Guerre en Ukraine : Zelensky demande à Macron et Scholz des «avions» et de «l'armement lourd»

Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron et Olaf Scholz (de gauche à droite) lors de leur conférence de presse commune à l'Élysée.
Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron et Olaf Scholz (de gauche à droite) lors de leur conférence de presse commune à l'Élysée. © SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu ce mercredi au Royaume-Uni, pour sa deuxième visite à l'étranger depuis le début de l'invasion russe. Il s'est ensuite rendu à Paris où il s'est entretenu avec Emmanuel Macron et Olaf Scholz à l'Élysée. Les trois dirigeants doivent s'envoler ce jeudi pour Bruxelles. 

Après une visite surprise à Londres, où il a été accueilli à l'aéroport de Stansted par le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pris la direction de Paris afin de rencontrer son homologue Emmanuel Macron ainsi qu'Olaf Scholz, le chancelier allemand. Les trois dirigeants ont tenu une conférence de presse commune à l'Élysée et doivent s'envoler ce jeudi pour Bruxelles où ils participeront à un sommet de l'Union Européenne. Il s'agissait du deuxième déplacement à l'étranger de Volodymyr Zelensky depuis l'invasion russe. 

Les principales informations : 

  • Le chancelier allemand Olaf Scholz a assuré mercredi au président ukrainien Volodymyr Zelensky que les alliés soutiendraient son pays, notamment militairement, "aussi longtemps que nécessaire"
  • Volodymyr Zelensky a demandé de l'armement lourd et des avions "le plut tôt possible" à Olaf Scholz et Emmanuel Macron
  • Emmanuel Macron a assuré son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky mercredi soir à Paris de sa "détermination" à "accompagner" l'Ukraine "vers la victoire"
  • L'Allemagne compte pouvoir former et fournir à l'Ukraine un premier bataillon de chars Leopard 2 d'ici avril

Zelensky demande des avions et de l'armement lourd

Le président ukrainien, arrivé mercredi soir à Paris pour un dîner avec son homologue français Emmanuel Macron et avec le chancelier allemand Olaf Scholz, a demandé de l'armement lourd et des avions "le plut tôt possible". "Plus tôt l'Ukraine obtient de l'armement lourd de longue portée, plus tôt nos pilotes obtiennent des avions, plus vite se terminera cette agression russe et nous pourrions revenir à la paix en Europe", a déclaré Volodymyr Zelensky à l'Elysée.

Les alliés soutiendront militairement l'Ukraine "aussi longtemps que nécessaire", assure Scholz

Olaf Scholz a assuré mercredi au président Volodymyr Zelensky que les alliés soutiendraient son pays, notamment militairement, "aussi longtemps que nécessaire" pour repousser l'invasion russe. "Nous nous sommes engagés aux côtés de l'Ukraine (...) et nous avons également soutenu l'Ukraine par le biais d'aide financière, d'aide humanitaire et de l'armement, de l'artillerie lourde, de la défense antiaérienne et, plus récemment, de la livraison de chars de combat, et nous continuerons à le faire aussi longtemps que nécessaire", a assuré le chancelier allemand.

Macron assure son soutien à Zelensky

Emmanuel Macron a témoigné son homologue ukrainien mercredi soir à Paris sa "détermination" à "accompagner" l'Ukraine "vers la victoire" et de sa volonté de poursuivre les livraisons françaises d'armes à l'Ukraine, près d'un an après le début de l'invasion russe. "Nous nous tenons aux côtés de l'Ukraine. Fermement. Et avec la détermination de l'accompagner vers la victoire et le rétablissement de ses droits légitimes", a-t-il dit. "Nous poursuivrons l'effort" en matière de livraisons de moyens de défense", a-t-il ajouté.

La Russie promet une réponse si Londres envoie des avions à l'Ukraine

L'ambassade russe en Grande-Bretagne a promis mercredi une "réponse" si Londres se décidait à envoyer des avions de combat à l'Ukraine, comme l'a réclamé le président Volodymyr Zelensky, en visite sur place. "Je voudrais rappeler aux responsables à Londres: dans un tel scénario, la moisson sanglante du prochain cycle d'escalade sera sur votre conscience, ainsi que les conséquences militaires et politiques pour le continent européen et le monde entier", a indiqué l'ambassade, citée par les agences de presse russes. "La Russie trouvera une réponse à toute mesure hostile", a-t-elle ajouté.

