Coronavirus : "La population ne sera pas naturellement immunisée"
L'institut Pasteur a avancé qu'environ 5% de la population avait été infectée par le virus. Invité d'Europe 1 samedi, le directeur de l'unité "virus et immunité" de la fondation, Olivier Schwartz a expliqué pourquoi ce chiffre montrait l'efficacité du confinement mais aussi pourquoi il enterrait définitivement l'espoir d'une immunité collective.
Selon les chiffres communiqués par l'institut Pasteur, entre 3 et 7% de la population française auraient été contaminée par le Covid-19 . Olivier Schwartz, directeur de l'unité "virus et immunité" de la fondation, explique que ces données sont à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Si elles montrent que les mesures de confinement ont produit les effets escomptés, limitant la propagation du coronavirus , elles empêchent également d'envisager une immunité collective. "Il aurait fallu atteindre 65% de la population française [infectée] pour que l'épidémie s'arrête d'elle-même", indique-t-il samedi sur Europe 1. Et de prévenir : "La population ne sera pas naturellement immunisée."
Au 11 mai, 2,8 millions de Français auraient été atteints pas le virus, selon une étude épidémiologique de l'institut Pasteur. Un chiffre bien éloigné des quelque 200.000 cas déclarés, selon le bilan de la Direction générale de la Santé.
Pour Olivier Schwartz, cela montre que le confinement a "porté ses fruits". "Il y avait, chaque jour avant la mise en place du confinement, plusieurs dizaines voire centaines de milliers de personnes qui se contaminaient. Maintenant on est descendu entre 1.000 et 4.000 personnes qui malheureusement continuent de se contaminer." La baisse du nombre de nouveaux cas devrait permettre de soulager les services de réanimations dans les semaines à venir.
"Les mesures de protection sont nécessaires"
Mais ce chiffre oblige à écarter l'hypothèse d'une immunité collective. La population n'a pas été assez exposée au virus pour y résister. "Cela veut dire que les mesures de protection, de barrière naturelle, sont nécessaires", poursuit Olivier Schwartz qui évoque également les recherches se poursuivant sur un éventuel vaccin.
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L'institut Pasteur devrait d'ailleurs procéder à de premiers essais cliniques d'ici le mois de juillet. "Les premiers résultats que l'on a pu voir montrent des signes positifs", déclare le directeur de l'unité "virus et immunité". Cependant, il ne faut pas espérer la mise en circulation d'un vaccin avant au moins 18 mois, comme l'expliquait la ministre de la Recherche Frédérique Vidal, samedi sur Europe 1 .