Evguéni Prigojine aux côtés de Vladimir Poutine en 2010. 1:46
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William Molinié, édité par Romain Rouillard , modifié à
Evguéni Prigojine, un homme d'affaires proche du Kremlin a reconnu lundi avoir fondé en 2014 le groupe paramilitaire Wagner, soupçonné de diverses exactions au Mali, en Syrie ou encore en Libye. Récemment, il est apparu dans une vidéo où on le voit recruter des prisonniers russes pour rejoindre les rangs de Wagner en Ukraine.

C'est une révélation qui ne souffre d'aucune ambiguïté. Ce lundi, Evguéni Prigojine, un homme d'affaires proche de Vladimir Poutine, a reconnu avoir fondé en 2014 le groupe paramilitaire Wagner. Une organisation qui entend défendre les intérêts russes à l'étranger mais dont les méthodes d'intervention sur le terrain suscitent de vives critiques. 

Il s'agissait en réalité d'un secret de polichinelle puisque de nombreuses puissances occidentales mais aussi des médias l'affirmaient depuis longtemps. Mais jusqu'à présent, personne au sein du régime ne l'avait exprimé aussi clairement. Celui que l'on surnomme le "cuisinier de Poutine" - car sa société de restauration approvisionnait le Kremlin - est donc sorti du bois, quelques jours après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux où on le voit recruter des prisonniers russes à destination des rangs de Wagner en Ukraine.

Une figure trouble

A 61 ans, Evguéni Prigojine fait partie des personnalités russes sanctionnées par l’Union européenne. Il est en outre recherché par le FBI américain qui promet 250.000 dollars à toute personne qui aiderait à son arrestation et apparaît comme l’une des figures les plus troubles du système poutinien.

Habitué à la discrétion, il n’apparaît que très rarement dans les médias d'où les interrogations soulevées par ces deux sorties à quelques jours d'intervalle. De quoi y voir certaines fractures au sein même de l'appareil d'État russe, qui plus est au moment où la campagne de mobilisation partielle en Russie patine. Le Kremlin a d’ailleurs reconnu lundi des "erreurs", à ce sujet. 

Quelles ambitions derrière cette sortie

Plusieurs observateurs analysent cette sortie de l’ombre comme la volonté de Prigojine de se positionner comme un potentiel successeur de Vladimir Poutine. Voire même comme un rival dans la conduite de cette guerre, ce qui signifierait que le maître du Kremlin est bousculé par son aile radicale.

Les ultranationalistes, dont fait partie le créateur de Wagner, digèrent mal la retraite russe en Ukraine et souhaitent une victoire la plus rapide possible. Que ce soit avec ou sans Vladimir Poutine aux commandes.