Guerre Ukraine 2:44
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Caroline Baudry, avec AFP , modifié à
Au quinzième jour de l'invasion russe en Ukraine, les forces russes resserraient jeudi leur étau autour de Kiev, la capitale, et rejetaient des accusations de "crime de guerre" au lendemain du bombardement d'une maternité dans la ville assiégée de Marioupol, au sud du pays, qui avait fait 17 blessés selon un premier bilan. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

Des chars russes sont arrivés jeudi aux portes nord-est de Kiev, poursuivant leur manœuvre d'encerclement, pendant que les premières négociations directes à haut niveau entre les belligérants depuis le début de l'invasion de l'Ukraine n'ont pas permis de parvenir à un cessez-le-feu. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions pendant cet entretien, le premier à ce niveau depuis le 24 février, organisé en Turquie sous les auspices de leur homologue turc Mevlut Cavusoglu à Antalya (sud), une station balnéaire prisée des touristes russes.

Les principales informations :

- des chars russes aux portes nord-est de Kiev

- l'échec des pourparlers en Turquie

- le siège de Marioupol a fait 1.207 morts parmi les civils

Les chars russes se rapprochent de Kiev

Selon l'état-major ukrainien, les forces russes poursuivent leur "opération offensive" pour encercler Kiev, tout en attaquant sur d'autres fronts les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy, d'Okhtyrka ou dans les régions de Donetsk et de Zaparojie. Des chars russes sont arrivés jeudi à la lisière nord-est de la capitale ukrainienne Kiev, qu'ils menacent d'encercler après être déjà parvenus dans ses faubourgs nord et ouest.

Selon l'état-major ukrainien, les forces russes attaquent également sur d'autres fronts, dans l'est, les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy et d'Okhtyrka ou dans les régions de Donetsk et de Zaparojie. Une équipe de l'AFP a vue des colonnes de fumée s'échapper du village de Skybyn, à quelques centaines de mètres du dernier barrage des forces ukrainiennes avant l'entrée de Kiev au nord-est.

Le centre-ville de Tchernihiv pilonné, de nombreux morts

En fin de matinée, une pluie de roquettes russes Grad s'est abattue sur le village désert de Velyka Dymerka, à environ cinq kilomètres des limites de la capitale, dont certaines ont atterri à une vingtaine de mètres de l'équipe de l'AFP. La moitié de la population de l'agglomération de Kiev a fui depuis le début de l'invasion russe il y a deux semaines, a annoncé son maire, Vitali Klitschko, affirmant que, désormais, "un peu moins de deux millions d'habitants" s'y trouvaient.

L'Ukraine garde également le contrôle de Tchernihiv, au nord de Kiev, dont le centre-ville a été pilonné, provoquant la mort de nombreux civils. Dans la région de Jitomir, à l'ouest de la capitale, sept personnes ont été tuées dans la nuit, dont cinq dans le tir d'un missile sur une route, selon la police.

De nouveaux couloirs humanitaires

Des couloirs humanitaires ont de nouveau été ouverts jeudi pour permettre l'évacuation de civils de zones durement frappées par les combats, qui ont obligé les habitants de plusieurs grandes villes à rester parfois des jours cachés dans des caves. Un long convoi de bus se dirigeait dans la matinée vers le nord-ouest de Kiev, où les autorités organisent l'évacuation de personnes bloquées à Irpin et Boutcha. Plus de 60.000 Ukrainiens ont été évacués mercredi des villes assiégées, a déclaré jeudi Volodymyr Zelensky dans une vidéo.

L'échec des négociations russo-ukrainiennes

Les chefs de la diplomatie russe et ukrainienne ont échoué jeudi à s'accorder sur un cessez-le-feu en Ukraine au cours de leur première rencontre depuis le début de l'offensive de l'armée russe. Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions à Antalya (Turquie).

