Israël frappe "presque toutes les infrastructures iraniennes" en Syrie

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Des missiles israéliens ont touché des bases militaires ainsi qu'un dépôt d'armes et un radar militaire. © MENAHEM KAHANA / AFP
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avec AFP , modifié à
Jeudi matin tôt, Israël a tiré des missiles sur Damas après que des forces iraniennes ont visé son armée sur le plateau du Golan.

Les tensions entre Israël  et l'Iran autour du théâtre syrien ont connu un brusque accès jeudi matin. Pour la première fois, des tirs de roquettes directement attribués à l'Iran ont été tirés vers des positions israéliennes, provoquant une vigoureuse riposte de l'État hébreu en Syrie. Tel-Aviv a confirmé avoir frappé "presque toutes les infrastructures iraniennes" en Syrie.

Les principales informations à retenir :

  • Dans la nuit de mercredi à jeudi, selon Israël, les forces iraniennes présentes en Syrie ont lancé des tirs sur certaines de ses positions situées sur le plateau du Golan
  • En représailles, l'armée israélienne a lancé "une action contre des objectifs iraniens en Syrie", a expliqué un porte-parole de Tsahal
  • Selon l'OSDH, au moins 23 personnes ont trouvé la mort dans les frappes israéliennes
  • Lors de son déplacement en Allemagne, Emmanuel Macron a appelé à la "désescalade" entre Israël et l'Iran

ACTE 1 - Des positions israéliennes visées dans le Golan. Après des semaines de crispations grandissantes, les premières lignes militaires sur la partie du Golan occupée par Israël ont essuyé un barrage d'une vingtaine de projectiles et roquettes déclenché, selon l'armée israélienne, par les forces iraniennes de l'autre côté de la ligne de démarcation en Syrie. Ce tir massif a été confirmé par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Après le premier bombardement israélien de la localité de Baas, des dizaines de roquettes ont été tirées depuis Qouneitra et le sud-ouest de la région de Damas vers le plateau du Golan", a indiqué l'OSDH, sans préciser qui avait effectué les tirs ou quels en étaient les objectifs. Ces tirs en provenance de Syrie n'ont pas fait de victimes et ont causé des dégâts limités selon l'armée israélienne.

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ACTE 2 - Les "infrastructures iraniennes presque toutes" touchées. En retour, Tsahal a déclenché "une action contre des objectifs iraniens en Syrie", a dit un de ses porte-parole, Avichae Adrae, sur Twitter. "Toute intervention syrienne pour contrer cette action sera sévèrement réprimée", a-t-il prévenu. Le ministre israélien de la Défense a confirmé jeudi en cours de matinée cette action militaire. "Nous avons frappé presque toutes les infrastructures iraniennes en Syrie, ils ne doivent pas oublier l'adage selon lequel 'si la pluie nous tombe dessus, la tempête s'abattra sur eux'", a déclaré Avigdor Lieberman lors d'une conférence sur les questions de sécurité. "J'espère que cet épisode est clos et qu'ils ont compris", a-t-il ajouté.

Selon l'armée russe, Tel-Aviv a engagé dans cette action militaire 28 avions F-15 et F-16 et a tiré 60 missiles de type "air-sol". Dix autres missiles de type "sol-sol" ont aussi été tirés depuis l'État hébreu. 

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ACTE 3 - Damas confirme avoir été visée. Un correspondant de l'AFP a confirmé avoir entendu de fortes détonations à Damas. La télévision a retransmis en direct des images de la capitale syrienne montrant des projectiles lumineux dans le ciel et plusieurs missiles détruits, selon elle, par les systèmes anti-aériens syriens. Des échanges nourris de projectiles, qui auraient commencé dès mercredi soir, ont été rapportés de part et d'autre de la ligne de démarcation. Certains missiles israéliens ont touché des bases militaires ainsi qu'un dépôt d'armes et un radar militaire, a rapporté l'agence officielle syrienne Sana. Les batteries anti-aériennes syriennes ont abattu des dizaines de missiles israéliens, a-t-elle affirmé. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les frappes israéliennes ont fait 23 morts : cinq soldats syriens et 18 membres de forces alliées au régime de Damas.

Cet épisode marque une "nouvelle phase dans la guerre en Syrie, a indiqué le ministère syrien des Affaires étrangères. "L'entité sioniste [Israël, ndlr] et ceux qui la soutiennent se sont impliqués de manière directe dans la confrontation. . (...) Cela est un indicateur (du début) d'une nouvelle phase dans la guerre", a affirmé ce ministère, cité par l'agence officielle Sana.

ACTE 4 - La communauté internationale s'inquiète de ce regain de tensions. Rien ne permettait de dire si ces événements constituaient simplement un accès de fièvre plus fort que les autres, ou s'ils marquaient le début d'une escalade redoutée depuis des semaines. Ces tensions ont encore été avivées par les incertitudes autour de l'accord nucléaire conclu en 2015 par les grandes puissances avec l'Iran et dénoncé mardi soir par le président américain Donald Trump. Jeudi, la Maison-Blanche a réaffirmé le "droit d'Israël à agir pour se défendre". Proche allié de l'Arabie Saoudie, le Bahreïn a également soutenu le droit de l'État hébreu à se défendre. 

Emmanuel Macron, en tout cas, s'inquiète. "Il appelle à la désescalade", a indiqué la présidence et "il s'entretiendra à ce sujet avec la chancelière" allemande Angela Merkel, qu'il rencontre dans la journée à Aix-la-Chapelle en Allemagne à l'occasion de la remise d'un prix européen. Angela Merkel a de son côté estimé qu'il en allait désormais "de la guerre ou de la paix au Proche-Orient". La situation est "extrêmement compliquée", a ajouté la chancelière qui a appelé l'ensemble des parties à la "retenue". Dans un communiqué conjoint, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont appelé à la "pondération" dans la région. De son côté, Londres a appelé l'Iran et Israël à "éviter toute escalade". 

La Russie aussi a condamné dès jeudi matin ce regain de tensions entre Israël et la Syrie, deux pays toujours techniquement en guerre. "Nous avons établi des contacts avec chaque partie, nous les appelons toutes à la retenue", a indiqué aux agences de presse russes la diplomatie russe, ajoutant : "bien sûr, cela suscite pour tout le monde de la préoccupation". Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a indiqué que Moscou appelait l'Iran et Israël au "dialogue".