Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 469e jour de l'invasion russe

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600 km2 ont été inondés après la destruction du barrage de Kakhovka. © GETTY IMAGES / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
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avec AFP / Crédit photo : GETTY IMAGES / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP , modifié à
Au 469e jour de l'invasion russe, les évacuations se poursuivent après la destruction d'un barrage dans le sud de l'Ukraine, qui a inondé plus de 600 km2. La Russie et l'Ukraine continuent de se rejeter la responsabilité, 48 heures après l'explosion du barrage. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a dit que ses troupes avaient contré jeudi une offensive ukrainienne dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, à l'heure où Kiev se dit prêt à lancer un assaut pour reconquérir les territoires occupés par Moscou. "Aujourd'hui à 1h30 (22h30 GMT) du matin dans la zone de Zaporijjia, l'ennemi a tenté de percer nos défenses avec (...) jusqu'à 1.500 hommes et 150 véhicules blindés", a affirmé Sergueï Choïgou dans un communiqué. "L'ennemi est stoppé et recule avec de lourdes pertes", a-t-il ajouté. Et de se féliciter : "Les forces ennemies spécialement formées pour la mise en œuvre de cette percée n'ont pas rempli leur tâche".

Toujours selon Sergueï Choïgou, "à la suite d'une bataille de deux heures, l'ennemi a perdu 30 chars, 11 véhicules de combat d'infanterie et jusqu'à 350 hommes", des affirmations toutefois invérifiables de source indépendante. Les autorités ukrainiennes n'ont pas fait mention officiellement de ces événements dans l'immédiat. Kiev affirme depuis des mois préparer une grande contre-offensive contre les forces russes visant à reprendre les territoires ukrainiens occupés par Moscou, dont la Crimée, péninsule annexée en 2014. Des observateurs estiment que l'intensification des "opérations offensives" menées par Kiev le long de la ligne de front ces dernières semaines sont les premiers signaux de cet assaut tant attendu.

Dans une vidéo publiée dimanche dernier, l'armée ukrainienne avait semblé appeler les soldats à garder le silence, et a déclaré qu'il n'y aurait pas d'annonce sur le début de cette offensive à laquelle l'armée russe s'est également préparée pour conserver ses positions.

Les informations à retenir :

  • Une frappe russe sur Kherson a fait plusieurs blessés
  • La Russie affirme avoir contré une offensive ukrainienne dans la région de Zaporijjia.
  • Après la destruction du barrage de Kakhovka, 600 km² ont été inondés dans le sud de l'Ukraine.
  • Cinq personnes sont mortes noyées dans les territoires occupés par la Russie.
  • Depuis, des milliers de civils ont été évacués et 20.000 personnes sont sans électricité.
  • Le Royaume-Uni va imposer de nouvelles sanctions contre la Biélorussie.
  • Le niveau du réservoir d'eau du barrage de Kakhovka ne permet plus d'assurer le refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijjia.

L'eau du barrage ne suffit plus à refroidir les réacteurs de la centrale nucléaire

Le niveau du réservoir d'eau du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, ne permet plus d'assurer le refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijjia, a annoncé jeudi l'opérateur du barrage. Le niveau de l'eau, "sous le seuil critique de 12,7 mètres", ne suffit désormais plus à alimenter "les bassins de la centrale nucléaire de Zaporijjia" pour les opérations de refroidissement, a expliqué le patron de l'opérateur ukrainien Ukrhydroenergo Igor Syrota.

L'Ukraine demande à l'Europe de lui fournir davantage d'électricité

L'Ukraine demande à l'Europe d'"augmenter" sensiblement ses livraisons d'électricité après les attaques russes "contre les infrastructures énergétiques du pays" et la destruction du barrage de Kakhovka qui a provoqué des inondations massives, a déclaré le ministre ukrainien de l'Energie Guerman Galouchtchenko jeudi dans un entretien à l'AFP. "Nous demandons à l'Europe d'augmenter" le plafond d'importation d'électricité pour le porter à 2 gigawatts au lieu d'un gigawatt actuellement, a-t-il dit, assurant par ailleurs que la centrale nucléaire de Zaporijjia ne présentait "pas de risque imminent à ce stade" mais exigeait d'être "surveillée".

