Emmanuel Macron La Mongie crédit : LAURENT DARD / DDM / AFP - 1280 2:04
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Marthe Ronteix , modifié à
Erreur politique ou erreur de communication ? Robert Namias, Grande voix d'Europe 1, et Olivier Beaumont, grand reporter au "Parisien-Aujourd'hui en France" débattent lundi du séjour au ski du chef de l'Etat, alors qu'une journée forte en tensions se profilait samedi.
LE TOUR DE LA QUESTION

Après le retour précipité d'Emmanuel Macron de son séjour dans une station de ski des Hautes-Pyrénées pendant une manifestation des "gilets jaunes" émaillées par des violences, la question de la vie privée des gouvernants se pose. Erreur de communication ou erreur politique, le journaliste Robert Namias, Grande Voix d'Europe 1, et le grand reporter au Parisien-Aujourd'hui en France et auteur de Les péchés capitaux de la politique, Olivier Beaumont tentent de trancher la question au micro de Wendy Bouchard, lundi.

Une erreur politique pour Robert Namias

Un problème d'isolement du locataire de l'Élysée. Les deux invités de l'émission "Le Tour de la question" s'accordent à dire qu'Emmanuel Macron a commis une faute en partant en week-end au ski alors qu'un samedi particulièrement houleux se profilait. Mais pour Robert Namias, il s'agit avant tout d'une erreur politique. "Il y a une question de timing qui était tout à fait prévisible", assure-t-il. "Comment a-t-il pu faire cela ? Par l'isolement de l'Élysée. Ce n'est pas un problème de communication mais de déconnexion." Le journaliste rappelle que Jacques Chirac avait fait une erreur similaire en 2003 en partant en vacances au Canada alors que la canicule faisait de nombreux morts en France.

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"Un président doit se donner 24h/24 au pays". Emmanuel Macron a considéré qu'après tout, "un week-end au ski n'avait rien d'extraordinaire et qu'il y avait droit après avoir été sur le pont sans discontinuer. Mais pas ce samedi-là", assure Robert Namias. "Ce n'est pas du mépris mais le résultat classique, et totalement catastrophique, de l'enfermement présidentiel."

"Un président de la République n'a le droit à rien d'autre que de se donner 24h/24 au pays", martèle encore le journaliste, ajoutant que ce qui est important dans cette affaire, "c'est le fait politique. Ce qui est choquant en ce lendemain de week-end, c'est surtout de voir un pouvoir politique qui n'arrive pas à contrôler une situation incroyable. Il y a un problème de fond, un problème de maintien de l'ordre."

Une erreur de communication pour Olivier Beaumont

Une nouvelle maladresse après une (longue) série. De son côté, Olivier Beaumont pointe plutôt une erreur de communication. "Pendant ces deux mois [de 'grand débat national'], il n'y a pas eu de faute", rappelle le grand reporter du Parisien. "Mais cette affaire fait suite à une série de mauvaises phrases du président de la République depuis septembre dernier. On se souvient des 'gaulois réfractaires', de l'horticulteur à qui il a conseillé de traverser la rue pour trouver un emploi, de cette façon de s'adresser aux retraités pour leur demander de faire des efforts… Tout cela a fait que la colère des Français s'est concentrée sur l'image d'arrogance et d'orgueil du président. Et c'est ce qu'il reproduit en replongeant avec une faute d'image alors qu'il reprend la main dans les sondages." D'autant plus que cette polémique arrive quelques jours après que le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a été vu dans une boîte de nuit parisienne.

Un homme comme les autres (ou presque). Olivier Beaumont rappelle que "pendant les deux derniers mois, Emmanuel Macron a mouillé sa chemise [en participants à plusieurs rencontres dans le cadre du 'grand débat national']. Donc que le président rejoigne son épouse à La Mongie peut susciter une forme de compréhension de la part d'une partie des Français qui considèrent qu'il reste un homme."

Néanmoins le journaliste ne manque pas de rappeler que "quand les politiques trébuchent auprès de leurs électeurs, c'est le plus souvent sur des faits de personnalité que sur des prises de position politique. Ce sont d'ailleurs les travers de la luxure qui ont empêché DSK [Dominique Strauss-Kahn] de se présenter à l'élection présidentielle de 2007."