Royaume-Uni - Exploitation 1:32
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avec AFP / Crédit photo : ANDY BUCHANAN / AFP , modifié à
Ce lundi, l'annonce du gouvernement britannique, qui a promis des "centaines" de nouvelles licences d'exploration et d'exploitation pétrolières et gazières en mer du Nord, a provoqué une bronca des organisations écologistes. Et pourtant, cette déclaration a été présentée comme "meilleure pour le climat".

Le gouvernement britannique a promis lundi des "centaines" de nouvelles licences d'exploration et d'exploitation pétrolières et gazières en mer du Nord, provoquant une bronca des organisations écologistes face à une annonce présentée comme "meilleure pour le climat". Loin d'y voir une contradiction, le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a assuré que l'exploitation de ces ressources fossiles britanniques aiderait le pays dans son cheminement vers la neutralité carbone, promise pour 2050. Même à cet horizon, pétrole et gaz représenteront un quart de l'énergie du pays, a-t-il souligné.

Moins d'émissions de CO2

L'extraction en mer du Nord est "meilleure pour notre sécurité énergétique", qui ne dépendra "plus de dictateurs étrangers", a vanté avec enthousiasme Rishi Sunak. Ces ressources domestiques nécessiteront "deux, trois, quatre fois" moins d'émissions de CO2 qu'en étant acheminées depuis l'autre côté du globe, a-t-il affirmé aux télévisions britanniques. Cette annonce au cœur de l'été survient en plein questionnement dans le pays à l'égard de certaines politiques vertes pour des foyers durement éprouvés par l'inflation.

Rishi Sunak s'oppose frontalement à l'opposition travailliste, qui, donnée largement en tête en vue des élections législatives de 2024, veut mettre fin à l'octroi de nouvelles licences d'exploration en mer du Nord. Accusant le chef du gouvernement de tenter de "polariser le débat climatique et marquer des points politiques bon marché", Greenpeace Royaume-Uni a réfuté l'argumentaire de l'exécutif: "Les carburants fossiles ne sont pas nationalisés au Royaume-Uni", ils appartiennent aux entreprises qui les extraient "et seront vendues au plus offrant sur les marchés internationaux".

"Effondrement de la civilisation"

"Juillet a été le mois le plus chaud qu'on ait jamais connu à cause de la combustion d'énergies fossiles", a souligné Just Stop Oil, dont les militants mènent quasi quotidiennement des actions coup de poing pour réclamer la fin de tout nouveau projet d'exploration fossile. "Sunak est pire qu'un criminel de guerre", a accusé l'organisation écologiste, "il sait" que ces nouveaux projets "vont imposer des souffrances inimaginables et détruire vie et moyens de subsistance de milliard de gens", "pousser le monde vers des points de bascule irréversibles". Il "risque rien moins que l'effondrement de la civilisation humaine" affirme Just Stop Oil.

Les politiques vertes semblent vaciller au Royaume-Uni, notamment depuis la défaite surprise du Labour face aux conservateurs dans une élection locale dans l'ouest de Londres. Ce résultat a été mis sur le compte de la défiance des électeurs face à l'extension prévue fin août d'une taxe sur les véhicules polluants à l'ensemble du Grand Londres voulue par le maire travailliste Sadiq Khan. Le soutien à l'exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord va permettre de maintenir plus de 200.000 emplois, plaide Downing Street. Les premières nouvelles licences doivent être délivrées à l'automne.

"Vernis vert"

Le gouvernement a dévoilé en outre deux premiers sites de capture et de stockage de CO2 en mer du Nord, secteur susceptible, selon lui, de soutenir jusqu'à 50.000 emplois. Rishi Sunak a vanté le Royaume-Uni comme étant à la pointe de cette technologie. Mais selon Greenpeace, celle-ci est "souvent utilisée" pour du "greenwashing" par les géants pétroliers. L'association Friends of the Earth y voit un "vernis vert" et juge que si cette technologie fonctionnait un jour, ce dont elle doute à court terme, elle ne capterait pas "toute la pollution climatique causée par la combustion des énergies fossiles" ou les émissions lors de leur extraction.

Le Royaume-Uni, où plus de 330 millions de tonnes de CO2 ont été émises en 2022, compte capter et stocker 20 à 30 millions de tonnes de CO2 annuellement d'ici à 2030. Impliqué dans l'un d'eux, le groupe Shell a salué un "projet central" parmi les projets pour "décarboner les opérations en mer du Nord". Selon un sondage YouGov du printemps, 65% des Britanniques se disent inquiets des conséquences du changement climatique, mais ils s'opposent majoritairement à la plupart des mesures qui leur demanderaient un effort personnel. Un rapport des services météorologiques britanniques a averti récemment que les températures record de l'été 2022, où les 40°C ont été dépassés, paraîtraient "fraîches" d'ici à la fin du siècle.