Crise politique : Sans LR au gouvernement, ce serait un Premier ministre «de gauche» ou la dissolution, prévient Sébastien Lecornu
Seulement quelques heures après avoir publié la composition de son gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa démission lundi, plongeant la France dans une nouvelle crise politique. Avenir du socle commun, place dans le gouvernement... Face à cette situation, Bruno Retailleau est au cœur des tractations. Ce dernier a répondu ce mardi matin aux questions de Sonia Mabrouk. Suivez notre direct.
Nomination de Bruno Le Maire, avenir du socle commun... Quelques heures après la parution du nouveau gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a proposé sa démission à Emmanuel Macron, qui l'a acceptée.
Le chef du gouvernement a estimé que les conditions pour rester à Matignon n'étaient plus réunies, laissant de nombreuses questions sans réponses. Parmi les causes notamment : le choix de Bruno Retailleau, chef du parti Les Républicains et ministre de l'Intérieur, d'organiser une réunion d'urgence au siège du parti. Suivez notre direct.
Les principales informations à retenir :
- Jordan Bardella et Marine Le Pen ont décliné l'invitation de Sébastien Lecornu
- Emmanuel Macron a demandé à Sébastien Lecornu de mener "d'ultimes négociations".
- "La confiance avec Sébastien Lecornu est rompue", estime-t-on dans les rangs des Républicains.
- Bruno Retailleau assure sur Europe 1-Cnews qu'il aurait pu "éviter cette crise" si Sébastien Lecornu lui avait indiqué en amont que Bruno Le Maire serait nommé au ministère des Armées.
- Le ministre de l'Intérieur ne voit plus que deux solutions pour sortir de la crise : "la dissolution ou la nomination d'un Premier ministre de cohabitation".
- Elisabeth Borne ouvre la porte à une "suspension" de la réforme des retraite.
- Pour Aurore Bergé, Emmanuel Macron restera président jusqu'à la dernière minute de son mandat.
Sans LR au gouvernement, ce serait un Premier ministre "de gauche" ou la dissolution, a prévenu Lecornu
Sébastien Lecornu a prévenu mardi le patron des députés LR Laurent Wauquiez que si Les Républicains refusaient une "entente" avec la macronie, il y aurait soit la nomination d'un Premier ministre "de gauche" soit une dissolution, leur donnant jusqu'à mercredi soir pour répondre.
"Leur interrogation c'est de savoir si après la position de Bruno Retailleau" qui a fait voler en éclats dimanche le gouvernement de Sébastien Lecornu, "on est toujours dans cette logique d'entente avec la macronie", a expliqué Laurent Wauquiez aux députés LR lors d'une réunion de groupe en visio, a indiqué un participant à l'AFP. Laurent Wauquiez avait rencontré un peu plus tôt mardi après-midi le Premier ministre démissionnaire à Matignon.
Emmanuel Macron restera président jusqu'à la dernière minute de son mandat, assure Aurore Bergé
La porte-parole démissionnaire du gouvernement, Aurore Bergé, a déclaré mardi sur BFM TV qu'Emmanuel Macron resterait président "jusqu'à la dernière minute de son mandat", alors que les appels à sa démission se multiplient en pleine crise politique.
"Il n'y a pas de mandat révocatoire dans la Constitution française" donc "la question de la démission n'existe pas", a-t-elle tranché.
"Je ne veux pas qu'on attaque l'institution que représente le président de la République", a ajouté cette fidèle macroniste, alors qu'elle était interrogée sur les propos de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui a lancé une bombe mardi matin en demandant l'organisation d'une élection présidentielle anticipée.
Aurore Bergé a également défendu les ultimes consultations des forces politiques menées actuellement par le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu. A part le RN et LFI, "personne ne souhaite la dissolution" de l'Assemblée nationale, a-t-elle dit.
Elisabeth Borne ouvre la porte à une "suspension" de la réforme des retraite
La ministre démissionnaire et ancienne Première ministre Elisabeth Borne s'est dite mardi ouverte à une "suspension" de la très décriée réforme des retraites qu'elle avait fait adopter en 2023, dans une interview au Parisien.
"Si c'est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d'une suspension jusqu'au débat qui devra se tenir lors de la prochaine élection présidentielle", a-t-elle déclaré. "Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger", a-t-elle ajouté, préconisant ce geste en direction de la gauche.
Emmanuel Macron a reçu les présidents des deux chambres Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher
Le président de la République a reçu "séparément" ce mardi après-midi la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher.
Jordan Bardella et Marine Le Pen déclinent l'invitation de Sébastien Lecornu
Alors que le Premier ministre démissionnaire poursuit ses négociations ce mardi, Jordan Bardella et Marine Le Pen ont annoncé décliner l'invitation de Sébastien Lecornu. Selon le président du Rassemblement national et la cheffe de file du parti, ces "énièmes négociations n’ont plus pour objectif de préserver l’intérêt des Français, mais celui du Président de la République lui-même". Il demande une nouvelle fois "la dissolution de l’Assemblée nationale".
Édouard Philippe demande à Emmanuel Macron "l'organisation d'une élection présidentielle anticipée"
Dénonçant un "jeu politique affligeant" au lendemain de la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, le chef de file du parti Horizons Édouard Philippe a appelé le président de la République à réfléchir à "l'organisation d'une élection présidentielle anticipée" après l'adoption du budget.
