La pandémie de coronavirus a fait exploser la pauvreté dans le monde. 2:18
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Didier François, édité par Antoine Terrel
Alors que l'extrême pauvreté dans le monde était en régression depuis 1990, la pandémie de coronavirus a rebattu les cartes. Quelque 235 millions de personnes ont aujourd'hui besoin d'une aide humanitaire, soit une augmentation de 40% en un an. Et le risque existe de voir les pays riches rechigner à mettre la main au porte-monnaie.

L'ONU tire la sonnette d'alarme. Mardi, l'organisation a lancé un appel humanitaire record de 35 milliards de dollars pour 2021, alors que la pandémie de coronavirus a plongé des centaines de millions de personnes dans la pauvreté. Au total, autour du globe, 235 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire, soit une augmentation de 40% en un an. Du jamais vu. Ce constat est d’autant plus terrible que la solidarité internationale, les aides au développement et une réelle croissance de plusieurs pays dits "à revenus intermédiaires", faisaient que ce taux de pauvreté était en constante régression depuis 1990. Il était passé de 44 % de la population mondiale à moins de 13 % en 2020. 

Concrètement, un tiers des pays en voie de développement avaient réussi à réduire de moitié les taux de malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans. Les progrès étaient tels que l’objectif des Nations Unies et de son agence, le Programme mondial d’alimentation, qui a obtenu le prix Nobel de la paix l’an passé pour saluer les succès de son action, était de totalement éradiquer la famine d’ici à 2030, hors situation de guerre ou catastrophe naturelle.

Les pays riches doivent affronter leurs propres crises

Et la crise économique liée à la pandémie pourrait également provoquer des famines meurtrières, en frappant plus durement les population les plus pauvres. L’ONU estime qu’il lui faudrait lever plus de 30 milliards d’euros pour espérer amortir le choc économique dans 56 pays qui étaient déjà affaiblis par les conflits et les bouleversements climatiques, et qui souffrent donc d’insécurité alimentaire aiguë. 

Mais cette année, les pays les plus riches, qui sont les pays donateurs, doivent également mobiliser leurs ressources pour aider leurs propres citoyens, surtout les plus fragiles, qui ont eux aussi été pénalisés par la pandémie. Et les sommes faramineuses débloquées pour les plans de relance, tout particulièrement en Europe, ne sont donc plus disponibles pour un financement à ce niveau de l’aide humanitaire internationale.