Normalement, le ministre de l'Éducation nationale est chargé de faire le discours de rentrée scolaire. 1:47
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Arthur De Laborde, édité par Ophélie Artaud
Ce jeudi, Emmanuel Macron s'est exprimé devant les recteurs d'académie, à quelques jours de la rentrée. Il a annoncé qu'aucun professeur ne serait embauché avec un salaire inférieur à 2.000 euros net par mois. Un discours normalement réservé au ministre de l'Éducation et qui donne l'impression que Pap Ndiaye est effacé sur le sujet.

Emmanuel Macron s'est livré à un exercice assez particulier jeudi : un discours devant les recteurs d'académie, à une semaine de la rentrée scolaire. Un discours qui pose question. Le chef de l'État a-t-il voulu damer le pion à son ministre de l'Éducation nationale ? Pap Ndiaye, qui s'est exprimé hier soir sur France 2 mais dont les propos avait déjà été défloré par le président de la République. C'est lui qui a fixé les orientations de cette rentrée scolaire. Le président s'est en quelque sorte transformé en super ministre de l'Éducation nationale.

Plus d'autonomie pour les établissements

Avec des annonces à la clé, comme l'extension du pass culture au collège dès la classe de sixième. Il a aussi confirmé des promesses : aucun professeur embauché sous les 2.000 euros net par mois. Mais face à une école qu'il a décrite comme plus à la hauteur, avec des élèves malheureux, des professeurs désabusés et des parents inquiets, c'est surtout une révolution culturelle qu'Emmanuel Macron a appelée de ses vœux. Plus d'autonomie pour les établissements pour que chaque école bâtisse son projet.

Intervention très nourrie donc devant les pontes de l'Éducation nationale qui l'écoutaient religieusement. C'est d'ailleurs la première fois qu'un président de la République se livrait à cet exercice traditionnellement réservé aux ministres. Ce qui sous-entend que Pap Ndiaye n'aurait pas totalement la main sur la politique éducative. Certains syndicats y ont vu la démonstration de la volonté d'Emmanuel Macron de reprendre la main sur le sujet de la rentrée et de tutorer son ministre, qui peine à s'affirmer depuis qu'il est installé rue de Grenelle.

Un ministre discret

En mai dernier, cet intellectuel novice en politique était arrivé avec la double étiquette d'anti-Blanquer et d'homme de gauche. Trois mois après, la rupture promise à l'époque semble loin. Et lorsqu'on se penche sur la composition de son cabinet, la continuité saute aux yeux, entre ancien collaborateur de Jean-Michel Blanquer et proche du chef de l'État. Un entourage qui semble le cadrer et le tenir à bonne distance de la presse lors de ses déplacements. Pour le moment, Pap Ndiaye a surtout opté pour la discrétion. Et lors de ses rares prises de parole, il s'est souvent montré très consensuel.