes, infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, dans les colonnes du journal Le Parisien dimanche. Mais la communauté scientifique est loin d'être au diapason sur ce sujet. Pour son confrère Bruno Lina, professeur de virologie à l'Université Lyon 1, cette manière de lutter contre le coronavirus est théoriquement valide, mais irréaliste en pratique, l'épidémiologiste Catherine Hill est dénonce une "très mauvaise idée".

"Intellectuellement satisfaisant, extrêmement compliqué en pratique"

"Théoriquement, ce 'cohorting' avec l'infection des jeunes qui participerait à l'immunité collective, il est intellectuellement satisfaisant. En pratique c'est extrêmement compliqué, parce qu'on ne peut pas laisser partir cette épidémie",explique Bruno Lina au micro d'Eve Roger sur Europe 1, poursuivant : "On conçoit intellectuellement la construction qu'Eric Caumes propose, qui est très bien, mais en pratique ça risque d'être confronté à la réalité de terrain."

Car l'arrière pensée de l'infectiologue c'est l'immunité collective : plus on est contaminé, plus on développe des anticorps. Cette logique pourrait aboutir à moins de cas positifs lors des regroupements occasionnés par la rentrée dans les facs et les lycées. Mais pour l'épidémiologiste Catherine Hill, ce raisonnement ne tient pas "parce que même si tous les jeunes étaient contaminés on n'atteindrait pas le pourcentage de population qui correspond à l'immunité collective pour ce virus qui est de deux-tiers".

"C'est complètement invraisemblable"

Les 20-30 ans sont désormais ceux qui se contaminent le plus en France. L'un des risques à prendre en compte est le danger qu'ils encourent et font encourir à leurs proches. "Il faut malgré tout se méfier car parmi ces jeunes, même si le taux de formes très graves est relativement faible, il y en aura quand même", juge Bruno Lima. Catherine Hill le confirme, "il y aurait des morts, bien sûr. C'est exactement ce qui s'est passé aux Etats-Unis, ils ont fait des Covid party avec des jeunes dans l'idée de se contaminer et ensuite il y a un jeune homme de 30 ans qui est mort en disant à l'infirmière 'je crois que j'ai fait une connerie'". 

Eric Caumes, lui, précise bien que cette décision ne peut être prise qu'à "condition qu’ils ne voient pas leurs parents et leurs grands-parents". Catherine Hill, bat également en brèche cet argument. "L'idée que les jeunes peuvent être contaminés sans contaminer des gens plus âgés, ça veut dire que ces jeunes ne travaillent pas, ne rencontrent personne d'âge différent. C'est complètement invraisemblable. La population n'est pas ségréguée en fonction de l'âge."