Sommet Chine-UE : "Ces derniers mois, les Européens ont eu plus de répondant"

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Romain David
Alors que s'ouvre lundi un sommet virtuel entre la Chine et l'Union européenne, l'avocat d'affaire Grégory Louvel évoque au micro d'Europe 1 les difficultés des Européens à dialoguer avec Pékin, notamment sur les questions commerciales. Toutefois, la crise sanitaire a poussé les premiers à faire preuve ces derniers mois d'une plus grande fermeté vis-à-vis du second.
INTERVIEW

Un sommet entre l'Union européenne et la Chine s’ouvre à partir de lundi à Leipzig en Allemagne. La situation sanitaire devrait en être l'un des principaux sujets, avec la crise politique à Hong Kong ou encore la répression des Ouïghours. Cette réunion se tiendra par visioconférence, en raison du Covid. "C’est une occasion ratée pour les Européens d’aborder certains sujets frontalement", déplore au micro d’Europe Matin Grégory Louvel, ​avocat d'affaire à Pékin. "Il est très difficile pour les Européens d’avoir un dialogue constructif et franc avec les Chinois. L’Europe n’est pas très importantes pour la Chine d’un point de vue stratégique", note-t-il.

Toutefois, le bras de fer commercial entamé par Donald Trump avec l’Empire du Milieu aurait poussé Bruxelles à faire montre de plus d’autorité vis-à-vis de Pékin, notamment sur les questions démocratiques et économiques. "On a atteint un tournant ces derniers mois. Pendant des années, on ne faisait pas grand-chose de très agressif, on essayait d’arrondir les angles", explique Grégory Louvel. "Ces derniers mois, on sent qu’avec le Covid-19 il y a eu un changement de la politique dans certains pays européens, allant vers plus de répondant. Si les Américains n’avaient pas osé hausser le ton et ouvrir la boîte de Pandore sur ces sujets, les Européens ne l’auraient pas fait non plus."

Les entreprises étrangères en difficulté

L’un des enjeux du sommet qui s’ouvre sera d’obtenir des garanties pour les entreprises européennes installées en Chine. "Depuis quelques années, elles se plaignent des difficultés pour faire du commerce en Chine, souvent à raison", relève Grégory Louvel. "Aujourd’hui, les nouveaux marchés à conquérir en Chine ont traits aux data, aux nouvelles technologies, à l’intelligence artificielle, etc. Mais la réglementation chinoise en matière de cybersécurité et de données personnelles fait que l’accès des entreprises étrangères aux traitements des data de citoyens chinois est quasiment impossible", explique-t-il. Une législation si inflexible, qu'elle pousserait désormais certaines entreprises étrangères à vouloir quitter le pays.