Convention citoyenne pour le climat : Ségolène Royal appelle à "ne plus perdre de temps"

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Pauline Rouquette , modifié à
Les résultats de la Convention citoyenne pour le climat seront connus dans le week-end, après un travail de près de neuf mois sur des solutions concrètes de lutte contre le changement climatique. Un temps bien trop long pour Ségolène Royal. Invitée d'Europe 1, vendredi, celle-ci a appelé à l'accélération du processus, afin de "passer directement à l'action".
INTERVIEW

"Quand on parle d’urgence climatique, il faut répondre par la rapidité des actions", martèle Ségolène Royal, au micro d'Europe 1. Invitée du journal de 18 h, vendredi, l'ex-ministre de l'Environnement a insisté sur la nécessité de prendre des mesures concrètes et rapides, alors que les résultats de la Convention citoyenne pour le climat, annoncée en 2019 par Emmanuel Macron, seront connus dans le week-end. 

Je pense qu’il y a eu un travail approfondi qui a été fait, mais qui a pris beaucoup de temps", affirme-t-elle. "Pendant ces huit mois, il y a eu beaucoup de recul en matière environnementale : sur les pesticides, les permis miniers, la protection des espaces naturels", énumère-t-elle. "Donc maintenant, il faut accélérer le processus".

"Toute procédure qui fera perdre du temps sera une mauvaise action"

"Ce qu'on aurait pu imaginer, c'est que dès qu’une proposition sortait de cette convention, elle soit tout de suit mise en application, pour éviter ces délais très long", regrette Ségolène Royal. "Aujourd'hui, il ne faut plus perdre de temps et passer directement à l’action sur les bonnes proposition qui sont faites".

Les 150 citoyens tirés au sort pour plancher sur des solutions de lutte contre le dérèglement climatique votent à partir de vendredi sur leurs propositions. Celles qui seront adoptées se verront remises à l'exécutif dès dimanche, et Emmanuel Macron s'est engagé à y apporter une première réponse le 29 juin. Ce dernier envisagerait même un référendum sur le climat, selon plusieurs sources proches du président de la République.

Mais pour Ségolène Royal, un référendum n'a rien de concret. "Tout le monde voit que ce n'est pas adapté", lance-t-elle. "Si la question est de savoir si les Français veulent plus de protection de l’environnement et lutter contre dérèglement climatique, la réponse est oui, il y a même, régulièrement, des manifestations pour que ça accélère !", poursuit l'ancienne ministre. "Toute procédure qui fera perdre du temps ou qui sera une manœuvre politicienne visant à redonner le blason du gouvernement sera une mauvaise action, pas conforme avec la volonté du pays".

"Faire des choses rapides, mettre les financements sur la table"

D'ailleurs, selon elle, les Français se sont déjà prononcés. "Il y a eu l'accord pour le climat en décembre 2015, avec toutes les décisions qui étaient déjà potentiellement acquises, et des applications qui ont été faites", déclare l'ancienne ministre de l'Environnement, évoquant le crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) mis en place lorsqu'elle était au gouvernement, mais dont la suppression est prévue pour janvier 2021. "Il faut faire des choses simples et rapides, mettre les financements sur la table".

Les mesures qui seront mises en place doivent être en phase avec la situation actuelle de la France, ajoute Ségolène Royal. "On est face à la gestion de l'après-crise sanitaire, or, la convention s'est réunie avant, donc il faut tenir compte du nouveau contexte". Un contexte qui, selon elle, peut être une opportunité de créer des emplois dans les domaines de la transition énergétique.

De manière concrète, Ségolène Royal appelle à agir à trois niveaux : les citoyens, notamment en rétablissant le CITE ; les entreprises, principalement celles du bâtiment, en baissant la TVA sur les travaux d'isolation énergétique ; et les territoires, en mettant "l'argent sur la table", et en donnant "les aides européennes aux territoires pour qu'ils engagent des travaux".

Tout ceci doit être fait, et rapidement, répète l'ancienne ministre, qui insiste sur le caractère superflu d'un référendum. "Le gouvernement n'est pas capable d'apporter les réponses aux personnels soignants qui sont obligés de manifester pour obtenir leurs 300 euros par mois, et on va nous faire croire qu'avec un référendum, on va lutter contre le dérèglement climatique ? Soyons sérieux", ironise Ségolène Royal. "Chaque jour qui passe où ces chantiers de la transition écologique ne sont pas lancés, c'est un jour de perdu", poursuit-elle. "J'espère que le président va être sérieux, et qu'à partir des propositions, va tout de suite passer à l'action".