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François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

L’inquiétude d’Israël face aux frappes contre Bachar

Dans un contexte de frappes occidentales imminentes contre la Syrie, la Russie a exigé d’Israël de "s’abstenir de toute action déstabilisant" tandis que le premier ministre israélien menace l’Iran "de ne pas tester la détermination d’Israël". Ce qui complique la donne. 

Benjamin Netanyahou n’a pas choisi n’importe quel jour pour s’adresser directement à l’Iran. C’était avant-hier la journée du souvenir de la Shoah, l’occasion toujours très grave de rappeler le défi existentiel de l’Etat d’Israël. Dans la ligne de mire du premier ministre israélien, il y a bien sûr cet accord sur le nucléaire iranien qu’il a toujours jugé "désastreux", comme Donald Trump, mais il y a aussi la présence militaire iranienne en Syrie qui s’est considérablement renforcée ces derniers mois. D’où les bombardements réguliers de l’armée de l’air israélienne en Syrie sur les convois ou les bases des Gardiens de la Révolution et du Hezbollah, le dernier en date, lundi matin, contre la fameuse base T4, une attaque dans laquelle 7 combattants iraniens au moins seraient morts. L’Iran a promis de riposter et Israël multiplie depuis les mesures de protection à sa frontière nord et sur le plateau du Golan face à une zone syrienne où les Iraniens sont souvent venus tester les nerfs de l’armée israélienne.

Mais avec la menace de frappes américaines et françaises sur la Syrie, les risques d’un débordement augmentent.

Théoriquement oui, car on ne peut jamais exclure qu’en cas de bombardements sur l’allié de Téhéran, l’Iran décide de s’en prendre à l’allié des Etats-Unis le plus proche, c’est-à-dire Israël. Notamment à partir de ses bases en Syrie ou au Liban. Mais pratiquement, c’est un peu plus compliqué car on entrerait là dans un scénario qui justifierait l’ouverture d’un nouveau front, une incursion ou même une invasion d’Israël au Sud Liban. Cela fait des mois que les états-majors et les Casques bleus de l’ONU dans la région redoutent cette extrémité. En sachant que malgré l’accumulation considérable de missiles par le Hezbollah ces dernières années avec une capacité d’atteindre Tel Aviv, Israël garde tactiquement et stratégiquement l’avantage sur ces forces pro-iraniennes réparties au Liban et en Syrie.

Sauf que les Russes aussi, apparemment, sont inquiets.

Oui, Netanyahou a répété plusieurs fois à Vladimir Poutine qu’Israël ne tolérerait pas de présence militaire iranienne forte en Syrie. Le Kremlin, qui a la maitrise du ciel syrien n’a jamais essayé de contrer les bombardements israéliens en Syrie mais pourrait aussi ne pas dissuader l’Iran de répliquer. C’est toute la difficulté de l’apparente fausse alliance qui existe entre la Russie et l’Iran en Syrie, qui n’est en fait qu’une répartition des tâches, jusqu’à que les intérêts supérieurs de chacun reprennent le dessus.