Publicité
Publicité

EDF s'oppose aux volumes d'électricité nucléaire supplémentaire attribués à ses concurrents

Europe 1 avec AFP . 11 min

Au 78e jour de la guerre en Ukraine, la Russie a menacé jeudi la Finlande d'une riposte "militaro-technique" après que ses dirigeants ont annoncé leur volonté d'adhérer "sans délai" à l'Otan, tandis que la tension montait autour des livraisons de gaz russe à l'Europe, perturbées pour le deuxième jour consécutif.

Une frappe aérienne russe sur la ville de Novgorod-Siverskiï, dans le nord-est de l'Ukraine , a fait au moins trois morts et douze blessés dans la nuit de mercredi à jeudi, ont annoncé jeudi les services de secours locaux à l'AFP. "Il y a trois personnes tuées et douze blessées à la suite d'une frappe" sur Novgorod-Siverskiï, a affirmé un porte-parole des secours, donnant un premier bilan.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Les principales informations à retenir : 

  • Trois morts et 12 blessés dans une frappe russe dans le nord-est
  • La Finlande veut intégrer l'Otan
  • L'Ukraine va mener le premier procès pour crime de guerre
  • Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir jeudi
  • Zelensky plaide de nouveau pour une adhésion de son pays à l'Union européenne

"Aujourd'hui, vers 00h10 et 00h23, l'ennemi a effectué une frappe aérienne, probablement à partir d'un (chasseur) Su-30SM", ont indiqué dans un communiqué les forces ukrainiennes. "Les (Russes) ont frappé des infrastructures critiques, dont des écoles. D'autres bâtiments administratifs et des maisons résidentielles ont également été endommagés", a indiqué plus tôt dans la matinée le gouverneur de la région de Tcherniguiv, Viatcheslav Tchaouss.

Il a accompagné son message de plusieurs photos, sur lesquelles on voyait des bâtiments complètement détruits, des voitures calcinées et un nuage de fumée émergeant des décombres. Novgorod-Siverskiï, qui comptait 15.000 habitants avant la guerre, se situe à une cinquantaine de km de la frontière russe, dans une région qui était relativement épargnée depuis la retraite russe de la région fin mars.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

La Finlande souhaite intégrer l'Otan

Le président et la Première ministre de Finlande, Sauli Niinistö et Sanna Marin, se sont dit favorables jeudi à une adhésion "sans délai" à l'Otan, prélude à une candidature formelle dimanche de ce pays nordique, qui partage 1.300 km de frontière avec la Russie et fut longtemps contraint à une sorte de neutralité forcée par Moscou. 

Si l'adhésion se concrétise, la Russie sera "obligée de prendre des mesures réciproques, militaro-techniques et autres, pour mettre fin aux menaces à sa sécurité nationale", a répliqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, en appelant Helsinki à "prendre conscience de ses responsabilités". Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait auparavant estimé que la réponse de Moscou dépendrait de "l'avancée des infrastructures militaires vers nos frontières".

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Côté occidental, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg comme le chancelier allemand Olaf Scholz ont assuré la Finlande de leur soutien. Si elle postulait, "elle serait chaleureusement accueillie au sein de l'Otan et le processus d'adhésion se déroulerait sans heurts et rapidement", a déclaré Jens Stoltenberg.

Inquiètes de la réaction de Moscou à ces probables demandes d'adhésion, Stockholm et Helsinki ont signé dès mercredi des déclarations de protection mutuelle avec le Royaume-Uni .

La suite après cette publicité

Tensions énergétiques

La tension montait aussi autour des questions énergétiques. L'Allemagne, l'un des principaux clients européens du gaz russe, a vu ses livraisons acheminées via l'Ukraine baisser de quelque 40% en deux jours, selon les opérateurs. Le géant gazier russe Gazprom a confirmé mercredi que les volumes livrés à l'Europe via l'Ukraine baisseraient de près de 30% ce jeudi, après une baisse de 18% la veille.

Moscou et Kiev s'en rejettent la responsabilité. Kiev dit depuis mardi ne plus pouvoir garantir les livraisons via les installations de Sokhranivka, dans la région de Lougansk, en raison de la présence des forces armées russes, et a demandé à Gazprom d'accroître les volumes via un autre point de transit, Soudja. Mais Moscou assure que le transit peut parfaitement se faire via Sokhranivka, alors que réorienter le flot vers Soudja est impossible.

Si les baisses ont été compensées côté allemand par du gaz venu de Norvège et des Pays-Bas, Gazprom a semblé prêt à réduire encore ses livraisons européennes jeudi en annonçant qu'il n'utiliserait plus un gazoduc-clé passant par la Pologne, le Yamal-EuroPol.

Le ministre allemand de l'Energie Robert Habeck a accusé la Russie d'utiliser l'énergie "comme une arme". Outre les perturbations gazières, il a dénoncé les contre-sanctions russes annoncées jeudi contre des sociétés énergétiques occidentales, qui frappent avant tout Gazprom Germania, ex-filiale allemande de Gazprom que l'Etat allemand a pris sous son contrôle pour son importance stratégique.

