Kiev 2:38
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Nicolas Tonev
Alors que la bataille s'intensifie à Kiev où les lance-roquettes ukrainiens répondent à l'artillerie russe, notre envoyé spécial sur place, Nicolas Tonev, a rencontré un volontaire français qui attend son affectation sur le terrain. Agé de 22 ans, il est parti pour un mois, cachant à sa famille son projet, mais guidé par ses convictions.

L'offensive militaire russe se poursuit en Ukraine, après des frappes meurtrières jeudi à Kharkiv, deuxième ville du pays, et à Longansk, et des accusations de bombes au phosphore à Roubijné. La bataille s'intensifie également sur le front de la capitale où les lance-roquettes ukrainiens répondent à l'artillerie russe. Notre envoyé spécial sur place a rencontré un volontaire français qui attend à Kiev son affectation sur le terrain. Agé de 22 ans, il a décidé de s'engager aux côtés de l'Ukraine. 

Sa famille ignore qu'il se trouve en Ukraine

Il porte un treillis flambant neuf avec une cagoule en début d'interview, pour ne pas être reconnu. Nous l'appellerons Luc*, car il souhaite rester anonyme, pour lui et parce que sa famille ne sait pas qu'il est là. Il a le mot "Medic" en gros sur le treillis, car Luc est un ancien militaire de la Sécurité civile, travaillant maintenant pour le Samu. Il a investi 1.500 euros pour venir jusqu'en Ukraine, pays avec lequel il n'a aucun lien. Mais il dit être guidé par ses convictions.

"Depuis que je suis tout petit, j'ai appris la valeur du respect de la liberté et de la dignité humaine. J'avais un ami centenaire qui est malheureusement décédé l'année dernière, qui avait participé à la Seconde Guerre mondiale. Il protégeait les ambulances et conduisait. C'est lui qui m'a beaucoup inspiré dans ma vie, qui a guidé tout mon choix professionnel et mon parcours", raconte-t-il. "Donc quelque part, il est avec moi. C'est lui qui m'a guidé jusqu'à Kiev. C'est une façon de lui rendre hommage et de marcher dans ses pas."

"J'espère rentrer à la maison dans le meilleur état possible"

Luc a son "bagage professionnel", ses formations et ses compétences médicales. "Au-delà de ça, je suis venu avec tout mon matériel médical et je peux aussi apporter un soutien en termes de formation parce que je suis titulaire d'un diplôme de formateur en premiers secours. Je pense que ça peut être intéressant pour les gens, en plus des actions que je vais mener moi-même sur le terrain", poursuit le jeune homme.

Il le reconnaît, il s'attend ici "à quelque chose de très dur". "Je sais que je ne pourrais jamais être réellement capable de comprendre ce qu'est la guerre avant d'avoir été au combat que je vais essayer de braver, tout simplement. On espère tous rentrer à la maison et aider le maximum de personnes ici". L'appréhension est bien présente, tout comme la peur de mourir, mais Luc est conscient des risques.

"Il faut l'accepter, sinon il ne faut pas venir. Il a fallu anticiper les conséquences, prendre une assurance décès... Mais tout ça, ça ne provoque pas une grande émotion parce que ça m'aide à rester concentré. Certes, j'ai peur, il faut se l'avouer, et c'est une situation particulière. Mais on verra le résultat et encore une fois j'espère rentrer à la maison dans le meilleur état possible et avoir fait mon job."

Luc est là pour un mois, la durée des congés qu'il a pris. Quand il sera sur le terrain, il arborera, comme lors de sa rencontre avec notre envoyé spécial, deux drapeaux sur la manche gauche de son treillis : celui de l'Ukraine et celui de la France, car il veut que les Ukrainiens sachent d'où il vient.