Coronavirus : avec leur vaccin, Pfizer et BioNTech ont-il trouvé la poule aux œufs d'or ?

Le laboratoire Pfizer envisage pour son vaccin un prix de vente entre 23 et 30 dollars, soit près de trois fois le prix recommandé par l'OMS.
Le laboratoire Pfizer envisage pour son vaccin un prix de vente entre 23 et 30 dollars, soit près de trois fois le prix recommandé par l'OMS. © AFP
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Elise Denjean, édité par Romain David , modifié à
Le vaccin annoncé "efficace à 90%" par les laboratoires Pfizer et BioNTech, et actuellement en phase 3 d'essai clinique, pourrait permettre au premier nommé de glaner l'équivalent de 7% du marché mondial de la vaccination, et au second de multiplier par six son chiffre d'affaires dans un secteur qui brasse des sommes colossales.
DÉCRYPTAGE

La course au vaccin contre le Covid-19 s’accélère. Lundi, les laboratoires Pfizer et BioNTech ont annoncé que leur version était "efficace à 90%". En phase 3 d’essai clinique, ce vaccin pourrait bientôt faire l’objet d’une demande d’homologation. Les deux entreprises prévoient de fournir dès cette année jusqu'à 50 millions de doses dans le monde, et jusqu'à 1,3 milliard l'an prochain. Les deux laboratoires vont incontestablement s'enrichir avec ce vaccin. Mais dans quelles proportions ?

Tout dépendra du prix fixé, entre 23 et 30 dollars la dose demande Pfizer, mais l'Organisation mondiale de la Santé préconise plutôt 10 dollars. Ce prix est l'objet des négociations menées en ce moment entre les laboratoires et les Etats.

Un risque accru de concurrence

Avec ce seul vaccin, Pfizer pourrait réaliser un chiffre d'affaires d'environ 3,5 milliards de dollars, ce qui représente un peu plus de 7% du marché mondial de la vaccination. La société BioNTech pourrait, quant à elle, multiplier son chiffre d'affaires par six. Et pour cause, l'Union européenne à elle seule a déjà réservé 200 millions de doses.

Néanmoins, d’autres vaccins devraient voir le jour. Et il faudra écouler la production, souligne Patrick Biecheler, expert de l'industrie pharmaceutique. "La consommation de la totalité de ces doses n'est pas encore garantie. On le sait, par le passé, les vaccins n'ont pas tous trouvé preneur, notamment le H1N1 puisqu'il a été demandé aux laboratoires de reprendre les stocks ", rappelle-t-il auprès d’Europe 1. Ces laboratoires n’avaient donc pas pu facturer les doses non consommées.

D'autres spécialistes s'interrogent même sur la capacité des deux laboratoires à produire autant de doses en si peu de temps. "Ce n'est pas gagné", confie l'un d'eux. Mais c'est nécessaire, notamment pour amortir les investissements colossaux dédiés aux essais cliniques.