Michaël Peyromaure 4:04
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Manon Fossat , modifié à
Invité de Sonia Mabrouk sur Europe Matin mardi, le chef du service d'urologie de l'hôpital Cochin à Paris, Michaël Peyromaure, a estimé que le délitement de l'hôpital est à imputer "à tous nos politiques et tous nos gouvernants", et non pas aux personnes non-vaccinés contre le Covid-19, qui selon certains engorgent les établissements.
INTERVIEW

Fermetures de lits, manque de soignants... Ce n'est pas une nouveauté, l'hôpital souffre. Alors que certains accusent les non-vaccinés contre le Covid-19 d'engorger les services hospitaliers, le professeur Michaël Peyromaure, chef du service d'urologie de l'hôpital Cochin à Paris invité sur Europe Matin mardi, a estimé qu'ils ne sont pas responsables des malheurs de l'hôpital.

"Rien de fait pour sauver cette institution"

"L'hôpital est très abîmé et ne remplit plus sa mission [...] Il s'est beaucoup dégradé ces dernières années", a assuré l'auteur de Hôpital, ce qu’on ne vous a jamais dit aux éditions Albin Michel. En pleine cinquième vague d'épidémie de coronavirus, il a également appelé à ne pas faire porter le chapeau de la saturation des hôpitaux aux personnes non-vaccinées.

"Je crois qu'en France il y a assez peu de non-vaccinés. Il faut rappeler que 90% des adultes sont vaccinés donc majoritairement les Français ont été responsables. Donc je crois qu'il faut attribuer le délitement de l'hôpital à tous nos politiques et à tous nos gouvernants successifs, de droite et de gauche, qui n'ont rien fait pour sauver cette institution", a-t-il jugé. 

"La mise à l'écart de notre mission de soin"

Un diagnostic "lucide" d'après Michaël Peyromaure, qui dit-il, est partagé par bon nombre de ses confrères. "Toutes les mesures qui ont été prises ces dernières années pour l'hôpital, et il y en a eu, sont allées dans le même sens. C'est-à-dire une gestion très comptable et très rigide du pouvoir donné à l'administration, la mise au pas des soignants et la mise à l'écart de notre mission de soin", a-t-il précisé. Un constat douloureux pour celui a connu "les dernières belles années de l'hôpital entre 1990 et 2000". "A l'époque l'hôpital était heureux et les personnels étaient heureux d'y travailler. Et ça, ça a beaucoup changé", a tranché le chef du service d'urologie de l'hôpital Cochin.

Quant à la question de la fermeture de lits faute de soignants, Michaël Peyromaure a justement pris l'exemple de son service (urologie) à l'hôpital Cochin. "Actuellement, nous avons toujours 50% des salles d'opération fermées faute d'infirmières de bloc. Et on estime que ces derniers mois, nous avons dû reporter ou annuler 380 interventions chirurgicales rien que dans notre spécialité. Ce qui est tout à fait considérable", a enfin posé le professeur qui s'est dit pessimiste pour les mois et les années qui viennent et a appelé à prendre des mesures d'urgence afin "de redresser la barre".