Sur les 600 kilomètres carrés touchés par l'inondation qui a suivi la destruction du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, "jusqu'à 80 localités pourront être détruites", "20.000 foyers sont sans électricité", et "au moins 10.000 hectares de terres agricoles" endommagés, a énuméré le ministre en citant des "chiffres préliminaires". Celui-ci s'exprimait en marge d'une réunion à Versailles de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) consacrée aux politiques énergétiques dans le monde. La destruction du barrage menace aussi l'approvisionnement en eau potable de villes comme Dnipro ou Nikolaïev, a-t-il ajouté, "c'est un désastre".

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, "50% de nos infrastructures énergétiques ont subi des attaques", a poursuivi le ministre, les Russes utilisant selon lui "toutes sortes d'armes pour attaquer" ces infrastructures. Le plafond actuel d'importation d'électricité européenne en Ukraine est de "1.050 megawatts", a-t-il expliqué. Or les infrastructures d'interconnexion existantes "nous permettent d'importer jusqu'à 2 gigawatts d'électricité" en vue de l'hiver prochain. "Jusqu'à présent, l'Ukraine couvre 100% de ses besoins" en produisant elle-même son électricité, mais "nous avons demandé à l'Europe d'augmenter" le plafond des livraisons, a-t-il ajouté.

Moscou accuse Kiev devant la CIJ d'avoir attaqué le barrage de Kakhovka

Moscou a affirmé jeudi devant la Cour internationale de justice (CIJ) que Kiev avait détruit le barrage de Kakhovka avec des frappes d'artillerie "massives", et accusé le gouvernement ukrainien de raconter des "mensonges flagrants". La Russie a appelé la plus haute juridiction de l'ONU à rejeter l'affaire dans laquelle Kiev accuse Moscou d'avoir violé un traité de financement du terrorisme en soutenant les séparatistes dans l'Est de l'Ukraine depuis 2014.

"L'Ukraine a déclaré que la Russie a fait exploser le grand barrage situé à Nova Kakhovka. En fait, c'est l'Ukraine qui l'a fait", a déclaré l'ambassadeur de Russie aux Pays-Bas Alexander Shulgin. La destruction du barrage, sous contrôle russe dans le sud de l'Ukraine occupée, a provoqué des inondations massives, et fait des morts et des blessés.

"Le régime de Kiev a non seulement lancé des attaques d'artillerie massives contre le barrage (...) mais il a aussi délibérément porté le niveau d'eau du réservoir de Kakhovka à un niveau critique", en ouvrant les vannes de la centrale hydroélectrique, a martelé Alexander Shulgin.

Des soldats ukrainiens formés par la Suède "prêts pour le front"

La Suède a indiqué jeudi avoir achevé la formation de soldats ukrainiens à l'utilisation des 50 chars légers CV90 donnés par Stockholm à Kiev, et affirmé qu'ils étaient "prêts pour le front". Stockholm n'a pas précisé combien de soldats ukrainiens ont participé à cette formation. "Pour des raisons de sécurité, nous ne divulguerons pas à ce stade, des détails sur l'étendue ou la durée de la formation", a déclaré à l'AFP une porte-parole des forces armées suédoises.

