Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 379e jour de l'invasion russe

On estime à près de 130.000 soldats et civils ukrainiens tuées ou blessés depuis le début du conflit.
On estime à près de 130.000 soldats et civils ukrainiens tuées ou blessés depuis le début du conflit. © JOHN MOORE / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
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avec AFP , modifié à
Au 379e jour de l'invasion russe en Ukraine, le groupe paramilitaire Wagner annonce l'ouverture de plusieurs centres de recrutement dans 42 villes russes. Le groupe privé est en première ligne dans la bataille pour prendre Bakhmout et y a perdu de nombreux soldats, selon son patron Evguéni Prigojine.
L'ESSENTIEL

Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a annoncé vendredi l'ouverture de 58 centres de recrutement dans 42 villes de Russie, alors qu'il cherche à reconstituer ses troupes qui essuient de lourdes pertes dans l'est de l'Ukraine. Le groupe Wagner est en première ligne dans la bataille pour la ville ukrainienne de Bakhmout, et son patron, Evguéni Prigojine, a lui-même reconnu que de nombreux combattants de son organisation y avaient été tués.

Sur fond de tensions avec le ministre de la Défense, M. Prigojine s'est plusieurs fois plaint de ne plus pouvoir recruter dans les prisons russes, où Wagner a massivement enrôlé des détenus en échange de réductions de peine. Changeant de tactique, il s'est récemment tourné vers les salles de sport pour y ouvrir des points de recrutement afin d'attirer des recrues potentielles.

Les principales informations à retenir :

  • Le groupe paramilitaire Wagner ouvre 58 centres de recrutement dans 42 villes russes, après avoir perdu un bon nombre de ses soldats dans la guerre avec l'Ukraine.
  • Le chef d'état-major norvégien, Eirik Kristoffersen estime près de 180.000 morts ou blessés dans l'armée russe et "probablement au-delà des 100.000 morts et blessés" parmi les militaires ukrainiens. Quant aux civils, ils seraient 30.000 à avoir été tués.
  • Trois soldats ukrainiens ont été condamnés par les séparatistes prorusses en Ukraine pour avoir commis des "violences envers des civils", selon le Comité d'enquête russe.

Mobilisation de 300.000 réservistes

"Dans 42 villes de la Fédération de Russie, des centres de recrutement pour le compte de Wagner ont ouvert. De nouveaux combattants arrivent là-bas, (ils) evnous accompagneront pour défendre leur pays et leurs familles", a déclaré vendredi M. Prigojine dans un communiqué publié par son service de presse.

Son message était accompagné d'une liste de ces centres de recrutement, dont la majorité semble avoir ouvert dans des salles de sport et des clubs d'arts martiaux. M. Prigojine n'a toutefois pas précisé combien de combattants contractuels, il comptait recruter via ces centres et en combien de temps.

Cette annonce intervient alors que Wagner a essuyé de très lourdes pertes dans les combats qui durent depuis plusieurs mois autour de Bakhmout, une ville du Donbass ukrainien devenue l'épicentre des hostilités avec l'armée de Kiev. Pour endiguer une série de revers humiliants sur le champ de bataille l'été dernier, la Russie avait annoncé en septembre la mobilisation de 300.000 réservistes. Parallèlement, le groupe Wagner avait eu l'autorisation de recruter dans les prisons russes plusieurs milliers de combattants, en échange d'une amnistie après six mois passés sur le front.

Hommage à un père et son fils tués près de Bakhmout

Une centaine d'Ukrainiens se sont réunis vendredi sur la place centrale de Kiev pour rendre le dernier hommage à un père et son fils tués lors de la bataille pour Bakhmout, point le plus chaud du front est de l'Ukraine. Originaires de Kiev, Oleg Khomiouk, 52 ans, et son fils aîné Mykyta, 25 ans, sont partis combattre comme volontaires au début de l'invasion russe en février 2022. Tous deux sont morts le 2 mars dans la même tranchée, selon leur famille.

Lors d'un bombardement, le père a voulu couvrir son fils de son corps, mais un obus a explosé près de leurs têtes, tuant les deux hommes, a déclaré lors de la cérémonie un membre de leur famille, Iouri Samson, en tenue de camouflage, s'essuyant les yeux pendant son discours. Les cercueils ont été exposés dans la matinée sur l'emblématique place Maïdan à Kiev.