Selon lui, le président pourrait "nommer un Premier ministre avec pour fonction d'exécuter les affaires courantes et de faire adopter un budget, et que dès lors que la France est dotée d'un budget -et c'est indispensable- il annonce qu'il organise une élection présidentielle anticipée", a-t-il affirmé sur RTL. Une façon de "sortir d'une façon ordonnée et digne d'une crise politique qui nuit au pays", selon l'ancien Premier ministre.
Bruno Retailleau ne souhaite pas la démission d'Emmanuel Macron
"Nous n’avons pas comme intérêt, nous les gaullistes, de réclamer le départ du président de la République", déclare Bruno Retailleau sur Europe 1-Cnews. Le ministre de l'Intérieur assure ne pas souhaiter que la rue obtienne la démission du chef de l'Etat, car ses successeurs se retrouveraient alors "soumis à cette contrainte".
"Le symbole d'une déconnexion totale"
"J’estime que la rupture qui avait été promise ne se reflète pas au sein du gouvernement annoncé", a expliqué Bruno Retailleau à Sonia Mabrouk, évoquant le "symbole d’une déconnexion totale" par rapport aux attentes des Français.
Ce dernier a énuméré deux possibilités désormais : "la dissolution ou la nomination d'un Premier ministre de cohabitation". Il a par ailleurs assuré qu'il n'était pas candidat pour Matignon.
Retailleau assure qu'il aurait pu "éviter cette crise"
Invité de la Grande interview Europe 1-CNews, Bruno Retailleau est revenu sur l'imbroglio autour de la nomination de Bruno Le Maire aux Armées. "Si on avait été transparent avec moi, j'aurais évité cette crise", a indiqué ce dernier, assurant qu'il aurait couru "dans la cour de l'Elysée dire à Emmanuel Macron que ce n'était pas possible". "Les LR ne sont pas prêts à avaler toutes les couleuvres", a-t-il ajouté pour justifier son désaccord avec le Premier ministre démissionnaire.
Le ministre de l'Intérieur ne ferme néanmoins pas la porte à "un gouvernement de cohabitation", à condition que celui-ci ne revienne pas à "une dissolution des Républicains dans une majorité macroniste".
Bruno Retailleau invité de La Grande interview dès 8h
Le patron des Républicains sera l'invité ce mardi de Sonia Mabrouk, dès 8h du matin, dans La Grande interview. Un rendez-vous durant lequel le ministre de l'Intérieur expliquera en détails pourquoi la présentation du gouvernement dimanche dernier a provoqué la colère de son camp. Une interview sans détour, qui abordera également le futur du locataire de la place Beauvau, alors que Sébastien Lecornu a encore 48 heures pour mener d'ultimes négociations.
Quelle stratégie pour Emmanuel Macron ?
Lundi, Emmanuel Macron a demandé à Sébastien Lecornu de mener d'"ultimes négociations" d'ici mercredi soir par l'intermédiaire d'une "plateforme d'action et de stabilité". Derrière cela, se cache la volonté de gagner du temps, de trouver une autre solution à la dissolution. Le président voudrait forcer les Républicains, les socialistes, voire les écologistes et les communistes à se mettre d'accord pour travailler avec la macronie, Renaissance, Horizons ou encore le Modem.
Le chef de l'Etat le sait, à part le Rassemblement national, personne n'a intérêt à se retrouver devant les électeurs dans les prochaines semaines. En coulisses, les tractations ont déjà commencé, puisque le patron de Renaissance Gabriel Attal, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure et la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier se sont enfermés, en marge de leurs interviews chez TF1 lundi, dans une loge de maquillage pour échanger durant plus de 45 minutes.
Quelle stratégie pour les Républicains après la démission de Sébastien Lecornu ?
Une ultime entente avec les LR est-elle possible ? Non, à ce stade, ça ne change strictement rien. "La confiance avec Sébastien Lecornu est rompue", acte un cadre du parti auprès d'Europe 1. Même son de cloche dans l'entourage de Bruno Retailleau. "Il faut un Premier ministre qui ne soit pas issu du macronisme pour que ça marche", indique un proche du ministre démissionnaire de l'Intérieur.
Mais pour autant, Les Républicains, n'appellent pas pour le moment à une dissolution de l'Assemblée nationale. "On peut encore trouver une majorité dans la situation actuelle", juge un ministre LR qui imagine un gouvernement technique, voire une figure comme Gérard Larcher, s'installer à Matignon. Retrouvez notre article ici.
La nomination de Bruno Le Maire cachée au patron des LR ?
Dimanche, vers 17h, au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau n’a toujours pas de nouvelles de Sébastien Lecornu. Il décide alors de se rendre directement à Matignon. A son arrivée, le patron de LR constate que le Premier ministre, entouré d’une quinzaine de conseillers, s’affaire à la préparation de son discours de politique générale.
Bruno Retailleau insiste et fait savoir que la composition du gouvernement est beaucoup plus urgente. Sébastien Lecornu lui dévoile alors la composition de ce dernier. Mais il y a un blanc dans la ligne du ministère des Armées. Le président des Républicains veut en savoir plus. "C’est le domaine réservé du Président", évacue le Premier ministre, sans en dire davantage.
Un peu plus tard dans la soirée, c’est par l’annonce du secrétaire général de l’Élysée qu’il découvre, comme tous les Français, que Bruno Le Maire fait partie du gouvernement. "Il y a eu une volonté de cacher cette nomination, pensant qu’on finirait par tout accepter", dénonce l’entourage de Bruno Retailleau. Il n’en fallait pas plus pour acter la rupture. Retrouvez notre article ici.