Livraison de chars Leopard 2 par le Portugal

Le Portugal pourra livrer à l'Ukraine trois chars lourds Leopard 2 au cours du mois de mars, a annoncé mercredi le Premier ministre Antonio Costa, après avoir indiqué ce week-end que ces blindés devaient d'abord être remis en état de fonctionnement avec l'aide de l'Allemagne. "Nous sommes en train de remettre en état les chars Leopard 2 et nous serons en mesure de mettre à disposition trois d'entre eux au mois de mars", a déclaré M. Costa lors d'une intervention au parlement portugais.

La presse portugaise a récemment rapporté que plus de la moitié des 37 chars Leopard 2 de l'armée n'étaient pas en état de fonctionnement. En déplacement à Varsovie mercredi, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a pour sa part indiqué que Berlin et ses alliés comptaient pouvoir fournir à l'Ukraine un premier bataillon de 31 chars Leopard 2 d'ici avril.

Zelensky à Londres 

Ovationné par les parlementaires, le dirigeant ukrainien, dans sa désormais familière tenue militaire kaki, a remercié de manière appuyée Londres pour son soutien depuis un an, mais répété que cela ne suffisait pas. "Je vous demande, à vous et au monde, des mots simples mais pourtant très importants: des avions de combat pour l'Ukraine, des ailes pour la liberté", a déclaré Volodymyr Zelensky, avant de conclure par des remerciements "pour le thé anglais délicieux" et "d'avance pour les avions britanniques". "Nous savons que la liberté va l'emporter, nous savons que la Russie va perdre", a-t-il estimé, décrivant une victoire ukrainienne comme "une victoire contre l'idée même de guerre", qui découragera "n'importe quel agresseur" dans le monde.

Il doit rencontrer dans l'après-midi le roi Charles III, puis rendre visite à des troupes ukrainiennes en formation dans le sud-ouest de l'Angleterre.

Zelensky demande à l'UE d'accélérer les livraisons d'armes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky va exhorter les dirigeants européens à accélérer les livraisons d'armes à son pays, a déclaré mercredi un responsable ukrainien. M. Zelensky assistera jeudi à un sommet de l'UE dans le cadre de son deuxième voyage à l'étranger depuis que la Russie a déclenché l'invasion de l'Ukraine il y a près d'un an. "Mon président se déplace pour obtenir des résultats", a déclaré aux journalistes un responsable ukrainien sous couvert d'anonymat. "D'abord et avant tout, le résultat principal, ce sont les armes", a-t-il insisté.

Il a précisé que le président ukrainien exhorterait le Conseil européen, composé des 27 dirigeants des États membres de l'UE, à "accélérer les livraisons d'armes à l'Ukraine", ajoutant que Kiev avait un besoin urgent de munitions, d'artillerie, de chars de combat et d'avions de chasse. La demande d'avions de combat n'est "pas irréaliste", a-t-il soutenu.

Berlin espère la livraison d'un premier bataillon d'ici avril

L'Allemagne compte pouvoir former avec ses alliés et fournir à l'Ukraine un premier bataillon de chars Leopard 2 d'ici avril, a déclaré mercredi à Varsovie le ministre allemand de la Défense. "Je pense que nous pourrons livrer au moins un bataillon au cours des quatre premiers mois de cette année, trois mois peut-être. Et puis nous devons aller aussi vite que possible, bien sûr", a indiqué aux journalistes M. Boris Pistorius, qui a indiqué qu'il s'agissait de 31 chars ce qui correspond à un bataillon ukrainien. Selon le ministre allemand, en ce moment des négociations portent sur "peut-être deux (bataillons) à la fin de l'année" qui seraient suivis l'année prochaine par "deux ou trois, voire quatre bataillons supplémentaires de Leopard 1A5" qui est une version antérieure de ce char.

Mardi, les ministres de la Défense de l'Allemagne, des Pays-Bas et du Danemark ont annoncé que l'Ukraine allait recevoir "dans les prochains mois" au moins 100 chars Leopard 1 A5. Ces chars, de fabrication allemande seront "remis à neuf à partir des stocks industriels", ont-ils expliqué dans un communiqué commun. Cette promesse de livraison de Leopard 1 a été rendue possible par le feu vert de Berlin aux industriels allemands pour qu'ils donnent à l'Ukraine les chars qu'ils ont encore en stock. Au total sont potentiellement concernés 178 Leopard, mais le nombre qui pourra être effectivement livré dépend de la durée de leur remise en état car ces blindés ont été mis hors service depuis plusieurs années.