"Couper l'oxygène énergétique"

Dans ce contexte, le président russe Vladimir Poutine a assuré jeudi que les sanctions économiques imposées par l'Occident à Moscou affectaient plus l'Europe que la Russie. "L'obsession" occidentale en matière de sanctions "va aboutir inévitablement aux conséquences les plus difficiles pour l'Union européenne, pour ses citoyens", a-t-il déclaré lors d'une réunion sur la situation économique. 

La question des sanctions et des perturbations gazières devrait être au menu de la visite du ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba en Allemagne, où il devait participer vendredi et samedi à une réunion avec ses homologues du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis). "L'Europe doit couper l'oxygène énergétique" à la Russie et "se débarrasser de sa dépendance du gaz russe", a déclaré jeudi Dmytro Kouleba. Les 27 pays de l'UE s'efforcent de réduire leur dépendance des hydrocarbures russes depuis le début du conflit, mais n'ont pas réussi pour l'instant à s'entendre sur un embargo progressif sur le pétrole russe. 

Plus tôt jeudi, Dmytro Kouleba avait à nouveau plaidé pour une adhésion de son pays à l'UE. "On entend très souvent que l'Ukraine appartient à la famille européenne, à présent il importe de (lui) réserver cette place" dans l'UE, a-t-il déclaré à la télévision allemande. 

Kiev a présenté sa candidature à l'adhésion à l'UE le 28 février, mais certains des 27 pays membres sont sceptiques, y compris sur l'octroi du statut de candidat à l'Ukraine, question sur laquelle une décision est attendue en juin.

L'Ukraine va mener le premier procès pour crime de guerre

L'Ukraine va mener le premier procès pour crime de guerre lié à l'invasion russe, contre un soldat de 21 ans accusé d'avoir abattu un civil désarmé, tandis que Moscou affirmait que Kiev avait bombardé mercredi une ville russe. Vadim Shishimarin est accusé d'avoir tiré avec une kalachnikov par la fenêtre à bord d'une voiture dans laquelle il circulait pour abattre un civil de 62 ans qui n'était pas armé, a expliqué le bureau de la procureure Iryna Venediktova dans un communiqué. 

Le soldat accusé se déplaçait avec quatre autres militaires russes après l'attaque de leur convoi le 28 février et ils ont volé une voiture près du village de Chupakhivka, a poursuivi le communiqué. "L'un des soldats a ordonné à l'accusé de tuer un civil afin qu'il ne les dénonce pas", a-t-il ajouté. L'homme, qui n'a pas été identifié, "est mort sur place, à quelques dizaines de mètres seulement de chez lui". Vadim Shishimarin, placé en détention, risque un emprisonnement à vie s'il est reconnu coupable de crime de guerre et de meurtre avec préméditation. La date du procès n'a pas été précisée.

La Russie a été accusée à maintes reprises par Kiev et par Washington de commettre des crimes de guerre en Ukraine depuis le début de son offensive le 24 février. Des enquêtes de la Cour pénale internationale et des autorités ukrainiennes sont en cours.

Une session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme est prévue jeudi à Genève, convoquée à la demande de Kiev pour se pencher sur "la détérioration de la situation des droits humains en Ukraine". La Russie, devenue simple observatrice après avoir quitté cette organisation en avril, a décidé de ne pas participer.

La Russie "est aujourd'hui la menace la plus directe pour l'ordre mondial avec la guerre barbare contre l'Ukraine, et son pacte inquiétant avec la Chine", a déclaré jeudi à Tokyo la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen après avoir rencontré le Premier ministre japonais Fumio Kishida avec le président du Conseil européen Charles Michel.

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit également se réunir jeudi, à partir de 14 heures GMT, à la demande de la France et du Mexique, pour examiner la situation en Ukraine. A Vienne, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mercredi à maintenir le contact avec la Russie pour sauver des vies en Ukraine et préparer la paix, même si aucun règlement pacifique ne se profile actuellement.

Le conflit se diffusera-t-il au-delà des frontières ukrainiennes ?

Sur le terrain, les combats se poursuivent avec la crainte que le conflit ne se diffuse au-delà des frontières ukrainiennes. Le gouverneur de la région russe de Belgorod, voisine de l'Ukraine dans le sud-ouest de la Russie, a affirmé mercredi -citant un bilan du ministère de la Santé régional- que des bombardements en provenance d'Ukraine avaient fait un mort et six blessés.

Par ailleurs, la Russie est soupçonnée aussi de convoiter la Transdniestrie, région séparatiste de Moldavie dont la pointe sud n'est qu'à une soixantaine de kilomètres de la grande ville ukrainienne d'Odessa, sur la mer Noire. Fin avril et début mai, des explosions ont secoué la Transdniestrie. L'Union européenne a annoncé le 4 mai qu'elle allait "considérablement accroître" son aide militaire à la Moldavie.

Le commandement ukrainien pour le sud a souligné que les troupes russes frappaient "sans merci" la région de Mykolaïv, ultime verrou avant Odessa.