Quatre compagnies d'infanterie mécanisée ont été formées dans des sites tenus secrets à travers le pays au cours des derniers mois, selon l'agence de presse suédoise TT. La taille des compagnies varie d'un pays à l'autre et peut aller de quelques dizaines à des centaines de soldats. La Suède a annoncé en janvier qu'elle enverrait 50 de ses véhicules blindés de combat en Ukraine. Le modèle envoyé en Ukraine est le CV9040C, équipé d'un canon automatique de 40 mm qui peut viser un "hélicoptère en vol stationnaire à quatre kilomètres de distance", selon les forces armées. Certains des soldats ukrainiens n'avaient "aucune expérience des véhicules de combat ou des chars, mais beaucoup avaient de l'expérience avec le véhicule de combat russe BMP-1", a expliqué l'un des instructeurs suédois dans un communiqué.

Le pays scandinave s'est également engagé à envoyer à Kiev son système d'artillerie mobile Archer et des missiles antichars NLAW. Le mois suivant, il a annoncé qu'il envoyait également "environ 10" chars Leopard 2 avec les systèmes de missiles anti-aériens IRIS-T et HAWK. Peu de temps après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, en février 2022, la Suède a rompu avec sa doctrine de ne pas livrer d'armes aux pays en guerre, promettant des milliers d'armes antichars AT4. Stockholm a ensuite promis à l'Ukraine une aide militaire totale d'une valeur de 16,9 milliards de couronnes suédoises (1,6 milliard de dollars).

Londres impose de nouvelles sanctions à la Biélorussie, alliée de Moscou

Le Royaume-Uni va imposer de nouvelles sanctions contre la Biélorussie, visant notamment certaines exportations de matériaux stratégiques et la "propagande" des médias de ce pays allié de Moscou, en vertu d'une nouvelle loi entrée en vigueur jeudi. Ces nouvelles mesures "vont augmenter la pression économique sur (le président bélarusse Alexandre) Loukachenko et son régime, qui facilitent activement l'effort de guerre russe et ignorent l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a déclaré le ministre des Affaires étrangères James Cleverly, cité dans un communiqué. Londres interdit ainsi les importations d'or, ciment, bois et caoutchouc en provenance de Biélorussie, et interdit les exportations depuis le Royaume-Uni de matériels et technologies susceptibles de servir à produire des armes chimiques et biologiques.

La nouvelle loi permet au gouvernement d'obliger les réseaux sociaux et fournisseurs d'accès à internet à restreindre l'accès depuis le Royaume-Uni aux médias bélarusses sous sanctions, comme c'est déjà le cas pour les médias russes, détaille encore le communiqué. Enfin, le gouvernement se donne la possibilité de cibler les proches de personnalités bélarusses, proches du régime déjà sous sanctions. Londres entend ainsi "sévir contre ceux qui contournent les sanctions, compte-tenu des liens étroits entre les économies bélarusses et russes, en appliquant au Bélarus des mesures existantes contre la Russie".

Le Royaume-Uni avait déjà pris des sanctions contre une centaine de personnalités et entités bélarusses, et a aussi interdit les exportations de pétrole et produits pétroliers, certains composants technologiques, les biens de luxes et les importations d'acier et fer.

Neuf blessés dans une frappe russe à Kherson, touchée par les inondations

Une frappe russe sur le centre de Kherson (sud), ville touchée par des inondations importantes après la destruction d'un barrage, a fait neuf blessés, selon le ministère de l'Intérieur, après que le parquet régional eut initialement fait état d'un mort. "Neuf personnes ont été blessées à la suite d'un bombardement", a indiqué le ministère ukrainien sur Telegram, précisant séparément "ne pas avoir reçu d'informations" sur d'éventuels morts. Un chiffre confirmé par le gouverneur régional, Oleksandre Prokoudine, qui a précisé que parmi ces personnes figuraient "deux secouristes, un policier, un infirmier et un bénévole allemand".

Un peu plus tôt, le parquet régional avait indiqué dans un communiqué qu'"un civil a été tué (...) et deux autres personnes ont été blessées". "À la suite des bombardements de l'artillerie russe, il y a des civils blessés et tués dans le centre-ville de Kherson. Leur nombre est en cours de clarification", avait de son côté affirmé à l'AFP Serguiï Sergueïev, un attaché de presse dans la zone. Le parquet régional a par ailleurs fait état de "quatre habitants blessés" dans une autre frappe, sur un village près de la ville de Kherson.

