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Hadrien Bect, édité par Ariel Guez , modifié à
Le débat était médical, il est devenu politique. L'hydroxychloroquine, présentée par le professeur Didier Raoult comme un remède au Covid-19, agite le monde politique, ce qui a contraint l'exécutif à autoriser sous certaines conditions le traitement. Mais le gouvernement veut éviter que le sujet se retourne contre lui. 

C'est le débat qui anime le monde médical depuis le début du confinement : faut-il prescrire l’hydroxychloroquine pour les patients atteints du coronavirus ? Le traitement, promu et popularisé par le Professeur Didier Raoult à Marseille, est controversé car les études du docteur ne portaient que sur un nombre très réduit de patients. De nouvelles études sont en cours et les premiers résultats devraient arriver sous peu. Mais le sujet médical est devenu un sujet politique dont le gouvernement tente aujourd'hui de se dépêtrer. 

La chloroquine est devenue un sujet politique

"La chloroquine, c’est ultra sensible, c’est un piège pour nous", assure un membre de la majorité. Une partie de la classe politique, notamment à droite, s’est saisie du sujet, réclamant des tests cliniques. À gauche aussi, les politiques s'intéressent à la question, puisque Jean-Luc Mélenchon, président du groupe LFI à l'Assemblée nationale, a échangé par téléphone avec le Professeur Raoult.

En Corse, Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de l'île, expliquait au micro d'Europe 1 que l'Île de Beauté devait être un "territoire pilote" pour les essais cliniques. 

"On a choisi un entre-deux"

L'opinion publique, quant à elle, soutient en partie les thèses du professeur marseillais. Une pétition, lancée par l'ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy et qui appelle le gouvernement à généraliser l’usage du médicament, a recueilli plus de 345.000 signatures en quelques jours. 

Alors pour ne pas tomber dans ce piège de l'hydroxychloroquine, l’exécutif a choisi de l’autoriser, mais dans des cas bien précis. Il faut que le patient soit hospitalisé et que son cas soit grave. "On a choisi un entre-deux, ça aurait été prendre un risque que de ne pas faire un pas", décrypte un conseiller. 

Le professeur Raoult, promoteur du traitement, fait lui aussi l’objet de toutes les attentions. Emmanuel Macron échange régulièrement avec lui, Olivier Véran aussi. "Ils ont du respect pour lui", assurent les proches de l'exécutif. Reste que le ministre de la Santé attend le bilan des essais cliniques avant d’aller plus loin. Si ces résultats intermédiaires sont positifs, "j'espère qu’on ne nous fera pas le procès d’avoir voulu vérifier que ça fonctionnait", s’inquiète un conseiller.