Liberté de la presse : le journalisme "bloqué" dans plus de 130 pays, selon RSF

Christophe Deloire est le président de Reporters sans frontières.
Christophe Deloire est le président de Reporters sans frontières. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP
Reporters sans frontières publie mardi l'édition 2021 de son classement mondial de la liberté de la presse. L'ONG estime notamment que la pandémie de Covid-19 a représenté "une forme d'opportunité pour des États qui ont pu restreindre la liberté de la presse". 

L'exercice du journalisme, "principal vaccin" contre la désinformation en pleine pandémie de coronavirus, est "totalement ou partiellement bloqué" dans plus de 130 pays, alerte Reporters sans frontières (RSF), qui publie mardi l'édition 2021 de son classement mondial de la liberté de la presse.

Au total, 73% des 180 pays évalués par l'ONG se caractérisent par des situations jugées "très graves", "difficiles", ou "problématiques" pour les journalistes, et sont ainsi classés noir, rouge ou orange sur la carte du monde de la liberté de la presse. Si cette proportion reste stable sur un an, seuls 12 pays sur 180, soit 7%, contre 8% l'année dernière, affichent une "bonne situation". Cette "zone blanche" n'a "jamais" été "aussi réduite depuis 2013", d'après RSF.

La pandémie a exacerbé la répression dans certains pays

En outre, la pandémie de Covid-19 a représenté "une forme d'opportunité pour des États qui ont pu restreindre la liberté de la presse", souligne à l'AFP le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Elle a ainsi exacerbé la répression dans les pays les plus "muselés" comme l'Iran (174e, -1), l'Arabie Saoudite (170e), l'Egypte (166e) ou la Syrie (173e, +1), d'après l'ONG.

Elle a également "provoqué une énorme fermeture des accès" au terrain et aux sources d'informations pour les journalistes, insiste Christophe Deloire. La situation est d'autant plus préoccupante que le journalisme est le principal rempart contre la "viralité de la désinformation", parfois alimentée par les gouvernements eux-même.

Les présidents Jair Bolsonaro au Brésil (111e, -4) et Nicolas Maduro au Venezuela (148e, -1) ont ainsi "fait la promotion de médicaments dont l'efficacité n'a jamais été prouvée par le monde médical", rappelle RSF. 

La France 34e 

Au bas du classement figurent toujours la Chine (177e), devant le Turkménistan (178e, +1), la Corée du Nord (179e, +1) et l'Erythrée (180e, -2). En haut du tableau, la Norvège conserve sa première place pour la cinquième année consécutive, devant la Finlande et la Suède, redevenue troisième au détriment du Danemark (4e, -1).

Si l'Europe reste la région la plus sûre, les agressions et interpellations abusives s'y sont multipliées, notamment en Allemagne (13e, -2), en France (34e) lors des manifestations contre le projet de loi "sécurité globale", en Italie (41e), en Pologne (64e, -2), en Grèce (70e, -5), en Serbie (93e) et en Bulgarie (112e, -1).