Le ministre ukrainien a déclaré que son homologue russe lui avait assuré que la Russie "allait continuer (son) agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler". Mais l'Ukraine "ne se rendra pas", a-t-il clamé.

 

Maternité détruite à Marioupol

"Aujourd'hui nous devons nous unir pour condamner ce crime de guerre de la Russie, qui reflète tout le mal que les envahisseurs ont fait à notre pays", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un message vidéo, appelant les leaders occidentaux à faire preuve de "courage" pour "faire enfin ce qu'ils auraient dû faire le premier jour de l'invasion. Soit fermer le ciel aérien aux missiles et bombes russes, soit nous donner des avions de chasse pour que nous puissions tout faire nous-mêmes".

Moscou affirme pour sa part que des "bataillons nationalistes" ukrainiens utilisaient l'hôpital comme base de tirs.

Les neuf jours de siège russe sur le port stratégique de Marioupol dans le sud de l'Ukraine ont fait un total de 1.207 morts parmi les civils, a affirmé mercredi la mairie surTelegram. Quelque 300.000 civils sont coincés depuis des jours par les combats dans le port stratégique de Marioupol, sur la mer d'Azov, privé d'eau, de nourriture et d'électricité et où l'aide humanitaire n'a pas pu arriver.

Hôpital bombardé : une "mise en scène" pour Moscou

L'armée russe a qualifié jeudi de "mise en scène" de "nationalistes" ukrainiens la frappe ayant visé la veille une maternité et un hôpital pédiatrique de la ville encerclée de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine. "L'aviation russe n'a accompli aucune mission de destruction de cibles dans la région de Marioupol", a assuré le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konachenkov.

Cette attaque qui a fait trois morts dont une fillette, a suscité une vague de condamnations internationales: "Crime de guerre odieux" pour l'Union européenne, usage "barbare" de la force contre des civils pour la Maison Blanche, acte "immoral" pour le Premier ministre britannique Boris Johnson ou encore "acte de guerre indigne" pour Emmanuel Macron.

Mig-29 : non définitif de Washington

Les Etats-Unis ont définitivement rejeté mercredi la proposition de la Pologne de livrer à l'armée américaine ses avions Mig-29 pour qu'ils soient ensuite remis à l'Ukraine, jugeant l'offre de Varsovie "risquée" et susceptible de provoquer une escalade russe.

Washington ne "soutient pas le transfert d'avions de combat supplémentaires à l'armée de l'air ukrainienne à l'heure actuelle" pour l'aider à faire face à l'invasion décidée par Vladimir Poutine, a déclaré le porte-parole du Pentagone John Kirby, à la suite d'un échange mercredi entre le ministre américain de la Défense et son homologue polonais.

Varsovie avait proposé de mettre ces avions à la disposition des Etats-Unis pour ensuite les livrer à l'Ukraine.

Tchernobyl: "pas d'impact majeur sur la sécurité"

La coupure de l'alimentation électrique dans le site nucléaire de Tchernobyl ne présente "pas d'impact majeur sur la sécurité", a affirmé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), informée du problème par les autorités ukrainiennes.

Armes chimiques : Washington accuse Moscou de "mensonges"

Les Etats-Unis ont accusé mercredi la Russie et la Chine de répandre des "mensonges" sur de prétendus laboratoires américains d'armes biologiques et chimiques en Ukraine, affirmant redouter plutôt un recours russe à de telles armes prohibées.

L'UE élargit ses sanctions

Les Vingt-Sept ont élargi leurs sanctions contre Moscou et Minsk à la suite de l'invasion de l'Ukraine, notamment en visant les cryptomonnaies, en sanctionnant la finance bélarusse et en ajoutant 160 oligarques et parlementaires russes à leur liste noire.

La France aidera les artistes russes "obligés de s'exiler"

La France compte aider les artistes russes "obligés de s'exiler" en raison de leur opposition au président Vladimir Poutine et à l'invasion de l'Ukraine, a affirmé mercredi la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot.