"Ça fait 35 ans que la droite a courbé l'échine, soyons nous-mêmes", exhorte Bruno Retailleau

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Pauline Rouquette , modifié à
Alors que des convergences entre la droite et le Rassemblement national ont été récemment pointées, le président des sénateurs Républicains, Bruno Retailleau a insisté, mardi sur Europe 1 : il refuse de se situer par rapport au RN, et demande à la droite de "rester fidèle à ses valeurs".
INTERVIEW

Les digues entre la droite et le Rassemblement national vont-elles céder ? "Je n'ai pas à me situer par rapport au RN, et je refuse d'entrer dans un piège", insiste Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat et candidat à l'élection présidentielle, invité d'Europe 1, mardi. 

Dimanche, le numéro 2 des LR, Guillaume Peltier, a pris position en faveur de Robert Ménard, le maire de Béziers soutenu par le Rassemblement National, et s’est dit favorable à la création d'une "justice exceptionnelle, sans appel possible" pour les affaires de terrorisme. Des déclarations qui sèment le désordre dans les rangs de la droite, à trois semaines des élections régionales. Pour autant, Bruno Retailleau se montre catégorique : il refuse cette passerelle entre droite et extrême droite et demande à son parti de s'affirmer en se resserrant autour d'un chemin commun.

"On s'est mis sous la table, et on a perdu nos électeurs"

"Ça fait 35 ans que la droite s'est complexée, parce qu'elle n'osait plus répondre sur l'immigration, sur la sécurité... On a baissé le ton, on a courbé l'échine, on a rasé les murs, on s'est mis sous la table, et on a perdu nos électeurs", déplore Bruno Retailleau, au micro d'Europe 1. Car non, le président des Républicains au Sénat s'y refuse, et le répète et le souligne : les barrières qui séparent son parti de celui de Marine Le Pen n'ont pas cédé, et ne cèderont pas. "C’est un parti démagogue et je n’ai pas à me situer par rapport à eux".

"Je veux autre chose", poursuit-il, disant avant tout se battre pour les présidentielles. Cet "autre chose", c'est voir la droite se réaffirmer afin que le duel de la présidentielle de 2022 ne soit pas celui de la présidentielle de 2017. "Les Français refusent ce duel, ils n'en veulent pas".

Aussi, Bruno Retailleau implore la droite de rester fidèle à ses valeurs : "Je veux le mérite à l'école plutôt que la sélection par la discrimination positive, je veux une justice qui se préoccupe de la victime plutôt qu'une justice qui excuse le coupable, je veux que le travail paie en France plutôt qu'une pompe géante qui permette à trop de gens de vivre aux crochets de la société...", énumère-t-il. "Soyons nous-mêmes avec notre identité politique, et ne cédons rien. Nous avons des choses à dire sur la sécurité, je ne veux pas le désordre d'Emmanuel Macron, et je ne veux pas la démagogie de Marine Le Pen."

"Je n'appellerai pas à voter pour le RN"

Quant à ceux qui s'obstinent à établir des liens entre droite et extrême droite, Bruno Retailleau leur répond : "C'est Lionel Jospin qui avait parlé du 'petit théâtre de l’anti-fascime', mais cette ficelle a affaibli la droite et fait prospérer le Front national".

"Les Français veulent de la clarté", répète le sénateur LR de Vendée. "Regardez en Paca. Cette alliance entre Macron et une partie de la droite, ça a abouti à faire prospérer le candidat du RN". Ainsi, pour Bruno Retailleau les choses sont claires : "Je n’appellerai pas à voter pour le RN, et je n’appellerai pas à voter pour ceux qui font monter le RN."