En déplacement dans un collège de l'Hérault ce jeudi, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation de salaire de "100 à 230 euros net" par mois pour tous les enseignants. 6:48
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Stéphane Burgatt, Jacques Serais et Louise Sallé, édité par Gauthier Delomez avec AFP / Crédit photo : DANIEL COLE / POOL / AFP , modifié à
En déplacement dans un collège de l'Hérault ce jeudi, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation de salaire de "100 à 230 euros net" par mois pour tous les enseignants. Le chef de l'État a profité de ce déplacement pour faire une visite surprise près de Montpellier, au lendemain d'un accueil compliqué dans le Bas-Rhin.
L'ESSENTIEL

Emmanuel Macron multiplie les déplacements, quelques jours après la promulgation de la contestée réforme des retraites et de son allocution très attendue. Comme Europe 1 l'avait révélé lundi, le chef de l'État s'est rendu dans l'Hérault ce jeudi pour investir le thème de l'école. Le président a d'abord souhaité "mieux reconnaître et mieux payer les professeurs" et annoncé une hausse de salaire "entre 100 et 230 euros net en plus par mois" pour tous dès la rentrée de septembre.

Les principales informations à retenir :

- Emmanuel Macron annonce "entre 100 et 230 euros nets en plus par mois" pour les enseignants

- La CGT a coupé le courant du collège visité par le chef de l'État avant son arrivée

- Une visite surprise à Pérols à la rencontre des habitants

- Emmanuel Macron a semblé exprimer des réserves sur l'engagement pris par sa Première ministre de ne plus utiliser le 49.3 hors textes financiers

- Le président est dans l'Hérault ce jeudi pour un déplacement consacré à l'école

Emmanuel Macron offensif sur le terrain

Lors de ce déplacement dans l'Hérault, le chef de l'État a adopté une stratégie différente de l'Alsace, la veille. Après avoir subi les sifflets, les bruits de casseroles et les hués dans le Bas-Rhin, Emmanuel Macron a cette fois tout fait pour les éviter. "Les œufs et les casseroles c’est pour faire la cuisine", a lancé le président, avant de multiplier les selfies dans la cour de récréations du collège Louise-Michel de Ganges avec les collégiens.

Un chef de l'État agacé à son arrivée dans l'établissement scolaire, alors que la CGT Energie venait de couper le courant. "Il faut séparer le désaccord de l’incivisme", a-t-il glissé, en tâchant à plusieurs reprises de se montrer offensif en vantant par exemple son bilan devant parents et professeurs. Car Emmanuel Macron, qui a annoncé une revalorisation des salaires des enseignants, veut tourner la page des retraites. "J’ai déjà connu ces fluctuations", explique-t-il, comme s’il était intimement convaincu que ses opposants finiront par passer à autre chose.

Visite surprise à Pérols

Dans l'après-midi, le président s'est rendu à Pérols, près de Montpellier, pour un court déplacement qui n'était pourtant pas prévu. Celui-ci s'est déroulé dans une atmosphère nettement plus apaisée qu'à Ganges. La première étape du président, en bras de chemise, s'est tenue sur la toute petite terrasse d'un bar tapas au cœur des ruelles du centre-ville. Une drôle de surprise pour le serveur, Philippe, interrogé par Europe 1. "On faisait le service, c'est surprenant ! C'est impressionnant de voir le président devant nous, on n'a pas l'habitude, c'était une vraie surprise", souligne-t-il.

Puis, lors d'une déambulation du chef de l'État dans les rues, des habitants, là aussi surpris, se sont arrêtés pour prendre un selfie ou pour une poignée de mains, d'autres pour discuter politique. Cette séquence d'échanges loin des manifestants n'était pas programmée, assure le maire divers droite de la commune, Jean-Pierre Rico, même si l'élu reconnait une "demi-surprise".

Un salaire à 2.000 euros net minimum

La hausse inconditionnelle, pour tous les enseignants, s'accompagnera d'une augmentation liée à de nouvelles missions basées sur le volontariat. Au total, cette hausse pourra aller "jusqu'à 500 euros par mois". "Il va y avoir une augmentation de la rémunération socle, c'est-à-dire sans condition, pour mettre déjà tout le monde au-dessus de 2.000 euros", a indiqué le président lors d'un déplacement au collège Louise-Michel de Ganges, au nord de Montpellier, où il s'est entretenu avec des professeurs et des élèves.

"Au-delà de ça, c'est à tous les niveaux de carrière qu'il va y avoir une augmentation de rémunération, y compris pour ceux qui sont en milieu ou aux trois quarts de carrière. Ce qui fait que l'augmentation, elle sera pour le 'socle', sans condition aucune, entre 100 et 230 euros par mois, sans faire une heure de plus, sans avoir une tâche supplémentaire ou autre, et ça à tous les niveaux de la carrière", a-t-il poursuivi.

La partie "pacte" de la rémunération, conditionnée à de nouvelles missions sur une base volontaire, s'ajoutera à "cette augmentation du socle". Elle "va permettre de payer encore plus par mois, ce qui permettra à des enseignants de toucher jusqu'à 500 euros par mois en plus".

Réserves du président sur l'abandon du 49.3 suggéré par la Première ministre

Le président Emmanuel Macron a semblé exprimer jeudi, en marge d'un déplacement dans l'Hérault, des réserves sur l'engagement pris par sa Première ministre de ne plus utiliser le 49.3 hors textes financiers. Interrogé par des journalistes pour savoir s'il n'allait plus utiliser le 49.3 pendant les 100 jours de relance de ses chantiers prioritaires, le chef de l'Etat a répondu : "je ne suis pas responsable des interviews à l'AFP de la Première ministre".