600 km2 inondés dans le sud de l'Ukraine après la destruction du barrage de Kakhovka

La destruction du barrage de Kakhovka a inondé une zone de plus de 600 km² dans le sud de l'Ukraine, sur la rive droite du fleuve Dniepr contrôlée par les Ukrainiens comme sur la rive gauche occupée par les Russes, a annoncé jeudi un gouverneur ukrainien.

"Six cents kilomètres carrés sont inondés dans la région de Kherson. 32% se trouvent sur la rive droite et 68% sur la rive gauche", a déclaré le gouverneur de la région de Kherson, Oleksandr Prokudin, sur les réseaux sociaux.

Barrage détruit : cinq morts dans les territoires occupés par Moscou

Cinq personnes sont mortes noyées après la destruction du barrage de Kakhovka à Kherson, région du sud de l'Ukraine partiellement occupée par la Russie, ont rapporté jeudi les agences de presse russes citant les autorités locales. "Cinq personnes qui faisaient paître le bétail sont mortes noyées", a déclaré Vladimir Leontiev, le maire de la ville de Nova Kakhovka, installé par la Russie, cité par les agences russes.

Une quarantaine de personnes ont été hospitalisées, selon les agences. Nova Kakhovka est située à proximité de ce barrage, dont la destruction mardi a provoqué des milliers d'évacuations des zones inondées à la fois dans les territoires contrôlés par la Russie et l'Ukraine. Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité de cette destruction, qui fait craindre une catastrophe humanitaire et écologique.

20.000 personnes sans électricité

Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité de la destruction, mardi, du barrage Kakhovka situé sur le fleuve Dniepr, qui fait craindre une catastrophe humanitaire et écologique. Selon le gouverneur Oleksandre Prokoudine, "six cents kilomètres carrés sont inondés dans la région de Kherson. 32% se trouvent sur la rive droite" du fleuve contrôlée par les Ukrainiens, et "68% sur la rive gauche", occupée par les Russes. Selon l'administration de la région, 2.198 personnes ont été évacuées. De nombreuses autres personnes ont fui par leurs propres moyens.

Les services d'urgence ont expliqué que, du côté ukrainien de la rivière, "20 localités et 2.629 maisons" avaient été inondés. Un homme de 53 ans du village de Vassylivka, qui avait refusé d'être évacué mercredi, est mort, selon Serguiï Chaikhet, chef de la police de la région de Mykolaïv.

Côté russe, 4.500 personnes "ont déjà été évacuées", selon les autorités d'occupation, et "cinq personnes (...) sont mortes noyées", selon Vladimir Leontiev, le maire de la ville de Nova Kakhovka, installé par la Russie. Plus de 20.000 consommateurs sont toujours privés d'électricité, selon le ministère ukrainien de l'Energie. Le gouvernement a lancé un appel aux dons pour les sauveteurs, notamment pour l'achat de bateaux ou de motopompes.

L'Ukraine et la Russie continuent d'évacuer les zones inondées, et se renvoient la faute

L'Ukraine et les forces d'occupation russes continuaient mercredi l'évacuation des civils des zones inondées après la destruction la veille dans une zone sous contrôle russe du barrage de Kakhovka (sud) sur le fleuve Dniepr, qui fait craindre une catastrophe humanitaire et écologique.

Les deux camps se rejettent la responsabilité de la destruction du barrage. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait accusé dès mardi la Russie de l'avoir miné et de l'avoir fait exploser, barrant de facto la route à une contre-offensive de ses troupes dans cette zone du sud du pays, a répété mercredi dans un entretien avec son homologue français Emmanuel Macron qu'il s'agissait d'un acte terroriste russe".

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé pour sa part mercredi qu'il s'agissait d'"un acte barbare" à imputer à Kiev.