Pour Amnesty, le coronavirus a poussé certains pays à "s’asseoir sur les droits" des réfugiés

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Romain David , modifié à
Invitée samedi de la matinale d'Europe 1, Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International, a estimé que les réfugiés ont été très largement laissés de côté par les politiques adoptées pour lutter contre la pandémie de Covid-19.
INTERVIEW

Le 20 juin marque la Journée internationale des réfugiés, voulue par l’Organisation des nations unies pour sensibiliser mais également récolter des fonds à l’attention des personnes qui fuient leur pays, bien souvent à cause de la guerre. Cette année, cette journée qui tombe en plein milieu d’une crise sanitaire mondiale et inédite revêt une dimension toute particulière. En effet, la pandémie de Covid-19 a poussé de très nombreux pays à fermer leurs frontières pour limiter la propagation du virus. Ainsi, l’ONU a annoncé n’avoir pu reprendre que jeudi dernier ses opérations de réinstallation de réfugiés dans des pays tiers. Selon l’organisation, la crise du coronavirus aurait retardé le départ de quelque 10.000 personnes.

"Cette crise sanitaire a accentué la souffrance de celles et ceux qui doivent fuir pour chercher une protection", constate samedi au micro d’Europe 1 Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International sur les questions de réfugiés et de migrants. "La crise sanitaire ne doit pas être une excuse pour empêcher ces personnes d’entrer sur le territoire européen ou pour mal les accueillir", martèle cette responsable.

Préserver les droits des réfugiés et respecter les conventions internationales

Elle estime que la plupart des mesures sanitaires adoptées, dans les différents pays, n’ont pas suffisamment pris en compte les réfugiés. "Nous sommes inquiets du fait que les réfugiés ne sont pas, aujourd’hui, au cœur des politiques [mises en place contre le Covid-19, ndlr]", souligne Lola Schulmann. "Les politiques doivent protéger, ils ne peuvent pas s’asseoir sur les droits, ni les conventions qu’ils ont signées et ratifiées. Il est de leur obligation de protéger les réfugiés et non pas, comme on le constate aujourd’hui, de les éloigner des territoires ou de les mettre dans des centres de détention en dehors de tout cadre sanitaire", déplore-t-elle.

"Si le nombre de réfugiés à travers le monde augmente, seule une infime partie de ces personnes rejoignent les territoires européens ou la France", explique-t-elle. Elle oppose ainsi aux 6 millions de réfugiés massés en Turquie, fuyant pour la plupart la guerre en Syrie, les 132.000 demandes d’asile déposées en France en 2019 (+7,9% par rapport à 2018). "Nous sommes tout à fait en capacité d’accueillir ces personnes dignement", conclut Lola Schulmann.