Kiev presse les Occidentaux de livrer au plus tôt leurs chars lourds. 3:48
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avec AFP , modifié à
Mercredi, Berlin et les États-Unis ont annoncé la livraison de chars Leopard 2 et Abrams à l'Ukraine. Des chars lourds que Kiev espère recevoir au plus vite face à la possibilité d'une contre-offensive russe dans les prochaines semaines. La coalition de pays prêts à fournir de tels blindés comprend aussi la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, la Pologne, la Finlande et l'Espagne.
L'ESSENTIEL

Une attaque de missiles était en cours jeudi matin contre l'Ukraine, visée par "plus de trente missiles russes", a indiqué le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne à la télévision. "Six Tu-95 ont décollé de la région (russe) de Mourmansk et lancé des missiles. Nous attendons plus de 30 missiles" au total, a indiqué Iouri Ignat alors que des médias ont déjà rapporté des explosions dans plusieurs régions et des gouverneurs ont fait état du fonctionnement de la défense antiaérienne.

Les informations à retenir :

  • L'Ukraine a été visée par "plus de trente missiles russe" ce jeudi matin
  • Une personne est décédée à Kiev, des coupures d'électricité "de prévention" ont été déclenchées dans la capitale et dans trois autres régions
  • Le Kremlin dénonce "l'engagement direct" des Occidentaux dans le conflit
  • Les États-Unis vont livrer 31 chars Abrams à l'Ukraine.
  • Berlin va envoyer pour sa part 14 chars Leopard 2A6 à l'Ukraine.
  • La Norvège a aussi promis à l'Ukraine des Leopard 2.

Le Canada va livrer quatre chars Leopard à l'Ukraine

Le Canada va livrer quatre chars Leopard 2 à l'Ukraine pour l'aider à combattre l'invasion russe, a annoncé jeudi la ministre de la Défense, au lendemain d'une annonce similaire par plusieurs pays occidentaux après des semaines de tergiversations. "Ces quatre chars sont prêts au combat et seront déployés dans les semaines à venir", a déclaré Anita Anand lors d'une conférence de presse précisant que le nombre de chars livrés pourrait "augmenter" à l'avenir.

L'Ukraine espère recevoir les chars le plus rapidement possible

L'Ukraine espère recevoir au plus tôt les chars lourds promis par l'Allemagne et les Etats-Unis, la rapidité de leur livraison étant cruciale face à l'offensive russe, selon Kiev. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué la décision des Occidentaux et mis la barre encore plus haut en leur réclamant des missiles de longue portée et des avions de combat.

Dans l'immédiat, "la clé est maintenant la vitesse et le volume" des livraisons des chars, a-t-il souligné. La livraison de ces blindés est "une étape importante pour la victoire finale", a ajouté Volodymyr Zelensky mercredi soir dans son allocution quotidienne. "Aujourd'hui, le monde libre est uni comme jamais auparavant avec un objectif commun : la libération de l'Ukraine", a-t-il insisté.

Les chars britanniques Challenger 2 attendus fin mars en Ukraine

Le Royaume-Uni compte faire arriver fin mars ses chars Challenger 2 promis à l'Ukraine pour faire face à l'invasion russe, a annoncé jeudi le gouvernement britannique. Le Royaume-Uni a été le premier pays à annoncer, dès le 14 janvier, qu'il fournirait à Kiev des chars lourds, 14 Challenger 2. Allemagne et Etats-Unis ont fini par emboîter le pas à Londres mercredi. Devant le Parlement britannique jeudi, le secrétaire d'Etat à la Défense Alex Chalk a fait savoir que l'"intention" du gouvernement britannique étaient que les chars britanniques promis à l'Ukraine arrivent "fin mars".

D'ici-là est prévu un "important programme d'entraînement" à la fois pour les militaires ukrainiens qui utiliseront ces tanks, mais également pour ceux qui seront chargés de les entretenir. Ce programme doit commencer dès lundi, a-t-il précisé. Le Premier ministre Rishi Sunak a quant à lui expliqué que "tout se passe comme prévu" quant à la fourniture de ces tanks à l'Ukraine, "tout le monde devrait être très fier" du rôle moteur du Royaume-Uni sur la question.

"Nous sommes à présent dans un dialogue avec les Ukrainiens sur la meilleure manière de fournir ces chars et pour s'assurer que leurs militaires reçoivent l'entraînement dont ils ont besoin", a-t-il ajouté dans une déclaration aux chaînes de télévision britanniques.

Au moins 11 morts jeudi dans les frappes russes

Au moins 11 personnes ont été tuées et 11 autres blessées jeudi dans les nouvelles frappes russes d'ampleur en Ukraine ayant visé notamment des installations énergétiques, ont annoncé les services de secours ukrainiens. "Onze personnes ont été blessées et, malheureusement, 11 autres sont décédées", a déclaré à la télévision ukrainienne le porte-parole des secours, Oleksandr Khorounejy. Il a précisé que 11 régions avaient été touchées au total.