Elisabeth Borne, fragilisée à Matignon après l'emploi du 49.3 pour l'adoption sans vote de la réforme des retraites, avait promis dans un entretien à l'AFP le 26 mars de ne plus recourir à cet outil constitutionnel controversé, qui avait attisé la contestation dans la rue. "L'objectif que je fixe pour l'avenir, c'est pas de 49.3 en dehors des textes financiers", avait-elle dit dans un souci d'"apaisement". En l'occurrence sur les textes non budgétaires, le gouvernement ne peut utiliser le 49.3 qu'une seule fois par session parlementaire. Emmanuel Macron a cependant redit que la Première ministre avait sa "confiance" et celle du Parlement, où elle a échappé à une motion de censure à 9 voix près.

La CGT coupe le courant du collège visité par Macron dans l'Hérault

La CGT a revendiqué jeudi deux coupures de courant à l'aéroport de Montpellier et dans un collège de l'Hérault, à l'occasion d'un déplacement d'Emmanuel Macron dans l'Hérault. "À Montpellier", la CGT Energie a revendiqué "la mise en sobriété de l'aéroport de Montpellier, a priori avant que le président arrive", a indiqué à l'AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT. L'action a eu lieu "peu avant 9 heures", selon Fabrice Coudour, qui a averti de nouvelles actions de ce type au cours de la visite du chef de l'Etat.

"On revendique la coupure dans le collège. Il n'y en a pas d'autres de prévue, c'est vraiment le collège qui était visé", a ajouté Mathieu Guy, responsable CGT de Ganges. La direction du gestionnaire de la distribution d'électricité Enedis n'était pas en mesure de confirmer ces coupures dans l'immédiat.

"Les œufs et les casseroles, c'est juste pour faire la cuisine chez moi", a affirmé Emmanuel Macron

La veille en Alsace, Emmanuel Macron avait été violemment hué et pris à partie lors de son premier bain de foule depuis des semaines. Un retour sur le terrain décidé après la promulgation de sa réforme, très contestée, portant l'âge légal de la retraite à 64 ans. "Les oeufs et les casseroles, c'est juste pour faire la cuisine chez moi", a commenté Emmanuel Macron à son arrivée, dans un court échange avec le député LFI de la circonscription, Sébastien Rome, qui lui disait : "la résistance" est "un peu loin, on ne l'entend pas, mais elle est là". "Je vais toujours au-devant si les gens sont prêts à parler", a poursuivi le chef de l'État, avant d'aller à la rencontre des élèves dans la cour du collège, momentanément privé d'électricité par une coupure revendiquée par la CGT.

La préfecture interdit les "dispositifs sonores portatifs"

Au lendemain de la "casserolade" qui a accueilli Emmanuel Macron lors de sa visite en Alsace, un arrêté de la préfecture de l'Hérault a interdit tout "dispositif sonore portatif" jeudi à Ganges, où le chef de l'Etat a parlé éducation. Dans un périmètre entourant notamment le collège Louise-Michel de Ganges, où Emmanuel Macron a fait des annonces sur les salaires des enseignants aux côtés du ministre de l'Education Pap Ndiaye, l'arrêté du préfet de l'Hérault interdit "l'usage" de tous "dispositifs sonores portatifs ou émanant de véhicules non dûment autorisés".

Aux barrages filtrant les entrées dans la zone de Ganges sécurisée pour l'arrivée du président, des manifestants venus avec des casseroles et des fifres (flûte traditionnelle) ont été empêchés de passer, a affirmé à l'AFP le secrétaire général de la CGT de l'Hérault, Mathieu Guy.

Un bruyant comité d'accueil à Ganges

Un bruyant comité d'accueil d'un bon millier de personnes scandant "Macron démission" a investi la place de l'hôtel de ville de Ganges jeudi, deux heures avant l'arrivée du chef de l'Etat dans cette commune de l'Hérault pour un déplacement consacré à l'éducation. "GARDAREM les retraites, la démocratie, la planète" ("gardons" en occitan, ndlr), affirmait une grande banderole sous un soleil radieux, au milieu de manifestants porteurs pour une majorité de chasubles des syndicats CGT et Unsa et de drapeaux CGT ou FSU.

Sur le balcon de la mairie de cette commune à une heure au nord de Montpellier, sur les contreforts des Cévennes, une autre banderole demandait, elle, la réouverture de la maternité de ce bourg de 4.200 habitants désormais fermée. Vers 9h30, ces manifestants ont tenté de prendre la direction du collège Louise-Michel, l'établissement où le président de la République et le ministre de l'Education Pap Ndiaye devraient faire des annonces concernant la rentrée scolaire de septembre. Mais ils ont été bloqués par un véhicule de gendarmerie et un barrage des forces de l'ordre. Pacifiques, les militants appelaient les gendarmes à les rejoindre.

La situation s'est brièvement tendue peu avant 10h30 quand, après une tentative de passage en force d'une vingtaine de manifestants vers le collège, les forces de l'ordre ont fait usage de bombes lacrymogènes pour faire à nouveau reculer la foule derrière le véhicule faisant office de barrière et la maintenir à distance, a constaté un photographe de l'AFP.