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Jacques Serais avec AFP , modifié à
Pour faire adopter la réforme des retraites, l'exécutif a décidé d'opter pour le déclenchement de l'article 49.3 ce jeudi, et éviter de passer par un vote à l'Assemblée. Une décision prise au sortir d'une réunion d'urgence à l'Élysée, en début d'après-midi. Alors que des motions de censure pourraient être déposées, l'intersyndicale annonce de nouvelles mobilisations.
L'ESSENTIEL

L'exécutif a tranché sur la réforme des retraites. Au sortir d'une réunion d'urgence ce jeudi en début d'après-midi, la Première ministre Élisabeth Borne a engagé à l'Assemblée nationale, sous les huées des députés de gauche, la responsabilité de son gouvernement sur la réforme très contestée des retraites par le biais de l'article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption du texte sans vote. La leader du RN Marine Le Pen a annoncé qu'elle allait déposer une motion de censure, une initiative qui pourrait être imitée par le groupe Liot.

En fin de journée, des milliers de personnes se sont rassemblées place de la Concorde à Paris, face à l'Assemblée nationale, pour dire leur opposition à la réforme, malgré le 49.3. A 22h00, 120 personnes avaient été interpellées, notamment pour participation à un groupement en vue de commettre des dégradations, a indiqué à l'AFP la préfecture de police de Paris (PP). Les forces de l'ordre sont intervenues sur la place vers 20h00 notamment avec des canons à eau, après une tentative de dégradation du chantier de l'Obélisque, au centre de la place.

Les informations à retenir :

  • Elisabeth Borne a activé le 49.3 sous les huées à l'Assemblée
  • Marine Le Pen a annoncé déposer une motion de censure
  • Éric Ciotti indique que LR ne votera "aucune motion de censure"
  • La Première ministre sera ce jeudi soir au JT de 20H de TF1
  • Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a annoncé de "nouvelles mobilisations"
  • Des milliers de personnes rassemblées place de la Concorde à Paris

Sur TF1, Élisabeth Borne se dit "très choquée" par les "cris" de l'Assemblée

Elisabeth Borne s'est dite jeudi soir "très choquée" par les huées des oppositions dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, au moment où elle engageait la responsabilité de son gouvernement sur la réforme des retraites par l'article 49.3, qui permet l'adoption du texte sans vote.

"Je n'étais pas en colère. J'ai été très choquée", a déclaré sur TF1 la Première ministre. "Le Parlement, l'Assemblée nationale, c'est le lieu du débat. Si on ne veut pas s'écouter, ça traduit le fait qu'un certain nombre de groupes ne respectent pas nos institutions (...) Le chaos, le désordre ce sont les Français modestes qui en paient les conséquences".

Reconnaissant que "le compte n'y [était] pas" pour permettre au gouvernement de passer par un vote, Élisabeth Borne en a profité pour fustiger l'attitude des députés LR qui n'ont pas souhaité apporter leur soutien au texte. "Certains, au sein du groupe LR, ont joué une carte personnelle", a-t-elle estimé. 

Les forces de l'ordre interviennent place de la Concorde occupée par les manifestants

Les forces de l'ordre sont intervenues jeudi en début de soirée sur la place de la Concorde, au cœur de Paris, où des des milliers de manifestants se sont massés pour protester contre la réforme des retraites, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Selon la préfecture de police de la capitale (PP), les forces de l'ordre sont entrées en action, notamment avec des canons à eau, après une tentative de dégradation du chantier de l'Obélisque, au centre de la place. Ces interventions ont provoqué d'importants mouvements de foule sur la place, selon les journalistes de l'AFP.

L'intersyndicale annonce une mobilisation nationale jeudi prochain

L'intersyndicale en lutte contre la réforme des retraites a appelé jeudi à "des rassemblements locaux de proximité" ce week-end, et à une neuvième journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars, après la décision du gouvernement de recourir au 49.3 pour faire adopter sa réforme. Dénonçant un passage "en force", l'intersyndicale "mesure avec gravité la responsabilité que porte l'exécutif dans la crise sociale et politique qui découle de cette décision, véritable déni de démocratie", écrit-elle dans un communiqué.