Le chef d'état-major ukrainien a précisé mercredi soir que les Russes poursuivaient leurs opérations dans l'Est, en particulier vers Slobozhansky et Donetsk --notamment Roubijné et Lyman pour en prendre le contrôle--, mais pas vers Kharkiv près de laquelle la localité de Pytomnyk "a été libérée" par les combattants ukrainiens.

La région de Kherson risque d'être annexée par la Russie

Kiev s'est félicité d'avoir fait reculer les forces russes qui tiraient depuis des semaines sur les quartiers nord-est de Kharkiv, deuxième ville du pays, et d'avoir repris quelques petites localités de cette région toute proche de la frontière russe. En revanche, la région de Kherson --occupée par les Russes depuis début mars-- va demander à être annexée par la Russie, a affirmé mercredi l'un de ses responsables prorusses.

"Il y aura une demande (adressée au président russe Vladimir Poutine) pour intégrer la région de Kherson en tant que sujet à part entière de la Fédération de Russie", a déclaré Kirill Stremooussov, chef adjoint de l'administration de la cité côtière de Kherson, seule ville ukrainienne d'importance dont les Russes ont revendiqué le contrôle total en deux mois et demi de guerre en Ukraine. "La base juridique (...) sera prête avant la fin de l'année", a-t-il affirmé.

À Marioupol, les combattants sont constamment bombardés

Et les forces russes gagnent lentement du terrain dans le Donbass. Les villes jumelles de Severodonetsk et Lyssytchansk, assiégées, semblent notamment pouvoir tomber à tout moment, a constaté l'AFP mercredi.

À Marioupol, si les centaines de combattants qui s'y sont retranchés tiennent toujours l'aciérie Azovstal, ils sont aussi constamment bombardés, selon Kiev. Ce site représente le dernier bastion de résistance ukrainienne de cette ville portuaire stratégique.

 

Le commandant de la 36e Brigade des Marines de Marioupol, Sergueï Volyna, a lancé un appel direct au milliardaire américain Elon Musk: "Les gens disent que vous venez d'une autre planète pour apprendre aux gens à croire en l'impossible. (...) A l'endroit où je vis, il est presque impossible de survivre". "Aidez-nous à quitter Azovstal pour un pays tiers. Si ce n'est pas vous, qui d'autre? Donnez-moi une piste", a poursuivi le commandant.

Zelensky souhaite que les sanctions contre Moscou soient renforcées

Dans son message quotidien, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué mercredi soir avoir abordé avec le chancelier allemand Olaf Scholz la nécessité de renforcer les sanctions contre Moscou. "Petit à petit, nous faisons tout pour que l'agresseur ressente la plus grande souffrance du fait de cette agression", a relevé Volodymyr Zelensky. Il avait qualifié plus tôt la lutte des Ukrainiens contre la Russie de "guerre contre la tyrannie".

Il avait plaidé de nouveau plus tôt mercredi pour une adhésion de son pays à l'Union européenne, alors que le président français Emmanuel Macron a averti lundi que cela prendrait "des décennies". "C'est comme une table où toute la famille est réunie, et où vous êtes invité, mais on ne vous a pas mis de chaise", a déploré le président ukrainien. "Et je pense que c'est injuste."

Pour l'instant, l'UE s'efforce de convaincre ses 27 Etats membres d'adopter un projet d'embargo sur le pétrole russe, bloqué par Budapest. De son côté, la Finlande songe à rallier l'Otan. Le président Sauli Niinistö et la Première ministre Sanna Marin doivent donner jeudi leur position sur l'adhésion du pays nordique à l'Alliance atlantique, prélude à une possible adhésion.

Nouvelles frappes russes

En parallèle du G7, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Otan se réuniront aussi vendredi et samedi pour discuter de leur soutien militaire à l'Ukraine et peut-être aussi à la Moldavie. La cheffe du renseignement américain Avril Haines avait indiqué mardi que Vladimir Poutine n'avait pas l'intention de limiter sa volonté d'occupation au Donbass et au sud de l'Ukraine, et qu'il voulait aller jusqu'en Transdniestrie, région séparatiste prorusse de Moldavie.

Sur le terrain, les combats se poursuivent, et personne ne parle plus de pourparlers de paix depuis plusieurs semaines. Des frappes aériennes russes ont fait au moins trois morts et 12 blessés dans la nuit de mercredi à jeudi près de Tcherniguiv, dans le nord-est de l'Ukraine, où "des infrastructures critiques, dont des écoles" ont été touchées, selon des responsables locaux.

L'armée russe poursuit par ailleurs son offensive dans le Donbass, où elle grignote du terrain. Ils essaient notamment de prendre "le contrôle total" des localités de Roubijné et de Severodonetsk, selon la présidence ukrainienne.

Les habitants du Donbass ayant refusé d'évacuer sont souvent favorables à Moscou. "Ils donnent aux Russes nos coordonnées, c'est certain", a indiqué à l'AFP un soldat qui utilise le nom de guerre "Zastava", rencontré sur la ligne de front à Novomykolaïvka.

Cet article vous a plu ? Vous aimerez aussi...
Recevoir la newsletter international
Plus d'articles à découvrir