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avec AFP , modifié à
Au 239e jour de la guerre en Ukraine, Kiev a salué la réponse "rapide" de l'Union européenne pour sanctionner Téhéran pour l'utilisation de ses drones par l'armée russe, Moscou dénonçant quant à elle "la pression" mise sur l'Iran par Washington et Bruxelles. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

"Je salue l'action rapide de l'UE, à la suite de mon appel lundi, pour imposer des sanctions à l'Iran pour avoir aidé la Russie à tuer des Ukrainiens et à endommager nos infrastructures énergétiques", s'est félicité sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, après les sanctions prises par Bruxelles contre Téhéran. Les États membres de l'Union européenne se sont mis d'accord sur des sanctions entrant en vigueur jeudi contre trois individus ainsi qu'une entité fournissant à la Russie des drones iraniens utilisés en Ukraine.

Les informations à retenir :

  •  L'UE a annoncé des sanctions à l'encontre de l'Iran, accusée d'avoir fourni des drones armés à Moscou.
  • L'Ukraine instaure des restrictions à l'approvisionnement en électricité à compter de ce jeudi
  • L'Ukraine s'inquiète de la menace croissante d'une offensive russe depuis la Biélorussie
  • 15.000 personnes ont été évacuées de la région de Kherson, selon l'occupation russe

Des "conclusions infondées", se défend la Russie

"Tout ce qui se fait actuellement est subordonné à un seul objectif : (mettre) la pression sur ce pays. Et Washington mobilise pour cela les pays de l'Otan et de l'UE pour appuyer sa position, c'est évident", a fustigé de son côté la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d'une conférence de presse. Elle a qualifié de "conclusions infondées" et "d'hypothèses farfelues que le Royaume-Uni et la France tentent de construire" les accusations selon lesquelles la Russie utiliserait des drones iraniens pour son offensive en Ukraine.

Des sanctions contre une compagnie iranienne et trois militaires

Les États membres de l'UE se sont mis d'accord jeudi sur des sanctions visant notamment la compagnie iranienne Shahed Aviation Industries, liée aux puissants Gardiens de la Révolution, et trois responsables militaires, dont le général Mohammed Hossein Bagheri, chef d'état-major des forces armées iraniennes. Volodymyr Zelensky a affirmé mercredi que son armée avait détruit 233 de ces drones en un mois.

L'Iran a démenti jeudi des informations du Washington Post selon lesquelles la République islamique prévoyait d'envoyer des missiles à la Russie pour servir dans sa guerre contre l'Ukraine. Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a réagi jeudi sur Twitter, jugeant "sans fondement" ces allégations.

"Lors d'une conversation téléphonique avec [le chef de la diplomatie européenne] Josep Borrell, je lui ai rappelé que notre politique (...) est de nous opposer à la guerre et à son escalade en Ukraine", a assuré le ministre iranien. "L'allégation selon laquelle nous enverrions des missiles iraniens à la Russie pour les utiliser contre l'Ukraine est sans fondement".

L'Ukraine s'inquiète de la "menace croissante" d'une nouvelle offensive russe depuis le Bélarus

L'armée ukrainienne s'est dit jeudi inquiète de la "menace croissante" d'une nouvelle offensive russe depuis la Biélorussie, son voisin au nord, dont le territoire a servi de base arrière aux forces russes pour leur invasion de l'Ukraine fin février.

"La rhétorique agressive des dirigeants militaires et politiques de la Russie et de la Biélorussie s'intensifie", a déclaré à la presse Oleksiï Gromov, un responsable de l'état-major militaire ukrainien. "La menace de reprise de l'offensive sur le front nord par les forces armées russes grandit", a-t-il affirmé, alors que Moscou et Minsk ont lancé une force militaire commune ces derniers jours.

L'Ukraine limite la consommation d'énergie

Après plusieurs frappes russes ces derniers jours qui ont fortement endommagé les infrastructures énergétiques de l'Ukraine, notamment avec l'utilisation de drones, l'Ukraine a limité jeudi la consommation en électricité de sa population et ses entreprises, notamment à Kiev, à l'approche de l'hiver. Dans la capitale ukrainienne, le maire Vitali Klitschko a exhorté les entreprises, les magasins, les cafés et les restaurants à "économiser au maximum" leur consommation en électricité sur les éclairages et la publicité lumineuse.

"Même de petites économies au sein de chaque ménage aideront à stabiliser le système énergétique du pays", a-t-il ajouté sur les réseaux sociaux. Dans plusieurs autres régions, les autorités locales ont également appelé les habitants à réduire drastiquement leur consommation en électricité, alors que la Russie a détruit 30% des centrales électriques ukrainiennes en une semaine, selon les chiffres fournis par le président Volodymyr Zelensky mardi.

Des restrictions ont été notamment prises dans les régions de Lviv et Tchernivtsi par les compagnies de distribution d'électricité, sans qu'elles ne s'appliquent toutefois "aux infrastructures essentielles de la région", a indiqué dans un communiqué l'entreprise Tchernivtsioblenergo. "Les transports électriques, les systèmes de chauffage, les hôpitaux et les boulangeries continueront en particulier à opérer sans restrictions", a affirmé l'entreprise.

La fréquence des métros diminuée à Kharkiv

A Kharkiv, dans le nord-est, grande ville frappée à de multiples reprises par l'armée russe depuis fin février, l'établissement en charge du métro a, lui, annoncé diminuer la fréquence des trains pour économiser de l'électricité. "Nous nous attendons à ce que la terreur russe se dirige contre les installations énergétiques jusqu'à ce qu'avec l'aide de nos partenaires, nous soyons capables de détruire 100% des missiles et des drones", avait mis en garde mercredi soir le président Volodymyr Zelensky.

Dans le sud de l'Ukraine, l'administration russe de la région de Kherson a assuré mercredi que les évacuations de civils avaient débuté. Elle prévoit d'en déplacer "50.000 à 60.000" en quelques jours sur l'autre rive du Dniepr. L'administration russe a affirmé que 15.000 personnes avaient été évacuées de ce territoire annexé par Moscou, face à l'avancée des troupes ukrainiennes.

La ville de Kherson bientôt évacuée

La ville de Kherson, occupée depuis le printemps, va être évacuée face à l'avancée des troupes ukrainiennes, a dit le chef des autorités municipales prorusses Vladimir Saldo, promettant que les soldats russes allaient résister "jusqu'à la mort". Le général Sergueï Sourovikine, récemment nommé chef des opérations russes en Ukraine, avait reconnu mardi que la situation y était "très difficile".

Mais pour le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksiy Danilov, on assiste plutôt à "la préparation de la déportation massive de la population ukrainienne" vers la Russie "afin de modifier la composition ethnique des territoires occupés". Le président Zelensky a mis en garde les habitants des régions annexées contre une campagne d'enrôlement de force par l'armée russe.

Zelensky accuse les Russes d'avoir miné un barrage dans le sud de l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé jeudi soir les Russes d'avoir miné un barrage d'une centrale hydroélectrique située dans la région de Kherson, dans le Sud de l'Ukraine, et sous contrôle des forces de Moscou. "Selon nos informations, les agrégats et le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka ont été minés par des terroristes russes", a affirmé M. Zelensky dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux.