Amendements LFI sur la réforme des retraites : "On bloquera tout ce qu'il est possible de bloquer"

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Mathilde Durand , modifié à
Ugo Bernalicis, député La France Insoumise, réagit au micro d'Europe 1. Il assume de faire "du zadisme parlementaire" et de jouer le rôle attendu d'une opposition. "C'est une forme de grève du zèle, c'est notre contribution", explique-t-il. 
INTERVIEW

Les députés ont commencé l'examen en commission de la réforme des retraites du gouvernement, alors que les manifestations se poursuivent contre ce projet controversé. Mais le travail des députés risque d'être long : un nombre record d'amendements a été déposé. 22.000 don 19.000 par les députés de la France Insoumise. Le gouvernement dénonce un blocage anti-démocratique. Ugo Bernalicis, député la France Insoumise, réagit au micro d'Europe 1. 

"Du zadisme parlementaire"

"On nous accuse de vouloir occuper l'Assemblée nationale. Cela tombe bien, nous sommes élus pour ça. Puis on s'est rappelé le sort de la dernière ZAD de Notre-Dame-des Landes, c'est-à-dire le retrait. Donc oui, c'est du zadisme parlementaire et j'espère que l'on obtiendra le même résultat politique", déclare le député. "On ne pouvait pas rêver de meilleur compliment de la part de la majorité", ajoute-t-il. 

L'élu de la France Insoumise assume ce blocage et le décrit comme une manière de prolonger l'action de grève des salariés. "C'est une forme de grève du zèle, c'est notre contribution". Ugo Bernalicis dénonce des mensonges et un manque de dialogue du gouvernement sur la réforme des retraites. "Vous avez une étude d'impact qui est truquée", affirme-t-il en rappelant l'avis sévère du Conseil d'Etat sur le texte de la réforme. "Dans cette étude vous avez un cas type d'une infirmière qui est payée 2.500 euros net. Je connais beaucoup d'infirmières dans ce pays qui aimeraient toucher ce salaire. C'est vous dire le niveau auquel on se trouve." 

"C'est ce qu'on attend d'une opposition"

"Face à cette provocation politique, cette volonté de passer en force à l'Assemblée nationale, nous disons non", affirme le député. "On bloquera tout ce qu'il est possible de bloquer dans ce processus législatif. Et nous le faisons de la meilleure façon qui soit : en parlant, parce qu’on est parlementaires. On parle, on parle, on parle et on déploie nos arguments."

"Ce n'est pas particulièrement constructif", concède Ugo Bernalicis. "Mais on a beaucoup de messages de solidarité depuis qu’on a annoncé déposer 19.000 amendements et depuis qu'on commence à les défendre, parce que c’est ce qu’on attend d’une opposition, c’est de s’opposer. Ne rien laisser passer, ne pas laisser un pouce de terrain à ce gouvernement."

Une procédure en accélérée 

La commission spéciale, composée de 71 députés, a jusqu'au 17 février pour étudier les amendements, sinon c'est le texte initial du gouvernement qui sera débattu par les députés. Hier, en 6h30, 246 amendements ont été examinés sur les 22.000 déposés. "La commission n’a pas été programmée pour faire son travail", déplore Ugo Bernalicis. "Elle a été programmée en procédure accélérée pour 'torcher ça rapidement'. On va les embêter jusqu’à l'épuisement. Ils nous épuisent avec leur loi à trous, ils épuisent les manifestants à ne vouloir écouter personne, et bien nous allons les épuiser aussi. Nous ne sommes que 17 mais nous avons une capacité à parler longtemps", affirme-t-il. 

Le député France Insoumise dénonce la volonté du gouvernement de tuer le débat parlementaire. "C'est une réforme d’un système qui existe depuis 1945, dans son principe, et qui n’a pas bougé depuis. Et ils veulent réformer ça en procédure accélérée ? Si c’est vraiment une grande loi, on prend le temps d’en discuter à l’Assemblée nationale, et avec les partenaires sociaux", souligne-t-il. L'objectif final de ce blocage parlementaire : le retrait de la réforme. "Les Français y sont majoritairement opposés, la bataille de l’opinion a été perdue."