Inde 1:21
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Côme Bastin, édité par Manon Fossat
Alors que l'Inde est en proie à une effroyable poussée épidémique avec encore près de 350.000 nouveaux cas enregistrés dimanche, le système de santé du pays et la faiblesse des ressources dans les hôpitaux sont de nouveau mis en lumière. A Bangalore, les établissements de santé ne sont pas ravitaillés à temps et manquent cruellement d'oxygène.
REPORTAGE

À toute allure, une ambulance slalome entre les véhicules. A l’avant, Tanveer Ahmed jongle entre les coups de fils de familles. "Oui, nous allons arranger un enterrement pour votre père. Envoyez-moi son nom, sa religion, sa carte d’identité et l'hôpital où il est mort", demande-t-il au proche d'un défunt. Nous sommes à Bangalore, en Inde et, avec son ONG, Tanveer achemine gratuitement les corps des victimes du Covid vers les crématoriums ou les cimetières bondés. Car en quelques semaines, le nombre de décès a explosé en Inde

 

Une situation catastrophique

Le pays a recensé dimanche près de 350.000 nouvelles contaminations au coronavirus en 24 heures et 2800 morts. Un constat qui a poussé les autorités locales à prolonger d'une semaine le confinement dans la capitale New Delhi. Mais ce record mondial met également en lumière la vétusté du système de santé indien et une situation sanitaire catastrophique dans les hôpitaux qui manquent de tout. C'est notamment le cas dans la ville de Bangalore, au sud du pays, où les ressources en oxygène sont loin d'être suffisantes face à l'afflux de patients.

"Je dois dormir 3 à 4 heures par jour. Je suis en permanence au téléphone, en permanence sur le terrain. Le gouvernement parle de 70 morts par jour à Bangalore. Je pense qu’il y en a au moins 250", estime Tanveer.

Des hôpitaux en manque d'oxygène 

La crise frappe tous les hôpitaux de la ville. Et l'oxygène pour les cas les plus critiques manque particulièrement, comme en témoigne Tousif Masood, qui gère un dépôt. "Malheureusement, nous ne parvenons plus à recharger nos bouteilles d'oxygène. Les hôpitaux ne sont pas ravitaillés à temps. Des patients doivent donc attendre dans la rue avant de pouvoir en recevoir", constate-t-il.

Dans tout le pays, le gouvernement tente donc d'intensifier les efforts pour l'approvisionnement d'oxygène, avec des trains et des vols spéciaux de l'étranger provenant notamment de Singapour ou d'Arabie saoudite. Plus de 500 unités de production d'oxygène doivent également être installées dans des hôpitaux publics, a déclaré dimanche le ministère de la Santé alors que les entreprises privées ont également annoncé leur contribution.

Car Bangalore est à l'image du reste de l'Inde. Vendredi, 25 patients sont morts à New Delhi faute d'oxygène. Et dans l’Etat du Gujarat, des crématoriums ont même fondus à force de tourner à plein régime.