Des coupures d'électricité à Kiev et dans trois régions

Des coupures d'électricité "d'urgence" ont été déclenchées jeudi matin à Kiev et dans trois régions sur fond d'attaques de missiles russes sur l'Ukraine, a annoncé la compagnie d'électricité privée DTEK. "C'est une mesure de prévention qui permettra d'éviter des dommages importants aux infrastructures électriques si les missiles de l'ennemi atteignent leur but", a précisé le groupe sur Telegram. Outre la capitale, les coupures sont en vigueur dans sa région ainsi que celles d'Odessa (sud) et de Dnipropetrovsk (centre-est), selon DTEK.

Le Kremlin dénonce "l'engagement direct" des Occidentaux dans le conflit

Le Kremlin a dénoncé jeudi "l'engagement direct" des Occidentaux dans le conflit en Ukraine, après l'annonce de la livraison de dizaines de chars européens et américains à Kiev. "A Moscou, nous considérons cela comme un engagement direct dans le conflit et nous voyons que (cet engagement) grandit", a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.

Des semaines d'hésitations

Après des semaines d'hésitations, les Etats-Unis et l'Allemagne ont annoncé mercredi la livraison de chars lourds à l'Ukraine, traduisant un soutien occidental encore accru à Kiev dans la perspective d'une possible contre-offensive à l'invasion russe. Washington a annoncé l'envoi de 31 Abrams tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz a promis des Leopard 2, des blindés que réclamait Kiev depuis longtemps pour faire face au rouleau compresseur russe. "Il ne s'agit pas d'une menace offensive contre la Russie", a tenu à assurer le président américain Joe Biden.

Berlin doit fournir à Kiev 14 Leopard 2 de type 2A6 issus des stocks de son armée, la Bundeswehr, et a décidé d'autoriser ses alliés occidentaux disposant de ces blindés de fabrication allemande à faire de même. "Nous faisons ce qui est nécessaire et possible pour soutenir l'Ukraine, mais nous empêchons en même temps une escalade de la guerre, vers une guerre entre la Russie et l'Otan", a souligné M. Scholz devant le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand.

Le Kremlin promet que ces chars "brûleront"

"C'est une décision extrêmement dangereuse qui va amener le conflit vers un nouveau niveau de confrontation", a réagi l'ambassadeur de Russie à Berlin, Sergueï Netchaev. "Cela nous persuade une fois encore que l'Allemagne, à l'instar de ses alliés les plus proches, ne veut pas d'une solution diplomatique à la crise ukrainienne et qu'elle veut une escalade permanente", a-t-il dit. Selon des experts, la crainte d'une escalade militaire avec Moscou était pour beaucoup dans les hésitations du camp occidental à fournir des chars lourds à Kiev.

Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a estimé que les premiers chars en provenance d'Allemagne pourraient être en Ukraine dans les trois mois.

D'autres pays européens disposés à envoyer des chars

La Norvège a aussi promis à l'Ukraine des Leopard 2. Selon plusieurs médias, la coalition de pays prêts à fournir de tels blindés comprend aussi le Danemark et les Pays-Bas, en plus de la Pologne et de la Finlande. L'Espagne a confirmé être "disposée" à livrer aussi des chars. 

Les Leopard vont "renforcer la capacité défensive" de l'Ukraine, a estimé le Royaume-Uni qui s'est engagé à livrer 14 chars lourds Challenger 2. Pour le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, "à un moment critique de la guerre livrée par la Russie", les chars lourds envoyés à Kiev "peuvent aider l'Ukraine à se défendre, à vaincre et à l'emporter en tant que nation indépendante".

Des bombes à sous-munitions envoyées à l'Ukraine ?

Un responsable européen, qui n'a voulu être identifié ni par son nom ni par son pays d'origine, a par ailleurs affirmé que son gouvernement cherchait à envoyer à l'Ukraine des bombes à sous-munitions. Ce type de bombes est interdit par une convention signée en 2008 par la majeure partie des pays occidentaux, mais pas par la Russie qui a été accusée de les utiliser en Ukraine. "Les Ukrainiens les demandent. Il s'agit d'armes légitimes. Les dommages collatéraux ne sont plus aussi importants. Ils étaient extrêmement importants dans les années 40 et 50; aujourd'hui ils sont plutôt maîtrisables", a déclaré le responsable européen lors d'une visite à Washington.

"Les Russes ont utilisé toute sorte d'armes qui sont 100 fois pires que les bombes à sous-munitions", a-t-il jugé, assurant que l'Ukraine "doit gagner la guerre". Il a indiqué que son gouvernement avait approuvé la livraison et cherchait à obtenir l'accord de l'Allemagne, impliquée dans la production.

L'armée ukrainienne a admis avoir cédé Soledar

L'armée ukrainienne a par ailleurs admis mercredi avoir cédé Soledar, une cité voisine de Bakhmout, deux semaines après l'annonce de sa prise par Moscou.

Dans un autre registre, l'Ukraine a parlé de "victoire diplomatique" après que le centre historique d'Odessa, ville portuaire ukrainienne des bords de la Mer Noire, a été inscrit mercredi sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'Unesco en raison des "menaces de destruction" planant sur ce site depuis le début de l'invasion russe. C'est une décision "politique" prise "à la va-vite", a critiqué de son côté le ministère russe des Affaires étrangères.

En liaison avec le conflit en Ukraine, décision a par ailleurs été prise de ne pas inviter de représentants de la Russie aux célébrations du 78e anniversaire de la libération, par l'Armée Rouge, du camp de la mort nazi d'Auschwitz-Birkenau, a annoncé le musée du site.