Le plateau du Golan, un territoire stratégique et disputé entre Israël et la Syrie

Le plateau du Golan, situé au sud-ouest de la Syrie, a été conquis en 1967 par Israël.
Le plateau du Golan, situé au sud-ouest de la Syrie, a été conquis en 1967 par Israël. © AFP
  • Copié
Ophélie Gobinet avec AFP , modifié à
Théâtre d’échanges de tirs de missiles dans la nuit de mercredi à jeudi entre Israël et les forces iraniennes, le plateau du Golan est une zone stratégique disputée depuis 1967 entre l’État hébreu et la Syrie. 
ON DÉCRYPTE

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces iraniennes présentes en Syrie ont lancé des tirs sur certaines positions situées sur le plateau du Golan, a affirmé l’État hébreu. En représailles, Tel-Aviv a annoncé avoir frappé "presque toutes les infrastructures iraniennes" en Syrie.

Zone stratégique à la fois pour les Syriens et les Israéliens, le plateau du Golan, situé au sud-ouest de la Syrie, a été conquis en 1967 par Israël. Riche en eau, ce territoire surélevé de 1.554 km2 reste l’un des principal contentieux du conflit israélo-syrien.

À qui appartient le plateau du Golan ?

Intégré à la Syrie dès l’indépendance du pays en 1946, le plateau du Golan devient un territoire rapidement disputé avec le nouvel État voisin d’Israel qui vient tout juste de voir le jour, le 14 mai 1948. Durant la guerre israélo-arabe de 1948-1949, les Syriens mesurent l’importance considérable de la zone comme outil défensif et offensif, explique le site Les Clés du Moyen-Orient.

C’est en 1967, lors de la guerre des Six Jours, qui opposent Israël à l’Égypte, à la Jordanie et à la Syrie que le territoire est conquis par l’État hébreu. Six ans plus tard, le Golan fait à nouveau l’objet de violents combats entre Tsahal et la Syrie, lors de la guerre de Kippour en 1973. En 1974, face au risque d’un nouveau conflit, l’ONU met en place une zone tampon démilitarisée entre les deux armées.

En 1981, la Knesset, le parlement israélien, vote l’annexion des 1.200 km2 du Golan qu’Israël occupait de 1967. Une annexion que ne reconnait pas la communauté internationale et qui pousse les Nations unies à considérer ce territoire comme "occupé". Seuls 510 km2 de la zone restent sous contrôle syrien.

001_14Q5QJ_preview

Source : AFP

Quelle signification a le Golan pour Israël ?

Ce territoire qui surplombe le lac de Tibériade présente un intérêt militaire particulier Israël. Car contrairement à la Cisjordanie palestinienne, le Golan n’a pas de signification particulière dans la religion juive, rappelle Le Monde. Au nord du plateau, Israël a installé une antenne au sommet du Mont Hermon, situé à une soixantaine de kilomètres seulement de Damas, la capitale syrienne. Mais si l’argument militaire a perdu de sa force au fil des années avec les avancées technologiques israéliennes dans le domaine militaire remarque Le Monde, l’État juif a dès 1967 marqué sa présence par l’installation de 30.000 colons israéliens. Ils sont aujourd’hui répartis entre 33 exploitations, agricoles pour la plupart.

Lors des guerres de 1967 et 1973, près de 150.000 personnes, soit la majorité des habitants syriens du Golan, avaient fui le plateau. Seuls restent aujourd’hui quelque 18.000 Druzes [minorité musulmane issue de l’islam chiite, ndlr], dont la quasi-totalité a refusé la carte d’identité israélienne.

En quoi le Golan est-il important pour la distribution de l'eau dans la région ?

Stratégique de par sa position géographique, le Golan l’est aussi pour ses ressources en eau. Une donnée non négligeable dans une région parcellée de zones désertiques. Le plateau fournit à Israël 250 millions de m3 d’eau par an, soit 22% de sa production annuelle, selon Les Clés du Moyen-Orient. Véritable château d’eau, le plateau alimente aussi une partie des affluents du Jourdain et de Tibériade, principal réservoir d’eau douce israélien. La guerre de 1967 trouve d’ailleurs son origine dans un différend sur la gestion de ces cours d’eau.

Israël renoncera-t-il un jour au Golan ?

Cinquante-et-un ans après le début de son occupation par Israël, le Golan reste un sujet épineux pour les diplomaties syrienne et israélienne. Les relations entre les deux pays connaissent d’ailleurs un nouveau regain de tension depuis le printemps 2011 et le début du conflit en Syrie. Des casques bleus de l'ONU ont parfois été pris à partie, comme ces 45 Fidjiens retenus en otage par le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, puis relâchés en 2014. Les tirs au mortier en provenance de la Syrie en guerre, rarement mortels, sont devenus fréquents sur le plateau. Israël riposte à chaque fois, que le tir soit errant ou intentionnel. En janvier 2015, dans un raid visant le Hezbollah libanais, Israël a tué des militaires iraniens dont un général.

Très attachée à ce territoire aux nombreux atouts, la société israélienne ne semble pas prête à sa défaire du Golan, raconte Libération. En avril 2016, le gouvernement israélien y tenait d’ailleurs symboliquement un Conseil des ministres et le Premier ministre Benjamin Netanyahu promettait alors que le territoire syrien annexé resterait "pour toujours" dans les mains de l’État hébreu. Un acte dénoncé comme une provocation à l'époque par l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar al-Jaafari.

Jeudi, Benjamin Netanyahu a prévenu que l'Iran avait franchi une "ligne rouge" en tirant des roquettes vers Israël et a annoncé dans une allocution qu'Israël continuerait à se défendre : "Je le répète : quiconque nous fera du mal, nous lui ferons du mal".