Kiev 2:31
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Nicolas Tonev (envoyé spécial à Kiev), édité par Juline Garnier , modifié à
Cela fait pile un mois que la Russie a commencé son invasion en Ukraine. Imaginée comme une opération éclair, l'armée russe patine et la guerre dure car la résistance ukrainienne est forte. "Ce n'est que le début du conflit", annonce un ancien officier général des services de l'armée ukrainienne, rencontré à Kiev. 
REPORTAGE

Un mois de cauchemar. Le 24 février dernier, la Russie attaquait l'Ukraine causant un bilan sordide : dix millions de déplacés et la ville portuaire de Marioupol presque rayée de la carte. Une guerre que le Kremlin voulait éclair mais qui dure car la résistance ukrainienne est forte et l'armée de Moscou rencontre d'importants problèmes logistiques, notamment à Kiev.

Dans la capitale ukrainienne, un ancien officier général des services de l'armée ukrainienne s'est confié au micro d'Europe 1. Son nom reste un secret, mais il a pu délivrer son analyse de cette guerre. "Ce n'est que le début du conflit", a-t-il annoncé, derrière ses lunettes noires.

Les Russes en difficulté logistique

L'ancien général major des services ukrainiens est formel. Il admet que l'armée russe est très supérieure, mais le renseignement permet de détecter des faiblesses qui aident l'Ukraine. "Quand on regarde des bases de données qui recensent les mouvements de marchandises des chemins de fer russes, on constate que quasiment derrière chaque numéro de wagon plateforme, il y a une commande de l'armée russe en service prioritaire. Mais aujourd'hui, il n'y a plus assez de wagons de ce type. Les engins militaires roulants sont donc bloqués en Russie. Les tanks et les véhicules, tout le nécessaire est bloqué", analyse-t-il.

Dans ces conditions, il doute que les Russes aient les moyens de prendre la capitale car le prix en serait très élevé.

"A Kiev, on a distribué de 25.000 à 30.000 kalachnikovs avec deux chargeurs pleins par mitraillette, soit 60 cartouches. Cela ne fait que deux à trois minutes de combat pour un pro. Mais si tout cela tire en plus du reste, ce sera très dur pour l'infanterie en face. Essayer de conquérir la ville comme cela au sol, ils ne vont pas le faire. Et s'ils essaient beaucoup vont mourir. C'est déraisonnable. Oui, mais c'est possible. Une tentative est possible", prévient l'ancien général.

Un encerclement total de Kiev est "impossible"

En ex-URSS, la profession d'espion était la plus prestigieuse, alors notre interlocuteur est presque confus du travail du général du FSB, organisateur de l'invasion. Il le connaît. Il sait qu'il est l'un des deux remerciés pour faute par Vladimir Poutine.

"C'est la cinquième section du FSB qui travaille sur les opérations d'espionnage, qui a tout organisé. Et là, franchement, se préparer à une guerre à ce niveau, ce n'est plus une erreur, c'est un crime. Le général Вeceda, comment a-t-il pu commettre autant de bourdes ? Ça relève plus du petit fonctionnaire que de l'agent secret", affirme l'ex-officier.

L'espion en retrait estime qu'en l'état actuel, un encerclement total de la capitale est impossible, car nécessitant au minimum 400.000 soldats russes en Ukraine. Mercredi, le Pentagone américain a assuré que les soldats russes avaient reculé de plus de 30 kilomètres à l'est de Kiev en 24 heures.