Le président, Emmanuel Macron, a annoncé, mardi, que des "mesures restrictives et dissuasives" seraient prises pour empêcher les Français de skier à l'étranger à Noël. 1:39
  • Copié
Jean-Rémi Baudot et Mickäel Darmon avec AFP , modifié à
Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé, mardi, que des "mesures restrictives et dissuasives" seraient prises pour empêcher les Français de skier à l'étranger à Noël. Il a également appelé à une véritable coordination à l'échelle européenne alors qu'il était en compagnie du Premier ministre belge, Alexander de Croo. 

Emmanuel Macron a indiqué mardi que le gouvernement envisageait de prendre "des mesures restrictives et dissuasives" pour empêcher les Français d'aller skier à l'étranger, notamment en Suisse, à Noël alors que les remontées mécaniques seront fermées en France à cause de l'épidémie de coronavirus

"S'il y a des pays qui maintiennent des stations ouvertes, il y aura des contrôles pour dissuader les Français" et pour "ne pas créer une situation de déséquilibre avec des stations en France", a expliqué le chef de l'Etat devant la presse après avoir reçu le Premier ministre belge Alexander de Croo. "Nous aurons des mesures restrictives et dissuasives" qui "seront affinées dans les prochains jours avec le gouvernement et en fonction de la clause de revoyure qu'on a prévue vers le 11 décembre", a-t-il précisé.

Vers la mise en place d'une quarantaine ? 

Une mise en garde et une déclaration d’intention dans un contexte particulier : l’Autriche, la Suisse et, dans une moindre mesure, l’Espagne ne prévoient pas forcément de fermer leurs stations à Noel. Des discussions restent en cours aux niveaux locaux mais à défaut de pouvoir contraindre nos voisins à fermer leurs stations, Emmanuel Macron envoie donc un message aux skieurs français.

Selon nos informations, la possibilité d’une quarantaine est évoquée pour toute personne qui reviendrait de ces zones. Est-ce suffisamment dissuasif et restrictif, pour reprendre les mots du président ? Est-ce par ailleurs réaliste d’un point de vue des contrôles alors qu’aujourd’hui les frontières ne sont pas fermées avec nos voisins ? Il y a encore beaucoup de questions derrière cette affirmation du président.

Les stations sont des "lieux de brassage" pour Emmanuel Macron 

Emmanuel Macron a dit comprendre "l'angoisse (...) des élus de montagne et des professionnels" et a assuré que tout était fait pour "pouvoir recommencer au plus tôt possible en janvier" les activités montagnardes "quand on aura une visibilité" sur l'épidémie de Covid-19. Mais, a-t-il souligné, les stations sont "des lieux de brassage" où "il fait nuit à partir de 17 heures" et où "on se retrouve dans des lieux qu'on a loués à plusieurs. On sait que c'est comme cela qu'on s'infecte et donc on cherche plutôt à l'éviter" pour "ne pas sacrifier tous les efforts qu'on faits".

"Il faut de la coordination européenne"

Sur l'ouverture des stations durant les vacances, "il faut de la coordination européenne" selon lui, parce que pour le moment, tous les pays ne sont pas "exactement alignés". Avec l'Allemagne, et probablement l'Italie, "on veut convaincre nos partenaires", comme la Suisse ou l'Espagne, de ne pas le faire. Alexander de Croo a également jugé nécessaire "une solidarité entre pays" européens sur ce dossier et a prévenu que des contrôles seraient faits aux frontières de la Belgique pour les Belges qui iraient en vacances à l'étranger.

Face à la grogne des professionnels de la montagne, le gouvernement de Jean Castex a annoncé une série de mesures d'aides, notamment une indemnisation des remontées mécaniques fermées en décembre et un dispositif de chômage partiel avec "un reste à charge zéro" pour les saisonniers. La décision de fermer les stations a provoqué colère et inquiétude du secteur, relayées par de nombreux élus locaux.

Faire diversion

D'un point de vue purement politique, cette annonce d'Emmanuel Macron, à laquelle se sont ajoutées des précisions sur le calendrier vaccinal français, est faite à point nommé. Alors que l'exécutif s'enlise dans le débat autour de la proposition de loi dite "sécurité globale" et fait face à une contestation grandissante autour du thème des violences policières, la sortie du président vise bien sûr à recentrer le débat sur d'autres terrains. 

Depuis quelques semaines, ses conseillers préviennent d'ailleurs de son intention de se montrer très réactif. Le chef de l'État a déjà posté un message Facebook après le passage à tabac de Michel Zecler par des policiers, passé un savon sévère à ses ministres lundi. Les annonces d’aujourd’hui et une interview au média en ligne Brut après-demain, destinée à la jeunesse, montrent la volonté du président d'ouvrir une nouvelle séquence pendant laquelle, une fois est bien coutume, il compte se montrer sur tous les fronts.