L'avocat est mort à l'âge de 38 ans (photo d'archives). 1:49
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Romane Hocquet, édité par Margaux Lannuzel
L'avocat et leader nationaliste algérien, dont Emmanuel Macron vient de reconnaître l'assassinat par l'armée française en 1957, était le visage de ces milliers d'hommes disparus pendant la bataille d'Alger. D'autres enquêtes pour donner des réponses aux familles des disparus sont promises par la France. 

"Regarder l’Histoire en face, reconnaître la vérité des faits, ne permettra pas de refermer des plaies toujours ouvertes, mais aidera à frayer le chemin de l’avenir", affirme l'Elysée dans un communiqué, publié mardi soir. Près de soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron a reconnu que l'avocat Ali Boumendjel avait bien été torturé et assassiné par l'Armée Française en 1957. D'autres enquêtes pour donner des réponses "aux familles des disparus" suivront, selon le président. 

Un avocat et leader nationaliste

Ali Boumendjel, c'est le visage de ces milliers d'hommes disparus pendant la bataille d'Alger. Une époque de rafles massives, pendant laquelle militaires français et indépendantistes étaient pris dans un engrenage meurtrier. Au moment de sa mort, l'homme a 38 ans. C'est un leader nationaliste, avocat, qui assure la défense de militants du Front de Libération nationale (FLN). 

Le trentenaire dérange. Il est arrêté à son bureau d'Alger par les parachutistes français, torturé, et exécuté un mois plus tard. "Il est précipité du haut d'une terrasse", retrace au micro d'Europe 1 Malika Rahal, historienne et spécialiste de l'Algérie. "La raison de cette mise en scène, c'est qu'Ali Boumendjel était trop connu et qu'il n'était pas possible de le faire disparaître comme on le faisait avec d'autres détenus", explique-t-elle.

Une mort "mise en scène"

"Cette mise en scène permettait de rendre un corps à la famille, de mettre ça sur le compte d'un accident et donc de se dédouaner de l'assassinat", poursuit la spécialiste. Pourtant, la famille du militant n'a jamais douté du sort qui lui avait été réservé. En 2000, le crime avait été reconnu une première fois par le général Paul Aussaresses. Il l'est désormais par l'Etat français. 

Ce geste d'apaisement était recommandé par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur la colonisation, remis en janvier à Emmanuel Macron. "Ce ne sera pas un acte isolé", promet donc le chef de l'Etat, qui exclut, en revanche, toute excuse ou repentance pour les agissements de la France durant la guerre d'Algérie.