Transports, énergie: des syndicalistes craignent des "débordements", après le recours au 49.3

Dans les secteurs du transport et de l'énergie, en pointe de la contestation du projet de réforme des retraites, plusieurs responsables syndicaux ont averti jeudi de possibles "débordements" ou "actions individuelles" de salariés de la base, après la décision du gouvernement de recourir à l'article 49.3.

"Je ne vois pas quelque chose de fort et dur, ça va être quelque chose de larvé, des actions par-ci par-là, avec des risques de débordement. Ca risque de tourner au n'importe quoi", a ainsi dit à l'AFP Jean-Christophe Delprat, secrétaire fédéral FO chargé de la RATP. Pour Frédéric Ben, chargé du gaz à la CGT Energie, qui coordonne depuis de nombreux jours la grève sur l'ensemble des stockages de gaz de Storengy, "une certaine insurrection est possible". "On combat la radicalisation des mouvements, (...) mais sur un piquet de grève, il n'y a pas que des (grévistes) CGT, et les agents, ils font ce qu'ils veulent", a-t-il déclaré.

Plusieurs milliers de manifestants place de la Concorde, des rassemblements en France

Quelques milliers de personnes manifestaient jeudi place de la Concorde à Paris pour protester contre la réforme des retraites et le déclenchement de l'article 49.3, et des rassemblements avaient lieu dans d'autres villes de France, ont constaté des journalistes de l'AFP. Depuis le milieu de l'après-midi, des manifestants se sont rassemblés à l'appel du syndicat Solidaires place de la Concorde, non loin de l'Assemblée nationale où Elisabeth Borne a déclenché l'article 49.3.

Ils ont été rejoints peu après 16h30 par des manifestants massés près de l'Assemblée nationale et par un cortège de plus de 1.600 jeunes parti de la place de la Sorbonne, aux cris de "Emmanuel Macron, président des patrons, on vient te chercher chez toi" et "A bas le 49.3", a constaté une journaliste de l'AFP. Selon une source policière, ils étaient "quelques milliers" à Paris.

D'autres rassemblements étaient organisés en France, comme à Grenoble, où 200 à 300 personnes étaient rassemblées depuis le milieu de l'après-midi devant la préfecture. A Lyon, une manifestation a rassemblé quelque 400 personnes vers 17 heures devant la préfecture aux cris de "Macron démission". Une majorité de syndicalistes FSU et CGT était visible dans le rassemblement qui s'est déroulé dans le calme. Une autre manifestation était prévue plus tard dans la soirée devant la mairie de Lyon.

A Bordeaux, environ 300 personnes se sont rassemblées à partir de 17 heures à l'appel de l'intersyndicale avec pour objectif de se rendre vers la permanence du député Renaissance Thomas Cazenave. Des rassemblements étaient annoncés aussi à Toulouse, à Tulle devant une permanence LR, ainsi que devant les mairies de Bayonne et Hendaye et dans plusieurs villes de la Vienne, dont Poitiers.

Éric Ciotti indique que LR ne votera "aucune motion de censure"

"Nous ne nous associerons à aucune motion de censure et ne voterons aucune motion de censure", a prévenu jeudi Éric Ciotti, après l'utilisation par le gouvernement du 49.3 pour la réforme des retraites. "Nous ne voulons pas rajouter du chaos au chaos", a justifié le patron de LR, toutefois contredit peu après par le député Aurélien Pradié, opposé à la réforme, qui a pour sa part estimé que "chaque député reste totalement libre d'aller participer à une autre motion de censure". "Je n'écarte aucune hypothèse par définition", a ajouté le député du Lot.

Emmanuel Macron a invoqué des "risques financiers trop grands" pour justifier le 49.3

Le Président de la République aurait justifié le recours au 49.3. "Mon intérêt politique aurait été d’aller au vote. Parmi vous tous, je ne suis pas celui qui risque sa place ou son siège. Mais je considère qu’en l’état les risques financiers, économiques sont trop grands. C’est la raison pour laquelle j’accepte votre demande d’engager votre responsabilité sur ce texte", aurait déclaré Emmanuel Macron selon un participant au conseil des ministres extraordinaire.