Un certain flou règne par ailleurs toujours sur les pays volontaires pour fournir des chars Leopard 2, sur le nombre de chars qu'ils consentent à fournir et sur la date à laquelle ces blindés pourraient être opérationnels. Ainsi, l'Allemagne a promis de livrer 14 Leopard 2A6, la Pologne 14 Leopard 2A4, le Canada 4 Leopard 2, tandis que la Finlande, la Suède et la Norvège, qui possèdent des Leopard 2, ont indiqué vouloir contribuer à l'effort, comme l'Espagne et le Portugal. M. Pistorius a indiqué mercredi qu'avec les ministre polonais et ukrainien de la Défense, ils inviteront la semaine prochaine à une réunion les pays qui doivent former cette "coalition de chars". "Il y a encore de la marge pour que certains pays se joignent à cette initiative", a-t-il ajouté.

L'armée britannique va étudier de possibles livraisons d'avions à Kiev

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a demandé à l'armée britannique d'étudier la possibilité de livrer des avions à l'armée ukrainienne, a indiqué mercredi Downing Street, assurant cependant que cela ne pourrait constituer qu'une "solution de long terme". "Le Premier ministre a chargé le ministre de la Défense (Ben Wallace) d'étudier quels appareils nous pourrions fournir mais il s'agit clairement d'une solution à long terme plutôt que d'une capacité à court terme, ce dont l'Ukraine a le plus besoin actuellement", a déclaré à des journalistes le porte-parole du dirigeant conservateur britannique lors d'une visite à Londres du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Formation de pilotes de chasse ukrainiens

C'est la première fois que Volodymyr Zelensky quitte le territoire ukrainien depuis une visite de quelques heures le 21 décembre à Washington. Il avait alors été reçu à la Maison Blanche par le président Joe Biden et s'était exprimé devant le Congrès américain, dont les élus des deux chambres l'avaient ovationné. Pour son déplacement au Royaume-Uni, Londres a promis de débloquer "une augmentation immédiate des livraisons d'équipements militaires pour aider à contrer l'offensive de printemps de la Russie", avec notamment des capacités de plus longue portée que ce dont dispose l'armée ukrainienne jusqu'à présent, selon un communiqué des services du Premier ministre.

Cela va s'ajouter à "un soutien à long terme" sous la forme de formation des troupes ukrainiennes, étendue aux pilotes d'avions de chasse "afin de garantir que l'Ukraine puisse défendre son espace aérien à l'avenir." "Cette formation permettra aux pilotes d'être en mesure de piloter des avions de combat sophistiqués répondant aux normes de l'Otan", tels que réclamés par Kiev, est-il ajouté. Londres a également annoncé un renforcement de ses sanctions contre le secteur de la défense russe et notamment la production de drones.

Londres, un soutien solide pour l'Ukraine

S'exprimant depuis Downing Street, Volodymyr Zelensky a remercié le Royaume-Uni pour le "grand soutien (du pays) depuis les premiers jours de l'invasion" russe. "Merci beaucoup. Nous sommes vraiment fiers et nous avons de très bonnes relations avec Rishi Sunak", a-t-il ajouté. Le Royaume-Uni a fourni à Kiev 2,3 milliards de livres (2,5 milliards d'euros) d'aide militaire l'an dernier. Le gouvernement s'est engagé à maintenir cette année ce niveau d'aide, le deuxième dans le monde après les Etats-Unis. Londres a livré des armes létales à l'armée ukrainienne avant même le lancement de l'invasion russe, le 24 février 2022, et a été le premier pays à annoncer en janvier son intention de lui envoyer des chars lourds, 14 Challengers 2, avant d'être suivi par l'Allemagne avec ses Leopard et les Etats-Unis avec leurs Abrams.

