Emmanuel Macron 1:32
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Jacques Serais, avec AFP
Les chefs d'États de l'Union européenne ont rendez-vous ce jeudi après-midi à Versailles pour discuter jusqu'à demain de la réponse coordonnée des 27 à la guerre en Ukraine. L'invasion déclenchée par Vladimir Poutine a souligné le manque de capacités militaires européennes, les 27 Etats membres ayant très largement réduit leurs budgets depuis la fin de la guerre froide.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE vont tenter jeudi et vendredi à Versailles de poser les fondations d'une Europe plus souveraine après le choc de l'invasion russe en Ukraine qui a exposé ses faiblesses. La guerre déclenchée par Vladimir Poutine a souligné le manque de capacités militaires européennes, les 27 États membres ayant très largement réduit leurs budgets depuis la fin de la guerre froide. 

 

"Ce sommet est celui du sursaut européen, de la souveraineté européenne"

Elle a également mis en lumière l'extrême dépendance de l'UE envers le gaz importé de Russie qui limite sa capacité d'action contre Moscou. Même si elle a adopté un paquet de sanctions inédit, l'Europe continue de financer la Russie par ses achats énergétiques dont elle est incapable de se priver à très court terme. Cette dépendance menace aussi son économie qui doit se consolider après avoir déjà subi le choc historique de la pandémie de Covid-19. "Ce sommet est celui du sursaut européen, de la souveraineté européenne", souligne-t-on à l'Élysée.

Le président Emmanuel Macron, en campagne pour sa réélection, et qui assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, voit dans la crise actuelle la confirmation des thèses qu'il développe depuis plusieurs années. Les dirigeants des 27 pays membres se retrouveront au Château de Versailles à partir de 16h30 jeudi et commenceront par une discussion sur la défense et l'énergie, avant un dîner de travail sur l'Ukraine. La journée de vendredi sera consacrée au renforcement du modèle économique de l'UE, avant une conférence de presse finale dans l'après-midi. "C'est un moment décisif pour l'Europe, une Europe qui perd sa naïveté", a estimé le Premier ministre belge Alexander De Croo.

"Exprimer l'unité de l'Europe"

Le sommet ne devrait pas accoucher de décisions, mais plutôt fixer des orientations politiques qui seront mises en œuvre dans les mois à venir. L'appartenance de l'Ukraine à la famille européenne devrait être réaffirmée, même si le projet de Kiev d'adhérer à l'UE ne peut s'envisager que sur le long terme. Selon un projet de conclusions, les Vingt-Sept, qui réaffirment le rôle clé de l'Otan, vont souligner leur volonté d'investir "plus et mieux dans les capacités militaires", de favoriser les coopérations industrielles et les achats en commun, alors qu'une stratégie de défense doit être publiée avant la fin du mois.

Ils vont également examiner le projet de la Commission de réduire des deux-tiers la dépendance au gaz russe dès cette année, mais aussi de diminuer les importations de charbon et pétrole de Russie, en diversifiant les fournisseurs et en développant des énergies alternatives comme les renouvelables ou l'hydrogène. Le renforcement du stockage de gaz, mais aussi "l'optimisation du fonctionnement du marché de l'électricité", réclamés par l'Espagne et la France, sont également évoqués, tout comme un engagement pour de nouvelles mesures urgentes destinées à amortir l'impact de la hausse des prix de l'énergie pour les citoyens européens. Le litre d'essence à plus de 2 euros fait craindre des révoltes sociales de type "gilets jaunes".

 

Un emprunt commun pour amortir les conséquences de la guerre en Ukraine ?

Au-delà de l'énergie, l'Europe entend également renforcer les capacités de production de composants clés, comme les puces électroniques, les pénuries des dernières années ayant provoqué un électrochoc. Selon plusieurs sources européennes, la France tente par ailleurs de persuader ses partenaires d'adopter un nouveau plan de relance, sur le modèle du fonds de 800 milliards d'euros mis en œuvre depuis l'an dernier pour contrer les effets de la pandémie.

Il s'agirait cette fois d'un emprunt commun pour amortir les conséquences de la guerre en Ukraine. Mais le sujet "n'est pas à l'agenda", a affirmé le ministre allemand des Finances Christian Lindner, rétif à l'idée d'une nouvelle mutualisation de dettes, comme plusieurs pays d'Europe du Nord. La Commission européenne avait cependant indiqué la semaine dernière qu'elle pourrait prolonger la suspension de ses règles de rigueur budgétaire en 2023 si cela s'avérait nécessaire. Un état des lieux de l'impact économique de la guerre est prévu au printemps. Ce "sommet de crise", vise à "montrer l'unité de l'Europe, c'est essentiel", estime Eric Maurice de la Fondation Robert Schuman, et il pourrait "poser les bases d'une transformation en profondeur des politiques européennes".