"Il y aura un vote sur le texte. Il est prévu par nos institutions. C'est la motion de censure", a dit le chef de l'Etat. "On ne peut pas jouer avec l'avenir du pays", a-t-il martelé, selon ce participant.

Laurent Berger annonce de "nouvelles mobilisations" après le 49.3

"Il y aura de nouvelles mobilisations" contre la réforme des retraites, a déclaré jeudi à l'AFP le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dénonçant un "vice démocratique" après la décision du gouvernement d'activer l'arme constitutionnelle du 49.3 pour faire adopter sa réforme.

"Évidemment qu'il y aura de nouvelles mobilisations, parce que la contestation est extrêmement forte, on a déjà énormément de réactions de la part des équipes syndicales. On décidera ensemble dans une intersyndicale", qui se tiendra mercredi soir au siège de la CGT, a-t-il ajouté.

Élisabeth Borne sera au 20H de TF1 ce jeudi soir

Après l'annonce de l'utilisation du 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, la Première ministre Élisabeth Borne sera ce jeudi soir au journal de 20H de TF1, a annoncé la chaîne.

Des motions de censure bientôt déposées

Quelques minutes après sa sortie de l'hémicycle, la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, Marine Le Pen, a annoncé qu'elle allait déposer une motion de censure et a estimé qu'Elisabeth Borne "ne peut pas rester" à Matignon. "C'est un constat d'échec total" pour Emmanuel Macron, a-t-elle ajouté, en estimant que la situation est celle d'une "crise politique".

Fabien Roussel, le secrétaire général du PCF, a également annoncé qu'il allait déposer un référendum d'initiative partagée. Il ajoute également qu'une "motion de censure est prête pour qu'elle reçoive le plus de soutien possible et qu'elle puisse être défendue par le groupe LIOT", a-t-il détaillé sur BFM TV.

Élisabeth Borne huée à son arrivée dans l'hémicycle

En arrivant dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, Élisabeth Borne a été huée par les oppositions, qui ont également entonné La Marseillaise. La séance a été suspendue deux minutes. La Première ministre a fini par prendre la parole à la tribune, devant des députés LFI appelant à sa "démission".

La Première ministre a finalement déclenché le 49.3. "Sur le fondement de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, j'engage la responsabilité de mon gouvernement sur l'ensemble du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023", a-t-elle déclaré. Avant d'ajouter : "aujourd'hui, sur le texte du Parlement, l'incertitude plane à quelques voix près. On ne peut pas prendre le risque de voir 175 heures de débat parlementaire s'effondrer. On ne peut pas prendre le risque de voir le compromis bâti par les deux Assemblées, écarté. On ne peut pas faire de pari sur l'avenir de nos retraites, et cette réforme est nécessaire", a justifié Élisabeth Borne dans une ambiance électrique.

"Un vote aura bien lieu" cependant, a ajouté la cheffe du gouvernement, anticipant le dépôt d'une motion de censure. "Dans quelques jours, je n'en doute pas, à l'engagement de la responsabilité du gouvernement, répondront une ou plusieurs motions de censure. Un vote aura donc bien lieu, comme il se doit. Et c'est donc la démocratie parlementaire qui aura le dernier mot", a-t-elle développé.

Un conseil des ministres exceptionnel 15 minutes avant le début de séance à l'Assemblée

Emmanuel Macron a convoqué un conseil des ministres exceptionnel, seulement 15 minutes avant le début de la séance à l'Assemblée nationale. Le chef de l'État ne voulait pas en arriver là. Les réunions se sont enchaînées à l'Elysée, depuis ce jeudi matin : une première réunion à 8h15, une deuxième à midi et puis une troisième à 14 heures. L'exécutif voulait s'assurer qu'en cas de vote, le bourg obtiendrait la majorité absolue.

Emmanuel Macron a donc attendu le dernier moment, mais jamais il n'a eu la certitude que le texte serait adopté par les députés. Voilà pourquoi il a donc décidé d'actionner le 49.3. Place à l'Assemblée désormais. Mais attention, ce n'est pas sans risque pour le gouvernement. Élisabeth Borne, la Première ministre, s'expose désormais à une motion de censure des députés.