Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 377e jour de l'invasion russe

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Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a affirmé mercredi que ses troupes avaient pris "toute la partie orientale" de la ville de Bakhmout. © ANDRE LUIS ALVES / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Au 377e jour de l'invasion de l'Ukraine, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a affirmé mercredi que ses troupes avaient pris "toute la partie orientale" de la ville de Bakhmout, épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine. Ces derniers jours, la pression s'est considérablement accrue sur les forces ukrainiennes, confrontées à des avancées russes et la menace d'un encerclement.
L'ESSENTIEL

Le groupe paramilitaire russe Wagner a revendiqué mercredi la prise de la partie orientale de Bakhmout, ville au cœur de combats depuis des mois dans l'est de l'Ukraine qui pourrait tomber "dans les prochains jours", selon le secrétaire général de l'Otan. Les ministres de la Défense de l'Union européenne sont eux réunis à Stockholm pour peaufiner un plan de livraisons à l'Ukraine d'obus et de munitions, avec un premier volet d'aide d'urgence à un milliard d'euros.

"Les unités Wagner ont pris toute la partie orientale de Bakhmout, tout ce qui est à l'est de la rivière Bakhmoutka" traversant la cité, a affirmé dans un message audio le patron de l'organisation paramilitaire, Evguéni Prigojine.

Les principales informations à retenir :

  • L'étau se resserre autour de Bakhmout, épicentre des combats en Ukraine. Wagner revendique la conquête de la partie orientale
  • Volodymyr Zelensky alerte sur le risque d'un extension des combats dans d'autres villes si les Russes font tomber Bakhmout
  • L'ONU a déclaré que la vidéo du soldat ukrainien exécuté semble "authentique"

Bakhmout pourrait tomber dans les prochains jours, met en garde l'Otan

Alors que les forces ukrainiennes défendant la ville sont menacées d'encerclement, le patron de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a dit ne pas "exclure que Bakhmout tombe finalement dans les prochains jours". "Cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant de la guerre", a-t-il affirmé devant la presse : "Mais cela souligne que nous ne devons pas sous-estimer la Russie. Nous devons continuer à soutenir l'Ukraine".

La chute de Bakhmout laisserait "la voie libre" à l'armée russe dans l'est de l'Ukraine, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a annoncé cette semaine renforcer les unités déployées pour tenir la ville. Après Bakhmout, les Russes "pourraient aller plus loin. Ils pourraient aller à Kramatorsk, ils pourraient aller à Sloviansk, la voie serait libre" pour eux "vers d'autres villes d'Ukraine", a averti Volodymyr Zelensky dans une interview à la chaîne américaine CNN diffusée mercredi.

Un futur plan d'urgence européen pour l'Ukraine

Réunis à Stockholm avec leur homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, les 27 ministres de la Défense de l'UE peaufinent dans ce contexte un plan d'urgence pour livrer d'ici quelques semaines des obus à Kiev, alors que les stocks européens sont eux-mêmes sous pression. Le projet vise à la fois à répondre aux besoins immédiats de Kiev, qui en tire des milliers chaque jour et fait face à un manque criant d'obus de 155mm pour ses canons, et à doper les capacités de l'industrie de défense européenne à long terme.

De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a rencontré Volodymyr Zelensky à Kiev, un déplacement dédié à la prolongation de l'accord avec la Russie sur les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire. "Je tiens à souligner l'importance capitale de la prolongation" de l'accord céréalier, a dit M. Guterres devant la presse après sa rencontre. Selon lui, l'accord a permis l'exportation de 23 millions de tonnes de céréales ukrainiennes, contribuant "à faire baisser le coût mondial des denrées alimentaires", au bénéfice en particulier des pays en développement.

Bakhmout, bataille la plus longue et meurtrière de la guerre

Malgré la défense acharnée des Ukrainiens depuis le début de la bataille pour Bakhmout, en août, la Russie s'est jurée de conquérir la ville. La bataille est la plus longue et la plus meurtrière depuis le déclenchement de l'offensive russe en février 2022. Si la valeur stratégique de cette ville est contestée, elle a gagné une importance symbolique, au vu des lourdes pertes subies par les deux camps.

Moscou est à la recherche d'une victoire depuis ses revers cinglants de l'automne, et espère que la chute de la ville pourra lui ouvrir le contrôle de la partie du Donbass, région industrielle de l'Est de l'Ukraine, qui lui échappe encore. Les troupes de Wagner mènent cette attaque au prix de pertes très importantes, de l'aveu même d'Evguéni Prigojine. Les Russes semblent contrôler les accès à la ville au nord, au sud et à l'est, ne laissant qu'une route de sortie par l'ouest aux Ukrainiens.

La vidéo de l'exécution d'un soldat ukrainien "semble authentique", selon l'ONU

Les spéculations vont dès lors bon train depuis des semaines sur un retrait tactique des troupes ukrainiennes de Bakhmout. Dans son dernier compte-rendu, l'Institut pour l'Etude de la Guerre (ISW) a d'ailleurs estimé que les troupes du Kremlin avaient "vraisemblablement" capturé la partie orientale de Bakhmout, après un "retrait contrôlé" des forces ukrainiennes. Mais Volodymyr Zelensky a récusé tout volonté de céder la cité, ordonnant même mardi d'y envoyer des renforts.

Par ailleurs, en marge de la réunion de Stockholm, Oleksiï Reznikov a récusé les informations du quotidien américain New York Times, attribuant à "un groupe pro-ukrainien" le spectaculaire sabotage des deux gazoducs Nord Stream en mer Baltique en septembre. Le Kremlin, qui accuse les Occidentaux du sabotage, a aussi rejeté ces informations, y voyant d'une tentative de "détourner l'attention" des responsables.

Enfin, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a estimé que la vidéo, devenue virale, d'un soldat ukrainien prisonnier apparemment exécuté par balles après avoir clamé "Gloire à l'Ukraine", "semble authentique". Cette vidéo est "choquante" et "les lois de la guerre doivent être strictement respectées", a réagi Antonio Guterres.