Rishi Sunak s'est en revanche montré réticent à livrer des avions de chasse, estimant la semaine dernière que cela nécessiterait des "mois", voire des "années" de formation pour les pilotes. La formation de pilotes semble donc ouvrir la porte à de telles livraisons. Cette annonce, a plaidé Rishi Sunak, "souligne notre volonté de ne pas nous contenter de fournir des équipements militaires à court terme, mais de prendre l'engagement à long terme de soutenir l'Ukraine dans les années à venir." Côté américain, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba s'est entretenu mardi avec le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken d'une "nouvelle aide militaire et de nouvelles sanctions contre la Russie" à l'approche de l'anniversaire de l'invasion.

Au moins 100 chars Leopard 1 seront bientôt livrés à l'Ukraine

L'Ukraine va recevoir "dans les prochains mois" au moins 100 chars Leopard 1 A5, des modèles anciens de blindés de combat, ont annoncé mardi les ministres de la Défense de l'Allemagne, des Pays-Bas et du Danemark. Ces chars, de fabrication allemande, plus vieux que les Leopard 2, seront "remis à neuf à partir des stocks industriels", expliquent les trois pays dans un communiqué commun. Cette annonce intervient au moment où le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius effectue une visite surprise à Kiev. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans la soirée, a "remercié" les trois pays de "leur soutien pertinent", à l'issue d'un entretien avec M. Pistorius, dont c'est le premier déplacement en Ukraine depuis sa nomination mi-janvier.

En plus de la livraison des Leopard 1, Berlin, Copenhague et La Haye promettent une formation aux soldats ukrainiens au maniement de ces chars, ainsi que la fourniture de pièces détachées de rechange et des munitions. Les trois pays indiquent que leur initiative est "ouverte à d'autres partenaires". Ils mentionnent ainsi la Belgique qui a "signalé un intérêt à y participer".

Vladimir Poutine "n'atteindra pas ses objectifs"

Le président russe Vladimir Poutine "n'atteindra pas ses objectifs" en Ukraine ni sur "le champ de bataille", ni en "imposant un traité de paix", a déclaré mercredi le chancelier Olaf Scholz, insistant sur l'unité intacte des alliés occidentaux dans leur soutien à Kiev. "C'est le constat que l'on peut faire après un an de guerre", a jugé le chancelier lors d'un discours devant les députés du Bundestag avant le sommet des dirigeants de l'UE jeudi à Bruxelles. "Il en est ainsi depuis le premier jour: la cohésion au sein de nos alliances est notre bien le plus précieux", a-t-il insisté, réaffirmant que les alliés aideraient l'Ukraine à défendre "sa souveraineté et son intégrité territoriale (...) aussi longtemps que nécessaire".

L'Allemagne a accueilli plus d'un million de réfugiés ukrainiens depuis le début de l'invasion le 24 février 2022, et a fourni un montant global d'aides de 12 milliards d'euros pour le pays. "Ce soutien continue en 2023", a-t-il dit. Le pays aide aussi militairement Kiev, en étroite collaboration avec ses partenaires. "Nous renforçons et protégeons cette cohésion en préparant des décisions entre nous de façon confidentielle, et en les communiquant ensuite", a-t-il dit, en référence à l'annonce récente de l'Allemagne et des Etats-Unis de livrer des chars d'assaut à l'Ukraine pour l'aider à refouler les troupes russes à l'est du pays.

Ce qui nuit à l'unité des alliés en revanche sont les débats sur la place publique concernant des livraisons d'armes, "sur le thème, des chars de combat, des sous-marins, des avions de combats", a-t-il critiqué. "Toute dissonance, toute spéculation sur des différences possibles ne sert qu'à Poutine et à sa propagande", a-t-il averti. Berlin a été critiqué pour avoir tergiversé à donner son feu vert à la livraison de chars lourds de combat et Olaf Scholz a plusieurs fois affirmé qu'il était contre l'option de fournir à Kiev des avions de combat. Le chancelier a également réitéré le soutien ferme de l'Allemagne aux ambitions ukrainiennes de rejoindre l'UE, à un moment où le président Volodomyr Zelensky veut accélérer les discussions d'adhésion de son pays.

"L'Ukraine appartient à l'Europe, son avenir est dans l'Union européenne! Et cette promesse compte", a lancé Olaf Scholz. Les plus hauts responsables de l'Union européenne s'étaient réunis vendredi dernier à Kiev pour afficher leur soutien au processus d'adhésion de l'Ukraine.