Jeudi soir, Israël, l'Autriche et le Danemark ont conclu une alliance pour le développement et la production de vaccins de nouvelle génération contre le Covid-19. 1:33
  • Copié
Isabelle Ory, Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
Jeudi soir, Israël, l'Autriche et le Danemark ont conclu une alliance pour le développement et la production de vaccins de nouvelle génération contre le Covid-19. Un accord qui passe mal auprès de Paris, la France martelant l'importance du cadre européen dans la lutte contre la pandémie.
DÉCRYPTAGE

Un nouveau coup de canif dans la solidarité européenne ? Jeudi soir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, la Première ministre danoise, Mette Frederiks, et le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, ont annoncé une alliance pour le développement et la production de vaccins de nouvelle génération contre le Covid-19. Un projet hors de l'Union européenne, qui prévoit notamment la mise en place d'"un fonds de recherche et développement". "Nous menons tous les trois des recherches prometteuses qui ouvriront la voie à la prochaine génération" de développement biomédicale, a notamment expliqué Mette Frederiksen, ajoutant que cette nouvelle alliance allait "explorer la possibilité de coopérer sur des essais cliniques".

"Sans l'Union européenne, il n'y aurait pas de doses ni en Autriche, ni au Danemark"

Après l'achat de vaccins chinois et russes par certains pays de l'UE, cette nouvelle échappée en dehors du cadre européen n'est guère bien accueillie à Bruxelles. Pourtant, la Commission européenne ne fustige pas officiellement la démarche de l'Autriche et du Danemark. Elle estime que toutes les énergies sont bonnes à prendre pour lutter contre le Covid-19. Côté français en revanche, les critiques sur cet accord sont plus directes... et plus acides. Invitée de Sonia Mabrouk dans la matinale d'Europe 1 vendredi, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie, mais aussi de la logistique des vaccins, a notamment rappelé que "sans l'Union européenne, il n'y aurait pas de doses ni en Autriche ni au Danemark". "C'est ce cadre-là [le cadre européen] qui leur a fourni beaucoup de doses", a renchéri la ministre.

Balayant par la suite l'argument d'une lenteur des 27 comme origine de l'alliance avec Israël, Agnès Pannier-Runacher a affirmé que c'est justement parce "qu'on n'a pas eu assez d'Union européenne que nous n'avons pas été plus loin". Ce qui n'a pas empêché le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, de concéder par ailleurs des "manques parfois lourds" dans la politique des vaccins de Bruxelles. Une critique reprise également par le ministre belge de la Santé, Frank Vandenbroucke, qui a pointé les "problèmes de livraison".

Le cadre européen, garant de "l'efficacité collective"

Reste qu'à Paris, on martèle que la solution "la plus efficace" pour répondre aux besoins de vaccination "doit continuer de reposer sur le cadre européen". Un cadre qui est le garant de la "solidarité entre Etats membres plus que jamais indispensable" et de "notre efficacité collective", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "Nous devons coopérer sur ce dossier au sein de l'Union européenne (...) mais nous devons aussi coopérer à l'échelle mondiale", a rétorqué le chancelier autrichien, qui a qualifié Israël "de premier pays dans le monde à faire la démonstration que le virus peut être vaincu".

Une affirmation certes exacte, mais qui omet de rappeler que c'est à la faveur d'un accord avec le tandem américano-allemand Pfizer/BioNTech qu'Israël a pu administrer au moins une première dose de vaccin à plus de la moitié de ses 9,3 millions d'habitants. Car Jérusalem ne produit aucun vaccin. Si le pays peut donc se targuer d'être un "modèle mondial" dans la gestion de la pandémie, c'est grâce à un vaccin... en partie européen.