Au-delà de 130.000 militaires et civils ukrainiens tués

À côté, des paniers de roses et d'oeillets ont été placés, ornés de rubans indiquant "à un cher petit-fils" et "à mon cher fils Oleg de maman". Des couronnes de fleurs, notamment barrés de l'inscription les "Héros ne meurent pas", ont également été déposés à proximité. Un soldat a joué une mélodie grave de sa trompette, tandis qu'un autre battait du tambour pendant que les cercueils étaient lentement portés par des militaires. Les Khomiouk ont rejoint la défense territoriale pour défendre Kiev, puis ont combattu dans les régions de Kherson (sud) et Kharkiv (est) avant de se retrouver dans le Donbass (est).

"Gloire et mémoire éternelle aux défenseurs ukrainiens ayant donné leur vie pour la libération de leur terre", a déclaré sur Facebook le bataillon 241 dans lequel ils ont servi. "Nous allons nous venger!". L'Ukraine ne dévoile pas ses pertes humaines depuis le début de l'invasion russe. Dernière estimation occidentale en date, le chef d'état-major norvégien, Eirik Kristoffersen a affirmé en janvier que la guerre en Ukraine a fait près de 180.000 morts ou blessés dans les rangs de l'armée russe et "probablement au-delà des 100.000 morts et blessés" parmi les militaires ukrainiens, un bilan auquel il a ajouté 30.000 civils tués.

Des soldats ukrainiens condamnés par des séparatistes prorusses

Les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine ont condamné à de lourdes peines de prison trois militaires ukrainiens qu'ils accusaient d'avoir commis des "violences envers des civils", a annoncé vendredi le Comité d'enquête russe. Capturés pendant l'offensive russe en Ukraine, Viktor Pokhozeï, Maxime Boutkevitch et Vladislav Chel ont été reconnus coupables de "violence envers la population civile" et de "recours à des méthodes interdites lors d'un conflit armé", a indiqué dans un communiqué cette instance chargée des principales investigations en Russie.

M. Boutkevitch et M. Chel, également reconnus coupables de tentative d'assassinat sur plusieurs personnes, ont écopé respectivement de 13 et 18 ans et demi de réclusion. M. Pokhozeï a été condamné à 8 ans et demi de prison. Ces peines ont été prononcées par les "cours suprêmes" des territoires séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk, contrôlés par Moscou qui en a revendiqué l'an dernier l'annexion, non reconnue par la communauté internationale. Militant ukrainien des droits humains et fondateur de la radio indépendante Hromadske Radio, Maxime Boutkevitch a rejoint l'armée ukrainienne en mars 2022, peu après le début de l'offensive russe en Ukraine.

"L'objectif d'intimider les civils"

Les enquêteurs russes l'ont accusé d'avoir blessé deux civils après avoir tiré avec un lance-grenades antichar sur un immeuble résidentiel à Severodonetsk, ville conquise par l'armée russe en juin dernier dans la région de Lougansk. Pour sa part, M. Pokhozeï, l'un des commandants du régiment Azov, notamment composé de nationalistes ukrainiens et qui s'est illustré dans la défense de la ville de Marioupol, conquise par les Russes après un siège dévastateur de plusieurs mois, a été accusé d'avoir frappé une civile avec son fusil.

Lui aussi combattant du régiment Azov, Vladislav Chel a été accusé d'avoir ouvert le feu sur un civil "avec l'objectif d'intimider des civils" dans un immeuble résidentiel à Marioupol. Réagissant à ces condamnations, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a dénoncé "un faux procès" qui "visait à légaliser un nouveau massacre politique de citoyens ukrainiens". "Les peines prononcées sont illégales, et nulles et non avenues", a-t-il ajouté dans un communiqué, appelant la communauté internationale à "condamner" le procès et "exiger" auprès de Moscou la libération des trois soldats ukrainiens condamnés.

Les escrimeurs russes réhabilités par la Fédération internationale

La Fédération internationale d'escrime s'est prononcée vendredi en faveur d'un retour des athlètes russes et biélorusses en compétition, a appris l'AFP auprès d'une fédération nationale ayant participé au congrès extraordinaire de la FIE. La décision de la FIE concerne les épreuves individuelles et par équipe, mais sera effective à partir d'avril 2023 "sous réserve d'éventuelles recommandations/décisions futures du CIO".

La Fédération ukrainienne d'escrime s'est dite vendredi "profondément choquée" et "indignée" de la future réintégration des athlètes russes et bélarusses en compétition à partir d'avril prochain, après une décision en ce sens prise par la Fédération internationale (FIE). "Nous sommes profondément choqués et indignés par cette décision et nous convoquons immédiatement une réunion du Présidium pour décider de notre réponse à la décision de la FIE et de son éventuel appel", a déclaré la Fédération ukrainienne dans un communiqué.