Sur Twitter, deux députés LREM s'écharpent sur la PMA et la laïcité

Certains députés regrettent l'absence de débat interne au sein du groupe LREM. Image d'illustration.
Certains députés regrettent l'absence de débat interne au sein du groupe LREM. Image d'illustration. © GERARD JULIEN / AFP
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Antoine Terrel , modifié à
Les députés LREM Aurélien Taché et François Cormier-Bouligeon ont eu un échange virulent sur Twitter. Une prise de bec qui augure de potentielles divisions au sein du groupe sur les sujets de société. 

C'est une prise de bec sur Twitter qui sonne comme un avertissement pour le nouveau patron du groupe LREM à l'Assemblée Gilles Le Gendre. Alors que la députée des Hauts-de-Seine Frédérique Dumas avait justifié mi-septembre son départ du groupe majoritaire notamment par un manque de débat en interne, un échange animé entre deux députés du parti macroniste est venu rappeler que même à LREM, les questions de société peuvent violemment diviser. 

Tout est parti d'une séquence de l'émission C Politique, dimanche soir sur France 5, où était interrogée la députée Agnès Thill, qui a la particularité d'être l'une des rares à LREM à assumer son opposition à la promesse d'Emmanuel Macron d'étendre la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. "Nous lançons le plan pauvreté et nous allons créer des femmes seules avec enfants", s'est notamment étonnée l'élue. 

"Tu n'es pas le mieux placé". Des propos qui ont fait bondir son collège Aurélien Taché, député du Val d'Oise, et figure de l'aile sociale du parti présidentiel. "Quand on est progressiste, ce n'est pas en maintenant une discrimination légale qu'on lutte contre la pauvreté Agnès Thill, mais avec une politique sociale émancipatrice qui facilite l'accès aux modes de gardes et à l'emploi ainsi que nous le faisons", a-t-il tweeté. 

Mais Agnès Thill a alors reçu le soutien d'un autre élu LREM, le député du Cher François Cormier-Bouligeon. "Tu n'es peut-être pas le mieux placé, cher Aurélien Taché, pour faire la leçon sur le progressisme au vu de tes positions plus proches du communautarisme que de la laïcité. Agnès Thill défend des positions personnelles et a le mérite de ne pas engager le groupe de la République en marche". Auteur d'un rapport remarqué sur l'Intégration, Aurélien Taché avait notamment pris la défense de Maryam Pougetoux, la présidente de l'UNEF à Paris IV Sorbonne et portant le voile.   

"Ton accusation est grave et insultante". Sans surprise, Aurélien Taché n'a que peu apprécié les critiques de François Cormier-Bouligeon, et répondu que "défendre les libertés pour toutes et tous, quelque soit l'orientation sexuelle, l'origine, ou la religion, c'est cela le progressisme. En exclure les musulman(e)s...cela porte un autre nom et c'est un délit, pas une opinion". Une nouvelle pièce dans la machine qui a provoqué la réponse cinglante de son collègue, qui a fustigé une "accusation grave et insultante". 

"Elle démontre la mauvaise foi de ton positionnement qui indigne nombre de nos collègues. Assigner une partie de nos concitoyens à l'observance des pratiques les plus obscurantistes est contraire à l'idée même d'émancipation", a-t-il encore écrit.  

"Je n'admets pas qu'il y ait une police politique dans le groupe". Contactés par Le Figaro, les deux collègues reconnaissent que le ton "est un peu monté", sans toutefois nuancer leurs propos. "Je n'admets pas qu'il y ait une police politique dans le groupe", explique notamment François Cormier-Bouligeon, avant d'assurer que de "nombreux députés" sont lassés des "dérapages" d'Aurélien Taché. 

S'il regrette de s'être laissé aller à ce vif échange sur le réseau social, l'élu du Cher pointe cependant un problème évoqué de longue date au sein des députés du parti majoritaire, en déplorant "qu'il n'y ait pas de lieu au sein du groupe pour l'organisation de tels débats". Une exigence de dialogue qui pourrait se faire de plus en plus pressante, au moment d'aborder des sujets aussi clivants que la laïcité et les questions de bioéthique.