RSF publie un rapport accablant sur la liberté de la presse en Chine

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Louise Bernard, édité par Solène Leroux avec AFP , modifié à
Pas moins de 71 journalistes ouïghours, professionnels ou non, sont en détention en Chine dans le cadre de la répression de cette ethnie musulmane au Xinjiang dans le nord-ouest du pays, affirme l'ONG Reporters sans frontières (RSF), dans un rapport qui dévoile certaines des méthodes du régime chinois.

Au moins 127 journalistes sont détenus en Chine. Parmi eux, 71 sont des ouïghours, cette ethnie musulmane réprimée dans le nord-ouest du pays. La répression s'est intensifiée avec le Covid-19. L'ONG Reporters sans frontières parle d’une "campagne de répression sans précédent menée par le régime chinois au cours dernières années contre le journalisme et le droit à l'information" dans un rapport intitulé "Le grand bond en arrière du journalisme en Chine". Il dévoile les méthodes du régime chinois. "Très peu de sujets échappent désormais à la censure" d’après RSF. Et pour avoir leur carte de presse, les journalistes devront suivre une formation où il est question de la pensée de Xi Jinping et devront télécharger une application espionne. 

Le régime communiste a imposé "un black-out sur l'information" au Xinjiang en empêchant de facto les reportages indépendants sur le terrain, estime depuis l'étranger la journaliste ouïghoure Gulchehra Hoja, citée dans le rapport. Parmi les auteurs ouïghours en détention figure l'intellectuel Ilham Tohti, lauréat du prix Sakharov 2019 du Parlement européen, et qui tenait un site internet recensant des problèmes rencontrés par sa minorité. Mais aussi Gulmira Imin, administratrice d'un autre site internet, qui est pour sa part emprisonnée depuis 2009. Xi Jinping a "brutalement mis fin" aux espoirs d'amélioration de la liberté de la presse en Chine, a estimé le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.

177 sur 180 au classement sur la liberté de la presse

L'an dernier, 18 reporters étrangers ont dû quitter le pays et une journaliste australienne travaillant pour la télévision chinoise, Cheng Lei, a été arrêtée. Au moins dix journalistes, professionnels ou non, ont été arrêtés après avoir couvert début 2020 l'imposition de la quarantaine dans la ville de Wuhan, où le Covid-19 a été initialement découvert. L'une d'entre eux, Zhang Zhan, a été condamnée à quatre ans de prison.

Selon ses proches, les jours de cette "journaliste citoyenne", qui observe une grève de la faim, sont comptés. La Chine est 177e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.